Un simulacre de consultation

Rabaska




Il fallait entendre les commentaires sur Rabaska, hier en commission parlementaire, pour constater une fois de plus à quel point ce projet bouleverse des vies. «On vous a écrit, puis on n’a pas eu de nouvelles», a lancé à Nathalie Normandeau une dame de Beaumont, Pierrette Bélanger, dont la résidence est située à moins d’un
kilomètre du projet de terminal. «Les 133 familles concernées, nous n’avons pas à sacrifier notre patrimoine et notre qualité de vie à des intérêts privés», a-t-elle ajouté, au bord des larmes, en demandant pourquoi on permet à des entreprises multinationales de faire moins que le gouvernement lorsqu’elles «dérobent la qualité de vie pour leurs propres intérêts pécuniaires». Il aurait fallu avoir un cœur de pierre pour rester insensible à un tel appel à l’aide.
Le plus surprenant, dans ce dossier, c’est qu’il n’y a pas de place pour deux terminaux méthaniers au Québec, si on se fie à la présidente de Gaz Métro, Sophie Brochu. Car, à moins d’investissements considérables, le réseau de pipeline qui relie l’Ouest canadien jusqu’à Saint-Augustin et Saint-Nicolas, sur la rive sud du Saint-Laurent, ne serait pas en mesure d’accueillir les livraisons de deux ports méthaniers.
Mais s’il n’y a de la place que pour un seul terminal, pourquoi ne pas privilégier Gros-Cacouna, qui fait consensus? Au gouvernement Charest, on vous dira qu’il s’agit de projets privés et qu’il n’appartient pas au gouvernement de choisir. On vous dira aussi qu’il vaut mieux avoir deux projets qu’un seul, afin d’accroître nos chances de signer un contrat d’approvisionnement en gaz naturel avec les Russes. Les experts trouvent l’argument un peu court.
En réalité, c’est un acte de foi qu’on nous a demandé de faire en autorisant deux projets de terminaux méthaniers sous prétexte que la sécurité énergétique du Québec est en jeu. Si c’est vraiment une question d’intérêt public, pourquoi ne pas avoir exigé un projet de quatre réservoirs de gaz à Gros-Cacouna, comme au Nouveau-Brunswick, au lieu de diviser nos efforts en deux projets de deux réservoirs chacun?
Les actes de foi, dans le monde de l’énergie, ça ressemble davantage à l’achat d’un billet de loterie qu’à une décision fondée sur des données fiables. Les erreurs ont été trop nombreuses. Ainsi, après avoir plaidé passionnément la cause de l’électricité produite à partir du gaz naturel dans le cas du Suroît, Hydro-Québec s’apprête à débourser des dizaines de millions de dollars pour se libérer de son contrat d’achat d’électricité à la centrale électrique au gaz de TCL à Bécancour. Les coûts de production sont trop élevés.
Vous vous souvenez de la croisade d’Hydro-Québec dans le temps du Suroît? Il y allait de la sécurité énergétique du Québec et de la protection de l’environnement! Or, quel argument la société utilise-t-elle aujourd’hui pour stopper l’achat d’élecricité produite au gaz à Bécancour? L’économie et la protection de l’environnement : «La justification économique de la suspension des livraisons ne tient pas compte de bénéfices environnementaux pouvant être associés à la réduction des gaz à effet de serre en l’absence de production d’électricité à la centrale», stipule Hydro-Québec. Bref, on utilise la protection de l’environnement à toutes les sauces, quand ça fait notre affaire.
La réalité, c’est que les prévisions de l’offre et de la demande en matière d’énergie sont moins fiables que les prévisions de la météo.
Les libéraux et l’ADQ travaillent main dans la main dans le cas de Rabaska, ce qui a fait dire à certains participants à la commission parlementaire d’hier que cette étape n’était qu’un simulacre de consultation. Ils n’avaient pas tort.
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