Pour en finir avec la culpabilité

Nous nous laissons donc pas culpabiliser par nos ennemis et poursuivons courageusement et sereinement notre route.

Crise d'Octobre '70 - 40e anniversaire

Pour en finir avec la culpabilité
Que ce soit notre cher Jean Charest à l'Assemblée Nationale ou monsieur Bernard Amyot ancien président de L'Association du barreau canadien dans les pages des journaux voilà que deux fédéralistes tentent encore aujourd'hui de culpabiliser le peuple québécois pour lui nuire et freiner sa marche vers l'indépendance politique. Jean Charest accuse des députés du Parti Québécois de commanditer un site internet dirigé par un ancien felquiste et Bernard Amyot trouve encore aujourd'hui justifiée l'arrestation de 500 personnes en Octobre 1970 puisque ces personnes auraient sympathisé en pensée ou en acte avec le FLQ.
Et bien moi messieurs j'avais 19 ans en 1970. J'étais étudiant à L'UQAM lorsque qu'en arrivant à la maison deux policiers de la SQ m'attendaient pour m'embarquer et me mettre à l'ombre pour quelques jours à la prison Parthenais sans jamais porter aucune accusation.
Après avoir découvert la contestation étudiante en 1968 pour pour avoir un cégep à Laval j'ai été en 1969 directeur du journal étudiant au Cégep Bois-de-Boulogne où nous avons aussi organisé une semaine sur la Palestine. Je suis également allé travailler à la campagne électorale de Jacques Parizeau dans le comté d'Ahuntsic. Je confesse mes crimes.
J'étais aussi parmi les 3,000 personnes présentes dans une salle survoltée au Centre
Paul-Sauvé à la soirée d'appui au FLQ quelques heures avant la promulgation de la Loi des mesures de guerre et les arrestations. Le FLQ bénéficiait d'un fort courant de sympathie dans la population car il dénonçait à travers ses actions et ses communiqués une situation d'oppression nationale, d'aliénation et de pauvreté du peuple québécois. Gaétan Montreuil le lecteur du Manifeste du FLQ sur les ondes de Radio-Canada à l'époque nous l'a rappelé récemment en parlant de la pauvreté dans laquelle vivait sa famille à St-Henri. L'action du FLQ se situait dans une mouvance sociale progressiste et indépendantiste très active qui remettait en question le pouvoir autoritaire en place et s'apparentait également à d'autres mouvements dans le monde comme L'IRA en Irlande, L'OLP en Palestine ou L'ETA au pays basque espagnol. D'où la Loi des mesures de guerre pour écraser l'ensemble de ce mouvement populaire et non seulement le FLQ.
L'existence du FLQ et le soutien populaire dont il jouissait était totalement justifié. Ces jeunes du FLQ ont pris les moyens auxquels ils croyaient pour faire bouger les choses et nous leur devons sûrement du moins en partie l'émancipation du peuple québécois à travers les décennies 60 et 70 et par la suite. Ils ont contribué à leur façon au '' Maîtres chez nous ''. Plusieurs ont payé le gros prix sur le plan personnel, social et professionnel par la suite.
Il ne faut donc pas s'en vouloir d'avoir pour plusieurs sympathisé avec eux et d'avoir partagé leur idéal. D'ailleurs cet idéal d'indépendance et de justice sociale habite encore plusieurs d'entre nous et de nouvelles générations même si notre engagement a pris d'autres formes. Comme le disait Serge Mongeau lors de l'inauguration du monument des prisonniers d'octobre 70 il ne faut pas avoir peur de la prison et ils nous y mettrons sans doute de nouveau lorsque les mêmes pouvoirs se sentiront encore menacés. Les jeunes Québécois arrêtés à Toronto lors du sommet du G8 et traités de
'' frenchies '' par les policiers en savent quelque chose. Nous nous laissons donc pas culpabiliser par nos ennemis et poursuivons courageusement et sereinement notre route.
Yves Chartrand

Montréal


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