Pour le Québec, Meech n'est surtout pas un échec

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!

Ainsi donc, un récent sondage montre que le Canada n'a pas la moindre intention de faire quelque aménagement significatif que ce soit dans le sens des aspirations du Québec -- d'ailleurs, en a-t-il seulement la capacité ? --, pendant qu'une bonne proportion de Québécois, pourtant, croit cela possible.
Peut-on s'en surprendre, quand, même le parti Québécois laisse entendre qu'il est en mesure de poser des "gestes de souveraineté" à l'intérieur du cadre provincial actuel, sans s'engager concrètement à réaliser l'indépendance ? Et quand il fait rimer "gouvernance souverainiste" et gouvernance provinciale indéfinie ?
Que je n'entende pas un péquiste dire que les Québécois sont mêlés, ou qu'ils ne savent pas ce qu'ils veulent...


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À l'occasion des vingt ans de l'Accord du Lac Meech, et de son échec, on ressasse cet épisode sur diverses tribunes.

Or, force est d'admettre que, à travers les conjectures des uns et des autres, prédomine jusqu'à maintenant une sorte de préjugé favorable à l'égard de cette défunte tentative d'entente. Est-ce le temps qui glorifie les choses, ou l'indice d'une certaine torpeur indépendantiste, induite ou appuyée en partie par le désengagement péquiste actuel ? Et/ou encore est-ce un ennième effet de la sous-représentation systématique du point de vue indépendantiste dans les médias ?

On nous parle beaucoup de cet événement comme d'une Grande Occasion manquée et, ce faisant, on sous-entend que l'accord en question aurait pu régler l'essentiel du contentieux Québec-Canada. Voilà qui revient à étirer l'élastique d'une hypothèse bien au-delà de ce qu'il peut raisonnablement soutenir.

Je plaide pour qu'on revienne sur terre, pour une appréciation plus pondérée, plus objective, de la valeur de cet accord, que d'aucuns ont qualifié, non sans un certain excès d'enthousiasme langagier, de tentative de renouvellement du fédéralisme.

Je postule que Meech -- dont on peut très bien penser qu'il n'avait dès le départ que peu de chances de se réaliser, l'opinion publique canadian ayant tout le temps d'y réagir négativement bien avant l'aboutissement du processus -- n'aurait pas changé grand chose, sur le fond et à moyen terme.

Tout simplement, parce qu'il n'existe pas de nanane constitutionnel, même un nanane de luxe, qui puisse compenser et justifier le fait qu'une nation comme la nôtre concède son essence et sa dignité, en abandonnant son identité pour se fondre dans celle d'un autre groupe, au gré d'une dynamique de domination perpétuelle, fut-elle agrémentée ça et là de petites récompenses à la soumission tranquille.

La " société distincte " ? Allons donc. De quel pays es-tu ? De la société distincte du Québec ! Nous aurions été socio-distinctivement-québécois-canadiens ? C'est à hurler.

Non, franchement, pour le Québec, Meech n'est surtout pas un échec. En fait, nous avons épargné du temps. Nous avons aussi évité je ne sais quelle cérémonie grotesque avec dorures, velours mauve et Gouverneure Générale, qui n'aurait que repoussé à un peu plus tard, peut-être, la prochaine fois qu'on nous remettrait à notre place.

En fait, les quelques ajustements constitutionnels proposés, qui, je le répète, ne sont probablement même pas passé près de se concrétiser, ne nous auraient éventuellement servi qu'à pleurer un peu plus souvent sur le non-respect de notre spécificité, de l'esprit de la constitution, de nos champs de compétence, et patati patata.

Meech ne fut une défaite que pour ceux qui, envers et contre l'histoire et toutes les évidences, voulaient croire ou faire croire que le Canada pouvait et désirait être réaménagé dans le sens des aspirations légitimes des Québécois. Et cet épisode ne fut réellement exceptionnel que parce qu'il y avait dans le portrait, au même moment, une force indépendantiste cohérente et déterminée. Autrement, des rebuffades canadiennes, nous en avons vu d'autres et tellement qu'on ne s'en souvient même plus. C'est la normalité quotidienne de ce marché de dupes qui nous sert de pays.





Nic Payne
Montréal



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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2010

    Monsieur Gignac,
    Peut-être est-il peu probable qu’une conjoncture absolument identique à celle de 1990 se produise, ne serait-ce que parceque les choses ont évolué depuis.
    Cependant, je considère que le contexte actuel est beaucoup plus favorable que ce qu'une certaine portion d'indépendantistes ou de souverainistes, qu'on dirait presque sous une sorte d'hypnose, s'autorise à le penser.
    Le PLQ en déroute — le mot est faible — qui voit le spectre de sa défaite renforcé par un phénomène d’alternance bien connu, les partis fédéraux canadian sur une autre planète, le Bloc fortement majoritaire, nos adversaires en faillite intellectuelle, titulaires d’une prétendue " option " qui n’existe même pas, l’évolution des mentalités et de la conscience nationale québécoise -- facteur essentiel dont je ne suis pas certain qu'on en prenne toujours la correcte mesure --, qu’on peut observer à travers divers indices qu’il serait fastidieux d’énumérer ici.
    Et encore, la chute du français à Montréal, l'insécurité identitaire, les débats sur les accomodements, une certaine recrudescence nationaliste.
    Il me semble que, tant au plan strictement électoral que sur le fond, le terreau est fertile.

  • Michel Répondre

    12 mai 2010

    Monsieur Payne
    Vous faites preuve de réalisme. Vous ne vous laissez pas berner par les scéances bonententistes des Canadiens.
    Je ne souhaite aucune forme d'aménagement avec le Canada. Non parce que je n'aime pas les Canadiens, bien que depuis toujours, ce peuple, pendant politique de l'Angleterre, oeuvre à notre marginalisation, voire notre disparition ; mais plutôt parce que je veux vivre dans un pays qui soit le mien.
    Michel

  • Marcel Haché Répondre

    12 mai 2010

    Je suis d’accord avec votre excellent texte.
    Notre nation existant avant Meech, et après, bien évidemment, elle existe déjà avant que l’indépendance ne soit proclamée à l’Assemblée Nationale.
    Cela prendrait beaucoup d’imagination pour prétendre que l’indépendance pourrait être proclamée ailleurs qu’à l’Assemblée Nationale. À mois de ne rien vouloir entendre concernant la « reconnaissance » internationale, bien évidemment, puisque ce sont des gouvernements et non des peuples qui « reconnaissent », et qui seraient habilités alors à reconnaître un gouvernement du Québec.
    Ce n’est pas moi qui défendrai les « gestes de souveraineté ».Mais faudrait-il nommer autrement une politique possible et à venir ? Le P.Q. est électoralement en bonne position. Serait-il mieux des « gestes d’indépendance » peut-être ? Ou encore, la guerre, jusqu’à déclarer « référendaire » la prochaine élection ?
    La position du P.Q. m’apparaît bien secondaire par rapport à la position de Mme Marois sur l’échiquier politique. Parce que c’est elle, par suite de sa position privilégiée, si elle était élue, qui pourra déterminer s’il s’agira de guerre d’indépendance ou de guérilla souverainiste traditionnelle.
    Mais peu importe sa future décision, pourquoi lui faudrait-il déclarer maintenant une « guerre » à venir, et fédérer immédiatement et durablement ses adversaires ? Elle est chef, mais n’est pas encore « en chef »…

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2010

    Monsieur Payne
    Vous avez bel et bien raison, ce fut un marché de dupes! Après cet échec, Bourassa a manqué le bateau en ne faisant pas de référendum sur l'indépendance qui aurait été remporté facilement et, aujourd'hui, nous serions un pays. Je n'en reviens pas comme nous avons le don de nous tirer dans les pieds au Québec; une occasion semblable ne reviendra pas de sitôt. Par contre, présentement, tout se met en place pour que nous fassions encore l'indépendance avec la pourriture du gouvernement Charest, l'incapacité du gouvernement fédéral à gouverner à cause de la présence du Bloc à Ottawa etc. Par contre, il ne faut pas manquer cette chance qui est notre dernière. J'espère que nos dirigeants politiques auront assez d'intelligence et de flair politique pour déclarer une élection référendaire au lieu d'un référendum qui serait sûrement perdant à cause de l'immigration massive qui envahit présentement le Québec. Nous avons perdu celui de 1995 par l'argent et le vote ethnique comme l'a si bien dit monsieur Parizeau. Ne retombons pas dans le même piège! Il m'a fait plaisir.
    André Gignac le 12 mai 2010