Biotechnologies

Pour une alliance avec l'Ontario

Québec-Ontario


Mercure, Philippe - Le Québec s'est fait doubler par l'Ontario sur le terrain des biotechnologies. Mais il doit maintenant tendre la main à la province voisine... et aller se battre avec elle sur la scène internationale.
C'est le message qu'a lancé hier le président du conseil d'administration de Bioquébec, Patrick Montpetit, lors d'un discours prononcé à l'invitation de la chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Jadis leader de l'industrie canadienne, le Québec joue les seconds violons depuis quelques années. Les derniers chiffres d'Ernst&Young confirment que l'Ontario dépasse le Québec au chapitre du nombre d'entreprises (98 contre 87), et le bât blesse encore plus lorsqu'on examine la situation en Bourse.
Si les deux provinces comptent pratiquement le même nombre de sociétés à capital ouvert (26 en Ontario contre 24 au Québec), la capitalisation totale des ontariennes est près du double de celle des québécoises (5,35 milliards US contre 2,66 milliards US).
"Oui, on a perdu notre avance, mais je dirais que c'était presque bienvenu parce que ça a forcé tout le monde à réfléchir davantage, dit M. Montpetit. Ce n'est pas trop grave parce qu'on reste toujours dans le top 5 (en Amérique du Nord), mais il ne faut pas aller plus bas."
Ironiquement, le salut du Québec pourrait justement passer par son voisin. M. Montpetit note qu'en additionnant toutes les entreprises de biotechnologies disséminées entre Québec et Toronto, on arrive à un chiffre qui dépasse celui de Boston. En fait, seule la Californie parviendrait à se hisser au-dessus d'une telle alliance Québec-Ontario. Selon lui, c'est justement cette deuxième place en Amérique du Nord qu'il faut aller vendre à l'international.
"Il faut aller se mettre sur le radar, dit M. Montpetit. Quand le conseil d'administration de Merck se réunit pour faire un projet d'investissement, il faut rentrer dans la tête de ces gars-là qu'il y a quelque chose à faire ici." Car pour l'instant, ce n'est pas le cas. M. Montpetit donne l'exemple de Bristol-Myers-Squibb, qui a fermé son laboratoire de Candiac l'an dernier. Lui-même est allé rencontrer les dirigeants pour leur poser une question: si vous aviez à ouvrir une nouvelle usine, où iriez-vous?
"Ils m'ont dit qu'ils allaient magasiner en Asie, dans les pays en émergence. Le Québec et le Canada? On n'y pense même pas."
Bioquébec pointe le Danemark et la Suède, qui se présentent maintenant ensemble sur la scène internationale sous l'appellation "Medicon Valley" pour augmenter leur visibilité.
Mais le Québec ne risque-t-il pas gros en voulant établir un partenariat avec une province qui, selon l'aveu même de M. Montpetit, est un "concurrent naturel" ?
"On avait peur du libre-échange, mais qui a gagné là-dedans? Le Canada, répond-il. Moi je crois qu'on est des créatifs et des combatifs et qu'on va tirer notre épingle du jeu."
TOP 5 DES PÔLES BIOTECHNOLOGIQUES
En Amérique du Nord, selon le nombre d'entreprises
1 Californie
2 Massachusetts
3 Ontario
4 Québec
5 Caroline-du-Nord
Source: ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation du Québec.


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