Poursuite contre Benhabib: l'École musulmane de Montréal déboutée

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C'est Radio-Canada qui va être déçue de cette décision !

L'École musulmane, qui poursuivait Djemila Benhabib en diffamation, a perdu sa cause en Cour supérieure.
Dans un jugement étoffé de 43 pages rendu mardi, la juge Carole Hallée conclut que Mme Benhabib a donné son opinion sur une question controversée, sans qu'il y ait diffamation.
La poursuite avait trait à une entrevue que Mme Benhabib, chroniqueuse, écrivaine, conférencière, blogueuse et militante féministe, avait accordée à l'animateur Benoit Dutrizac, sur les ondes du 98,5, le 8 février 2012. Elle avait critiqué l'enseignement islamique dispensé à L'École musulmane de Montréal. On y enseigne les sourates, ce qu'elle trouve inapproprié pour les jeunes enfants, parce qu'il s'agit de propos «violents, sexuellement explicites et discriminatoires.»
Par ailleurs, les étudiantes sont voilées et les filles sont séparées des garçons pour certaines activités. Elle estimait qu'on y enseignait des valeurs loin de celles de la société québécoise. Elle avait entre autres comparé cela à un «endoctrinement digne d'un camp militaire en Afghanistan ou au Pakistan.» Elle avait tenu d'autres propos qui ont choqué l'École musulmane.
Dans la foulée, l'École musulmane a décidé de poursuivre Mme Benhabib. C'est Me Julius Gray, plus connu comme défenseur de la liberté d'expression, qui a piloté ce recours, que Mme Benhabib a interprété comme une poursuite bâillon. Le procès s'est tenu en septembre dernier.
Mme Benhabib a décrit son parcours et exprimé son point de vue. Ahmed Khebir, le représentant de l'école, disait pour sa part avoir été horrifié et humilié par les propos. Il soutenait que les parents et élèves en avaient souffert, et que les inscriptions avaient baissé par la suite. La juge a conclu que la preuve ne soutenait pas leurs propos et qu'il n'y avait pas eu atteinte à la réputation de l'école.
«Une personne raisonnable ne conclurait pas que les propos tenus en ondes par Djemila Benhabib sont diffamatoires.Cette personne comprendrait qu'elle y exprimait de bonne foi son opinion honnête et sa croyance sincère, qu'elle est libre de partager ou non», note la juge Hallée, dan ssa décision.
«Il est manifeste que Djemila Benhabib n'a pas agi de manière intentionnelle au sens de la loi, de poursuivre la juge. Elle n'a fait qu'accepter une invitation de participer à une tribune radiophonique, comme elle a l'habitude de le faire afin de discuter et de débattre sur des sujets auxquels elle dédie sa vie professionnelle.»
Mme Benhabib, qui se trouve en Europe présentement, est bien contente de la décision, a indiqué son avocat, Me Marc-André Nadon. «Elle a le sentiment que justice a été rendue. C'est un jugement important, qui fait avancer le droit à la liberté d'expression.»
Me Julius Gray n'était pas disponible dans l'immédiat pour commenter.
«Djemila Benhabib s'est attaquée aux choix pédagogiques, au dogme, mais ne s'en est pas paris aux enfants qui fréquentent l'EMM. Elle avait constaté sur le site internet de l'école, que les sourates étaient enseignées aux enfants de niveau primaire. Il en était de même pour le port du voile. Elle a exprimé son opinion.»
- Extrait du jugement

«Le port du voile et la mémorisation coranique au niveau de l'enseignement du primaire sont assurément des sujets d'intérêt public qui justifient une liberté d'expression. Il s'agit de sujets qui soulèvent un débat dans notre société et il faut permettre à chacun de s'exprimer le plus librement possible sur ces questions.»
- Extrait du jugement


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