La grosse province d’à côté est en crise

Québec-Ontario


L’Ontario, province pauvre? Impensable il y a quelques années, ce scénario est vraisemblablement en train de s’écrire, si bien que notre voisine risque de se retrouver du côté des bénéficiaires de la péréquation d’ici deux ans.

La grosse province d’à côté est en crise et les perspectives d’un ralentissement économique prolongé (euphémisme pour ne pas employer l’autre mot commençant par r) n’a rien de rassurant.
Il ne faut jamais se réjouir du malheur des autres, mais avouez que la situation est ironique à souhait, surtout vue du Québec, province «pauvre» aux yeux de la fédération canadienne et souvent méprisée pour cette raison par l’élite torontoise.
Encore récemment, le premier ministre libéral de l’Ontario, Dalton McGuinty, a fait la tournée des journaux du pays, chiffres et graphiques en main, pour dénoncer le fait que sa province versait à Ottawa 23 milliards de plus par année qu’elle n’en reçoit.
Sous-texte de l’argumentaire de M. McGuinty: en tant que province «pauvre», le Québec vit aux crochets de la puissante Ontario, la vache à lait de la fédération canadienne.
Pas étonnant que la possibilité de se retrouver avec les démunis n’enchante pas du tout les Ontariens. La honte! C’est comme si vous croisiez votre voisin riche, condescendant et hautain un samedi matin au comptoir de l’Armée du Salut…
À Québec, personne ne se réjouit des malheurs de nos voisins (après tout, si ça va mal en Ontario, c’est mauvais signe pour l’économie du pays en général), mais on y voit tout de même quelques aspects positifs, du moins au plan politique.
D’abord, Québec ne serait pas malheureux de ne plus être la seule grande province de l’est du pays dans le rang des nécessiteux. C’est humiliant de se faire rappeler constamment par son riche voisin que l’on est pauvre.
Depuis des années, Québec a la réputation auprès des provinces riches (et bien souvent auprès du gouvernement fédéral) d’être un quêteux qui en demande toujours plus. On accuse même le Québec de faire du chantage en brandissant la menace souverainiste pour tirer plus d’argent du fédéral.
L’arrivée de l’Ontario dans le camp des «pauvres» changerait le rapport entre Québec et Queen’s Park. Par conséquent, cela changerait aussi le rapport de force avec Ottawa. Ensemble, l’Ontario et le Québec forment un puissant bloc politique et économique qui représente autour de 60% de la population canadienne, 60% du PIB et, détail crucial, 60% des sièges à la Chambre des communes.
Ce ne serait donc plus le bébé gâté de la fédération qui fait du chantage à Ottawa, ce que l’on entend souvent à propos du Québec, mais bien le cœur du pays qui profite de la richesse des provinces productrices de pétrole. Cela ne pourrait être que bénéfique, estime-t-on à Québec, pour le fédéralisme.
«À Toronto, ils ont toujours eu du mal à comprendre le principe de la péréquation, explique un conseiller de Jean Charest. Pourtant, la péréquation est un élément central du fédéralisme. Ce n’est pas de la charité, c’est de la répartition de richesse et, en ce moment, la richesse est dans les provinces qui ont du pétrole.»
Malgré les nuages qui s’accumulent sur l’économie du centre du pays, Québec estime être en meilleure posture que l’Ontario pour s’en sortir. Le Québec est riche en énergie renouvelable, alors que l’Ontario n’a ni hydro-électricité ni pétrole.
Par ailleurs, 50% de l’économie ontarienne est liée, directement et indirectement, à l’industrie automobile. Quand on voit les problèmes des géants américains de l’auto (GM a annoncé une perte de 3,3 milliards pour le premier trimestre de 2008), il y a de quoi être inquiet en Ontario.
Le Québec, dont l’économie est plus diversifiée, s’en sort mieux grâce, notamment, à des secteurs costauds comme l’aéronautique et l’industrie pharmaceutique.
Pas assez, toutefois, pour quitter le club des «pauvres». Le visage politique du Canada est donc condamné à changer radicalement dans les prochaines années.
Dans trois ou quatre ans, l’Ontario siégera du côté des provinces pauvres au Conseil de la fédération, en face de l’Alberta, de la Saskatchewan et de Terre-Neuve.
Ouille! Ça, c’est dur pour l’ego…
Le dictateur... et la magouilleuse
Portée aux nues pour avoir eu le courage de dénoncer la «dictature» de Mario Dumont et le machisme de l’ADQ, la vice-présidente démissionnaire, Sylvie Tremblay, n’a pas toujours fait preuve, elle non plus, de la plus grande transparence.
Dans un courriel envoyé en octobre dernier à une jeune adéquiste, que Presse a obtenu, Mme Tremblay suggérait carrément de bousiller une rencontre de la Commission des jeunes pour faire sauter sa présidente.
«Et si jamais la présidente de la CDJ décide de démissionner à cause de l’échec du conseil, alors tu te présenteras à la présidence! écrivait Sylvie Tremblay à sa correspondante. Donc pousse pas trop pour vendre les billets, pour cette fois... mais laisse croire tout de même que tu fais ton possible, c’est que tu ne comprends pas pourquoi, mais personne ne veut venir. Tiens-moi au courant dès que tu sais si le conseil de la CDJ est cancellé (sic) ou pas. Et pour le moment on ne parle pas à personne de nos projets futurs.»
Jointe hier soir, Mme Tremblay reconnaît avoir écrit ce courriel.
Quant à sa jeune correspondante, elle a prestement mis fin à notre conversation téléphonique, affirmant ne plus militer à l’ADQ.
Sont bizarres, ces adéquistes.


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