PQ, le calme avant la tempête

PQ - gouvernance nationale<br>Conseil national 14-15 et 16 mars


«Je suis au PQ depuis 1971, et c’est la première fois qu’on ne se chicane pas sur les virgules.» Gilles Émond a milité au Parti québécois au Saguenay et à Montréal avant de s’installer à Québec, où il assume maintenant la présidence de la circonscription de Louis-Hébert. Il sort tout juste de la première étape de consultation lancée en octobre par Pauline Marois, en vue de la préparation de la plateforme électorale du Parti qui doit être adoptée au conseil national des 15 et 16 mars. Contrairement à la région de l’Outaouais, par exemple, qui n’a pas encore complété cet exercice, les 11 circonscriptions de la région de Québec ont terminé leur travail et soumis leurs propositions aux instances régionales. Dans l’ensemble du Québec, 60 % des circonscriptions ont terminé cet exercice. Sans vouloir parler pour les autres, le président de Louis-Hébert estime que le Parti parviendra, cette fois, à éviter la chicane sur l’échéancier référendaire. «Sur la souveraineté, les gens sont prêts à marcher au rythme du monde et pas 100 kilomètres en avant. Les élections de 2003 et 2007 ont donné une bonne leçon à tout le monde. C’est clair qu’on ne se liera plus les mains avec un échéancier.»


Mais les pire adversaires des leaders souverainistes, ce sont les souverainistes eux-mêmes. Si la préparation de la plateforme électorale s’est faite dans la discrétion jusqu’à maintenant, cela ne veut pas dire que l’atterrissage se fera en douceur au conseil national. Lucien Bouchard a souvent raconté, en privé, l’agitation des orthodoxes qui s’accaparent les pages d’opinion des journaux à la veille des conseils nationaux du PQ. «Ils sont à peu près 250, et je pourrais presque vous donner leur adresse sur le Plateau Mont-Royal», a lancé M. Bouchard dans une rencontre d’amis, peu après avoir quitté le PQ. Pauline Marois n’y échappera pas : les bonzes souverainistes ont déjà commencé à s’activer.
«Dès que le PQ monte de deux points dans des sondages qui ne veulent rien dire, on sent que la tentation de ne pas bouger reprend le dessus», opinait l’ancien ministre Joseph Facal au début de la semaine.
Gérald Larose et Denis Monière ont également repris la plume sur la question référendaire. [Monière accuse Pauline Marois->10937] d’avoir remis l’objectif souverainiste sous le tapis et accepté «de construire l’identité nationale dans le cadre canadien». Il demande qu’une victoire avec 45 % des voix impliquerait que le PQ enclenche immédiatement le processus référendaire. [Gérald Larose s’objecte->11089] : au lieu de perdre son temps avec le «référendisme», un gouvernement péquiste devrait assurer une «gouvernance souverainiste», c’est à dire poser des gestes «porteurs de changements structuraux conduisant à la souveraineté». M. Larose compare ces gestes aux grandes politiques qui ont permis de bâtir l’économie du Québec et d’assurer la survie du français.
Le dénominateur commun des discours souverainistes est la crainte de réélire un gouvernement péquiste qui se contenterait de gouverner une province. «Rien n’est plus dommageable pour la souveraineté que des souverainistes obligés de gouverner, mais impuissants. On se lasse étonnamment vite de rouler en limousine quand on n’a nulle part où aller», raconte Joseph Facal.
Dans un texte-choc intitulé Combattre l’insignifiance, l’ancien député de l’Assomption Jean-Claude Saint-André lance sa propre consultation et une mise en garde : «Soit nous réussirons à imposer nos idées au PQ, soit nous réussirons à faire émerger une nouvelle force politique qui fera l’indépendance.» Selon lui, un gouvernement péquiste devrait, «aussitôt élu, légiférer pour enclencher le processus menant à la pleine et entière souveraineté». Saint-André vient d’être élu à la présidence de l’association péquiste de l’Assomption. Comptez sur lui pour brasser la cage au conseil national...
La redéfinition de la social-démocratie s’avère tout aussi ardue : faut-il introduire une tarification sur certains services en santé? Devrait-on soutenir les parents qui restent à la maison avec les enfants? Comment s’assurer que tous les Québécois, y compris les immigrants, maîtrisent l’anglais? Comment tirer un meilleur parti de nos ressources naturelles? Le cahier d’animation remis aux militants pose une foule de questions qui pourraient alimenter les débats pendant des semaines.
«J’aimerais que vous soyez souples sur les moyens et fermes sur nos valeurs. Nous croyons dans la social-démocratie, mais nous devons savoir nous adapter», écrit Pauline Marois, dans sa lettre de présentation aux membres. La lune de miel de Mme Marois tire à sa fin : les péquistes seront moins discrets lorsque les caméras fixeront leur objectif sur les microphones au conseil national. Ils seront fermes sur leurs valeurs, mais ils ne seront pas tous souples sur les moyens...
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