La guerre de mots que se livrent libéraux et adéquistes sur le thème de l’immigration est des plus stériles. Au moment où la concurrence est déjà vive pour combler des pénuries de main-d’œuvre et pour atténuer les effets du vieillissement de la population au Québec, les élus devraient élaborer des stratégies pour attirer plus de gens ici plutôt que de chercher à se faire du capital politique sur le dos des immigrants et des Québécois inquiets devant l’étranger.
Fidèle à lui-même, le chef de l’ADQ, Mario Dumont, a récemment fait une déclaration qui peut donner lieu à diverses interprétations. Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il y avait assez d’immigrants au Québec, le chef adéquiste a répondu que la province a atteint la limite de sa capacité d’accueil d’immigrants.
Pour le premier ministre, Jean Charest, une telle affirmation démontre bien que Mario Dumont a un penchant xénophobe. Pour le chef libéral, il ne fait aucun doute que les adéquistes veulent ériger de nouvelles frontières et freiner l’arrivée d’immigrants en sol québécois.
Il est certes tentant pour un politicien de dépeindre l’adversaire comme un être replié sur soi et réfractaire à ce qui n’est pas de souche. C’est cependant faire fi de l’autre interprétation que l’on peut donner aux propos de Mario Dumont.
On peut en effet conclure, comme l’a fait hier le leader parlementaire Sébastien Proulx, que l’ADQ se soucie de la qualité d’accueil que réserve le Québec à ses immigrants et qu’elle souhaite que ceux-ci s’intègrent bien à la société québécoise. Proulx prône une intégration responsable et équilibrée. Il soutient que l’ADQ veut que le Québec prospère autant avec ses enfants qu’avec les nouveaux arrivants. Nous ne demandons qu’à le croire.
Autant il est absurde de penser pouvoir se priver de l’apport des immigrants pour poursuivre le développement du Québec et maintenir le niveau de vie qui est le nôtre, autant il est utopique de prétendre que le Québec n’a rien à améliorer pour que les immigrants ou les autres Canadiens choisissent de vivre ici plutôt qu’ailleurs.
Des professionnels, qui ont choisi de venir vivre au Québec, peinent toujours à faire reconnaître la formation reçue à l’étranger. Des immigrants se heurtent encore à des préjugés lorsqu’ils postulent pour un petit boulot ou cherchent un logis au Québec. Récemment, une étude réalisée à l’UQAM révélait que le taux de chômage était trois fois plus élevé que la moyenne québécoise chez les Arabes qualifiés installés ici depuis près de 20 ans.
Devant ce tableau, les élus ne peuvent se comporter comme si tout va comme sur des roulettes en matière d’immigration au Québec. La réalité ne colle toujours pas aux discours d’ouverture répétés.
Il ne suffit pas non plus d’attirer au Québec des étrangers. Il faut aussi être capable de les retenir sur notre territoire. Pour y parvenir, la mobilisation de tous est nécessaire dans différentes sphères d’activités.
Quelle est la rapidité et la qualité des services que reçoivent les individus qui souhaitent s’établir au Québec ? Est-ce que les services publics, comme les écoles et les hôpitaux, sont bien outillés pour accueillir les nouveaux arrivants ? Et les entreprises qui cherchent de la main-d’œuvre sont-elles préparées à composer avec des gens qui ne sont ni blancs, ni francophones, ni anglophones, ni catholiques ?
Ce n’est pas nier son identité, ce n’est pas renoncer aux valeurs d’égalité que de se poser ces questions et d’y répondre. Ce n’est pas non plus acquiescer à toutes les demandes formulées au nom de la liberté religieuse. Trouver collectivement des façons de faire qui permettent à tous de se sentir bien au Québec est plutôt une démonstration de sagesse et de maturité.
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