États généraux du mouvement souverainiste:

Pourrons-nous éviter la magouille ?

S'il n'y a pas transparence absolue c'est que les dés sont pipés

États généraux sur la souveraineté

J’ai œuvré en relations du travail une bonne partie de ma vie active durant.
Ce qui a marqué mes toutes premières années, au sein d'organisations syndicales professionnelles, fut de découvrir la facilité avec laquelle il était possible de mettre sur pied des structures qui n’étaient, à bien y regarder, que de simples noms de commerce, des façades, des coquilles vides permettant leurs chefs autoproclamés, de jouir d’un statut organisationnel dans « le milieu ». Du moins, jusqu’au verdict de l’accréditation (au sens du Code du travail).
C’était l’époque du petit business sans membership digne du nom, mais qui réussissait malgré tout à constituer des « cartels » quasi fictifs pour grignoter des cotisations syndicales au dépends des « grandes centrales ».
Dans le monde politique, (sous réserve des partis soumis à la Loi électorale et dont la véritable représentativité s’établit lors d’un scrutin général où dans les intentions de vote), les groupes, les organisations et les superstructures d’icelles peuvent fleurir et bénéficier d’une certaine influence – le plus souvent sans avoir à démonter au nom de qui vraiment elles parlent.
Outre une présence FaceBook, il leur suffit d’avoir un nom connu, accrocheur ou mythique, de faire imprimer quelques affiches et une bannière, puis de les mettre en évidence lors de manifestations, de colloques ou de happenings organisés par d’autres organisations politiques plus représentatives. Bref, d’occuper ostensiblement le parvis ou les premières rangées des bancs d’église lors des grandes messes célébrées … par d’autres personnalités ou groupes mieux organisées.
Ces coquilles vides - grâce au processus parasitaire dans lequel elles inscrivent leur développement - comportent beaucoup d’avantages pour leurs chefs dont celui de disposer d’un statut qui outrepasse en influence et en visibilité la seule frontière de leur nom de commerce.
Ces « personnalités », ces « chefs » s’invitent aux festins des autres mais n’en organisent jamais eux-mêmes . Ils se mettent en évidence, ils paradent sur la tribune des autres et y prennent parfois la parole mais en réalité, ils prêcheraient dans le désert de leur solitude organisationnelle s’ils avaient à le faire dans leur propre chapelle.
La représentativité se révèle dans les résultats de l’action.
Le RRQ, pour ne prendre que cet exemple car il y en a d’autres, n’est d’évidence pas une coquille vide. C’est une petite organisation, certes, mais de vive intelligence, particulièrement bien structurée, présente dans plusieurs régions du Québec et qui depuis ses tous débuts n'a essentiellement compté que sur ses propres forces et son action politique concrète pour se développer.
Le RRQ est l’exemple antithétique de l’organisation parasitaire. Sa représentativité se révèle dans l’action. Sa ligne politique est claire et cohérente. Cette organisation ne fait bien sûr pas l’affaire des élites autoproclamées ou élues qui la démonisent ou s'en éloignent comme de la peste, mais quoi que l’on puisse en penser, on a au moins deux certitudes à son sujet: (1) elle dispose d’un réel membership et (2) aucun de ses dirigeants n’aspire à une fonction ministérielle ou étatique.
À nouveau, ce n’est qu’un exemple.
Tout ceci m’amène aux questions suivantes quant aux États généraux du mouvement souverainiste:
- quelles organisations seront chargées et par qui d’évaluer la pertinence de les organiser;
- quelle est la véritable représentativité des organisations et des « personnalités » qui seront appointées; quelle est leur ligne politique ou leur plateforme;
- quels sont ceux qui décideront vraiment le la démarche; de quel parti politique sont-ils membres ou pour quel parti ont-elles déjà travaillé;
- ces personnalités espèrent-elle ou non bénéficier personnellement du résultat de la démarche;
- quelle place sera réservée aux citoyens dans cette démarche, si ce terme peut avoir un sens dans les circonstances.
Il y a sans doute d'autres questions à poser, je vous remercie de les formuler.
Chose certaine, s'il n'y a pas transparence absolue dans le processus envisagé, c'est que les dés sont pipés.
Jean-Pierre Bélisle, ll.m.


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13 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 septembre 2011

    Volà un bon début.
    http://www.vigile.net/Geopolitique-et-avenir-du-Quebec
    J'ai commencé à m'ouvrir à vos idées il y 4 ou 5 ans à peine. Maintenant, je vais m'y mettre sérieusement.

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    1 septembre 2011

    Monsieur Sauvé,
    Vous jouez de la flute pour charmer le serpent et faire habilement diversion avec de la méta-philosophie. C'est l'art de la manœuvre 101 et vous en êtes un excellent professeur.
    C'est simple : Pauline Marois a chargé Gérald Larose d'organiser des États généraux, c'est à dire de constituer autour de lui un état-major pour le conseiller et l'assister dans l'élaboration et la transmission des "ordres". Alors je pointe du doigt le processus de sélection de ses agents et je demande la transparence pour parer la magouille. "Aussi simple que cela".
    Vous écriviez récemment que "Les mots ne veulent rien dire ou presque" dans votre discipline. Pourtant, vous faites aujourd'hui votre plat avec un seul adjectif de mon texte pour éviter l'essentiel.

    Vous appelez cela de la "littérature". Mais je sais que vous savez mieux que moi qu'une plume acérée vaut souvent le fusil et c'est d'ailleurs pourquoi toutes les armées du monde attribuent des prix de littérature.
    Salutations,
    JPB

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2011


    Ce à quoi je veux en venir, c'est que nous voulons faire
    l'indépendance alors que nous ne sommes reconnus ni
    comme peuple, ni comme Nation ni comme État.
    C'est fondamental. Le droit des peuples à disposer d'eux-
    mêmes n'a aucune valeur si nous ne sommes reconnus comme
    peuple en premier lieu. Cette reconnaissance a lentement
    débuté depuis 1960 seulement alors que Jean Lesage était
    au pouvoir à Québec.
    Avant, nous étions des Canadiens français, définis un peu
    partout comme " a deracine French community", une
    communauté française déracinée, c'est-à-dire sans
    territoire et par conséquent sans statut.
    Je suis probablement le premier a avoir la fait la preuve
    concrète du contraire avec mon travail titré Géopolitique
    et avenir du Québec. J'ai écrit ce livre avec des
    recherches entreprises dans les documents officiels du
    Canada anglais, jusqu'à Durham, qui nous reconnaît
    peuple et nation, ce qui veut dire société territoriale.
    On était pas content du tout que je l'aie trouvé à
    Toronto mais maintenant, chaque Québécois et Québécoise
    concerné doit savoir pourquoi nous sommes concrètement
    un peuple et une nation, autrement le reste est futile.
    inutile et ne peut nous attirer que des ennuis.
    Il faut aussi prouver que nous avons les assises d'un
    État.
    Un État est une société architectonique. Allez-y pour
    tenter une explication avec de la littérature et des
    grands idéaux. Cette définition est aristotélicienne
    et terre à terre, tout le contraire d'une définition
    cartésienne fondée sur les idées et les idéaux pour
    les idées et les idéaux. Pour gagner dans les
    relations internationales, il faut avoir les pieds
    durs par terre mais au Québec, trop cartésien, on
    préfère les idées claires, qu'elles correspondent
    aux statuts recherchés ou non.
    C'est la confrontation de deux philosophies de la
    vie qui nous bloque et seul le réalisme dur peut
    l'emporter. Mais nous n'en sommes pas arrivés à
    ce point. D'oû nos perpétuelles querelles
    byzantines.
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2011

    Le dialogue entre Jean-Pierre Bélisle et René Marcel Sauvé me semble délicat à commenter parce que pas assez clair sur les intentions de chacun. Je dirais qu’il est légitime à m. Bélisle de s’interroger sur le niveau d’objectivité et d’impartialité de cet éventuel projet d’États Généraux. D’autre part, m. Sauvé soulève un point essentiel que trop souvent le PQ a ostracisé par manque de courage ou par simple opportunisme électoral : celui de la position géopolitique du Québec et du rapport de force que nous possédons par rapport au Canada, au É._U et au reste du monde. Il y a de ces réalités incontournables que nous pourrons regarder en face que si nous sommes libres et indépendants dans notre tête et dans notre cœur. Si nous refusons d’en parler nous ferons comme les dirigeants du PQ ont fait. Nous nous avachirons sur la question de l’Indépendance et nous finirons par nous transformer en bedeaux, sacristains et pleutres de la ″chouveraineté″. Nous sommes puissants et il commencerait à être temps que nous en mesurions l’ampleur.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2011


    Vous êtes un très grand littéraire monsieur Bélisle.
    Vous n'êtes pas un homme d'action, sinon vous vous
    méfierez des mots et des pièges qui les sous-tendent.
    La guerre, je ne l'ai pas inventée. Le métier des armes,
    que jai vécu presque 30 ans, je ne l'ai pas inventé non
    plus. J'ai connu des gens autrement plus brillants que
    je le ne serai jamais et qui n'ont pu faire face à la
    Réalité
    dans ce qu'elle comporte de radical et d'inattendu et
    qu'aucune littérature ni cinéma ne
    peut rendre. Les "imparfaits" comme moi par contre
    trouvaient moyen de se débrouiller de réduire les
    dommages.
    De même la politique qui est affaire d'intérêts, de
    rapports de forces et d'effectivité et que vous
    persistez à voir à travers vos grands et nobles
    concepts littéraires.
    Salutations

    JRMS

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    30 août 2011

    Monsieur Sauvé, je préfère viser la transparence absolue, sans tentation de la capturer, que de conclure trop tardivement à l'opacité intégrale.
    Sun Tzu dit que « La guerre c'est le mensonge ». Alors, si vous nous voyez en guerre, à quoi bon organiser les États généraux de "la famille" ?.
    Comment donc l'exigence de transparence et d'intégrité peut-elle être qualifiée de "ver qui tuera le projet"?
    JPB

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2011

    "Dans le monde politique, (sous réserve des partis soumis à la Loi électorale et dont la véritable représentativité s’établit lors d’un scrutin général où dans les intentions de vote), les groupes, les organisations et les superstructures d’icelles peuvent fleurir et bénéficier d’une certaine influence – le plus souvent sans avoir à démontrer au nom de qui vraiment elles parlent."
    Combien de ces organisations,sous le label de « souveraineté ». sont-elles au service du PQ ? ...quand elles n'ont pas été créées ou financées par lui.
    Michel Rolland

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2011


    Monsieur Béliste,

    La "transparence absolue" n'existe pas. En toutes
    circonstance,on fait ce qu'on peut. Si NOUS, QUÉBÉCOIS,
    avons non seulement survécu mais progressé au point de
    devenir un peuple qui n'est toujours pas reconnu, une
    nation, toujours pas reconnue et un État à reconnaître,
    c'est parce qu'un ensemble de conditions favorables qui
    n'avaient rien de clair ni d'absolu se sont présentées
    avec la géographie et l'histoire du Saint Laurent et
    du Québec, avec l'histoire de l'Amérique Britannique
    du nord et des États Unis confrontés à l'Angleterre
    jusqu'en 1940.
    Nos intransigeances et nos absolutismes n'y sont
    pour rien dans l'histoire de notre survivance et
    nos progressions qui ne relèvent d'aucune logique
    discursive.
    Rien n'est parfait ni absolu en ce bas monde. Si
    Madame Marois demande des Étatse généraux, il faut
    en profiter et non trouver le ver qui tuera le
    projet en partant. En profiter veut dire s'impliquer
    et chercher à transformer les mentalités qui feront
    la différence entre agir et subir.

    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2011

    Je serais parfaitement en accord avec la nomination de Gilbert Paquette à titre de président des États Généraux sur l'INDÉPENDANCE du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2011

    Pour garantir une crédibilité sans tache et surtout sans risque de dérapage (pensons aux dernières élections fédérales où monsieur Larose, par des déclarations à l'emporte-pièce, fut loin d'avoir donné le coup de pouce attendu par ses amis du Bloc, je crois donc que la direction des travaux de ces futurs états généraux, pour ces raisons, devraient être confié à nul autre que Gilbert Paquette.
    Gilbert Paquette fait figure d'un indépendantiste d'une très grande droiture et d'un discours tout autant logique que posé.
    Que celles et ceux qui le pensent également le signalent ici et je songe même à créer une page Facebook en ce sens.
    De Soulanges,
    Normand Perry.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 août 2011

    Puisque je ne souhaite pas me répéter, vous trouverez mes suggestions ici : http://www.vigile.net/Les-Etats-Generaux-de-la
    Merci de votre attention

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    29 août 2011

    Voici ce que j'écrivais, samedi 14 avril 2007, dans l'article Pour la convergence pragmatique des souverainistes québécois :
    Ceci est bien entendu une approche très importante à être réalisée le plus tôt possible par une “Convention des États généraux” de toutes les forces pragmatiques souverainistes, en ce moment de propositions de changement confrontées émanant des membres du PQ.
    JLP
    __________________
    Pour plus d'information, consulter:
    http://www.vigile.net/Pour-la-convergence-pragmatique

  • Henri Marineau Répondre

    29 août 2011

    Et j'ajouterais une autre question:
    Pourquoi convoquer des États généraux sur l'indépendance puisque, selon les dernières déclarations de Pauline Marois, le "débat est clos" quant à ses intentions de maintenir le cap sur sa gouvernance souverainiste?