États généraux sur la souveraineté

Le retour des vieilles habitudes

États généraux sur la souveraineté


Le long fleuve du péquisme post-1995 a repris son cours tranquille : faire
le moins de vagues possible, surfer doucement sur quelques morceaux
d'opportunisme choisis, et sortir discrètement, çà et là mais pas trop
souvent, le hochet du souverainisme de convenance, pour occuper des
militants qu'on s'efforce de garder en mode résignation-occupation.
Une telle politique peut mener au demi-pouvoir provincial tant convoité,
pourvu qu'on tâche d'étouffer du mieux qu'on peut l'enthousiasme politique,
d'où qu'il vienne. C'est la politique éteignoir, celle du jeu d'alternance
satisfaite entre les deux familles partisanes traditionnelles.
À propos de l'indépendance du Québec, le message du PQ est criant
d'évidence : ce n'est pas à l'ordre du jour. Tout le confirme. Aucun
discours, aucun engagement, aucune préparation sérieuse connue. L'élite
péquiste, en faisant la distinction entre sa posture attentiste et la
dissidence de ceux qu'elle qualifie de " pressés ", se constitue en
adversaire, et en critique d'un souverainisme commis concrètement à
l'indépendance nationale. En clair, le PQ participe à forger une pensée
anti-indépendantiste. L'indépendance, c'est une lubie, une obsession de
radicaux impatients qui oublient les " vraies affaires ".
Les quarante à cinquante pourcent de Québécois dont les sondeurs disent,
bon an mal an, qu'ils sont favorablement disposés à l'idée d'un Québec
souverain, le PQ préfère les voir comme des nationalistes provinciaux,
rejoignant en cela la vision passéiste du chroniqueur Mathieu Bock-Côté,
qui voudrait nous faire croire que le nationalisme mène à l'indépendance,
ce que contredit rigoureusement l'histoire du Québec.
Bock-Côté préconise le nationalisme des années cinquante, et répète à qui
veut l'entendre que l'indépendance est absolument hors d'atteinte, ce en
quoi on a l'impression qu'il se fait le relais non-officiellement-partisan
d'une pensée péquiste qui n'ose pas se dire tout haut.
Bock-Côté pense aussi que l'indépendantisme a été piégé par trop de "
progressisme ". Or, il se trouve que, par on ne sait quel réflexe plus ou
moins conscient, le PQ, plus que jamais, confie exclusivement ses gadgets
souverainisto-dilatoires à des syndicalistes, des universitaires et des
artistes politiquement identifiés depuis fort longtemps. La manoeuvre est
énorme. On tiendrait à faire en sorte que l'indépendance ne soit qu'un
à-côté pour inconditionnels endurcis, qu'on n'agirait pas autrement.
Autrement dit, non seulement le PQ accède-t-il aux prémisses du repli
nationaliste provincial, mais en plus, il s'applique à en construire la
nécessité.
Sans blague, soyons sérieux deux secondes : après quasiment vingt ans
d'immobilisme, vous voulez entreprendre une démarche indépendantiste
mobilisatrice, et vous refilez ça à Gérald Larose ?
M. Larose, mon ami Paul Piché et les autres, comprendront, j'espère, que je
ne m'en prends pas à leur personne en disant cela. Seulement, tout le monde
voit bien que le PQ confie en sous-main l'idée indépendantiste, il s'en
débarrasse carrément, à des gens hyper-catégorisés dans une seule et même
mouvance, et qui, seuls de leur côté pendant que la maison-mère fait de la
politique provinciale à la petite semaine, n'ont pas les moyens de faire
bouger les lignes.
Qu'Emmanuel Bilodeau et Claudette Carbonneau consentent à se taper des
milliers de pages d'études anciennes pour éventuellement donner leurs
impressions là-dessus en comité, à tout prendre, c'est juste un peu
bizarre.
Mais dans le cas des pompeusement nommés États Généraux de l'indépendance,
c'est moins drôle. Voici des souverainistes qui discuteront entre
souverainistes pour identifier les raisons de la souveraineté -- sans
blague ! --, en choisissant l'angle, nous a-t-on dit, de ce que le Canada a
de plus " provocant " -- soupir... --, puis qui " rencontreront " les
Québécois, puis qui feront un rapport, toujours entre souverainistes, pour
nous dire, on s'en doute, qu'il faudrait que le Québec soit souverain.
C'est exactement le genre de patente pas subtile dite " souverainiste "
qui exaspère souverainement les Québécois. Nous allons professer au bon
peuple la capacité de se rendre compte qu'il se fait avoir, lui qui est
trop tata pour s'en apercevoir. Et ce, bien sûr, pendant que le Parti
québécois parle de tout sauf d'un engagement indépendantiste concret, et
nous abreuve sporadiquement, en vase clos, de lyrisme mou et soporifique
sur le " pays ". Que de simagrées contre-productives.
J'ai même lu sur Facebook qu'on faisait des activités de financement pour
les États Généraux de l'indépendance; C'est à hurler d'horreur. En plus de
nous faire perdre notre temps, on veut maintenant qu'on engloutisse notre
argent dans notre propre ringardisation ? Ma foi, ce n'est plus de
l'erreur, de la manoeuvre ou du compensatoire occupationnel. Là, on
s'approche franchement de l'arnaque pure et simple !
Entre-temps, Bernard Landry nous invite à appuyer le Parti québécois. Je
réponds à M. Landry, indépendantiste que je respecte, et que je rencontre
occasionnellement avec grand plaisir, que son appel ne me rejoint pas.
Cependant, je l'assure que si l'occasion m'était présentée où ce parti, qui
sait, peut-être par inadvertance, était en mesure immédiate de réaliser
l'indépendance, il pourrait alors compter sur moi. Mais pour l'heure, je
n'ai pas envie de voir l'indépendance remise aux calendes grecques par
l'embourbement dans l'intendance provinciale indéfinie. Et puis, la haine
anti-libérale et l'espoir d'un gouvernement de province un-peu-moins-pire
-- ou même bien meilleur -- ne constituent pas, pour moi, une bonne raison
de laisser de côté l'objectif indépendantiste.
Nic Payne
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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6 commentaires

  • Stéphane Sauvé Répondre

    25 avril 2012

    Et vlan, dans les dents!
    C’est exactement le genre de patente pas subtile dite " souverainiste " qui exaspère souverainement les Québécois. Nous allons professer au bon peuple la capacité de se rendre compte qu’il se fait avoir, lui qui est trop tata pour s’en apercevoir. Et ce, bien sûr, pendant que le Parti québécois parle de tout sauf d’un engagement indépendantiste concret, et nous abreuve sporadiquement, en vase clos, de lyrisme mou et soporifique sur le " pays ". Que de simagrées contre-productives.
    Rien à rajouter.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 avril 2012

    Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.
    Article 35 de la première Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
    Je n'encouage pas la violence mais je la comprends et ne la condamne pas!
    Lorsque j'ai entendu Jean Charest en direct du Palais des Congrès de Montréal, j'ai eu un moment la nausée.
    La violence des jeunes dans la rue, est la réponse à la violence d'un gouvernement corrompu et mafieux, un gouvernement usé jusqu'à la corde et qui s'accroche au pouvoir.
    Ce gouvernement qui brade le bien commun avec le Plan Nord.Ce gouvernement qui est de collusion avec les schisteuses pollueuses de l'Alberta et des USA. Ce gouvernement qui est infiltré par la pègre calabraise. Ce gouvernement qui tient uniquement par un fil, celui de la minorité rhodésienne anlosaxonne et francophobe de l'île de Montréal.
    Non le mot RÉVOLUTION ne me fait plus peur! Qui sème le vent, récolte la tempête!

  • Archives de Vigile Répondre

    25 avril 2012

    Bravo M.Payne,c'est franchement bien dit.

  • Pierre Schneider Répondre

    21 mars 2012

    C'est tellement évident : Le PQ parle maintenant du bout des lèvres d'Indépendance (oh quel mot qui choque les agenouillés et prosternés) pour tenter d'apaiser la grogne des indépendantistes radicaux qui ne décolèrent pas devant la trahison des nouveaux clercs de la souvewaineté rose bonbon au chocolat...
    Il faut revenir aux sources: celles du désir d'une véritable révolution nationale de toutes nos institutions.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2012

    Monsieur Payne
    Jamais l'indépendance ne se réalisera au Québec avec le PQ. Seule une révolution dans la rue, par le peuple québécois, peut nous sortir de ce fédéralisme aliénant et assimilateur; il n'y a aucun autre choix possible. Les réformettes du PQ, avec sa gouvernance souverainiste, vont nous mener carrément dans un autre statu quo sans issue comme celui que nous vivons présentement. Cessons de nous nourrir intellectuellement de mots, de grandes pensées et d'illusions fantasmagoriques; c'est de l'action que ça prend au Québec et le meilleur endroit où ça doit se passer, c'est dans la rue avec une révolution et ça presse!!!
    André Gignac 20/3/12

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2012

    Ne vous faite pas trop de mouron, M. Payne. Selon moi, le scénario d’une prise de pouvoir par le PQ à la prochaine élection ne se réalisera pas. Le Québec ne vit plus en démocratie. Le peuple l’a perdu, vous le savez. Les médias contrôlés par l’Oligarchie laissent danser cette formation politique jusqu’au moment stratégique où ces médias corrompus manœuvreront adroitement pour faire renaitre la CAQ. La désinformation sera massive ! Au fond, c’est peut-être le scénario le mois pire. Car avons-nous le goût de voire un gouvernement provincial exposé encore d’avantage pendant quatre à cinq longues années son impuissance face au quémandage éhonté auquel se livrera le PQ ? Moi, j’en ai la nausée juste à y penser.