RÉVISION DES PROGRAMMES

Plus blanc que blanc

Dfdaee5eb4e1789eabd32f37f094a2a3

«Comment demander des sacrifices aux uns alors qu’on protège les autres en leur consentant des salaires déraisonnables, des primes bidon ou des rentes non méritées, ou encore en finançant à coups de millions des programmes injustifiés comme celui des petites centrales hydroélectriques ?»

Ainsi, le président du Conseil du trésor au sein du gouvernement Couillard, Martin Coiteux, lance un appel à tous pour recueillir des suggestions de compressions budgétaires. Pourquoi pas ? Mais quand on veut faire le ménage, il ne faut pas oublier ses propres placards.
Consulter tous les acteurs de la société avant de lancer une grande opération de compressions budgétaires est toujours une bonne idée, même si personne ne va se porter volontaire pour recevoir la première salve.

Du temps où il était premier ministre, Lucien Bouchard avait pris l’initiative de convoquer une grand-messe baptisée Sommet sur l’économie et l’emploi. La principale retombée de cet exercice fut la négociation avec les syndicats d’une réduction ponctuelle de 6 % de la masse salariale prise à même les caisses de retraite pour accélérer le départ de 30 000 employés. On parle encore aujourd’hui de ces infirmières parties trop tôt qu’il a fallu remplacer l’une après l’autre. Un choix malheureux que l’actuel gouvernement ne veut pas reproduire…

C’est pourquoi il est plutôt question d’éliminer les doublons dans les services, d’accroître la productivité de la fonction publique et d’annuler des programmes de façon à réduire les dépenses d’au moins 3,2 milliards dès la prochaine année.

Pas question de grand-messe où tous les corporatismes pourraient exprimer leurs doléances. On les consultera, mais sans plus.

Éliminer les doublons, ça ne devrait pas être trop difficile, ni bien payant. Accroître la productivité, c’est bien, mais il faut du temps pour générer des économies. On sera donc tenté de geler les salaires, ce qui n’est pas une bonne idée puisque la rémunération globale des 450 000 employés de l’État accuse un retard croissant par rapport aux employés municipaux (–37 %), aux fonctionnaires fédéraux (—21 %) et aux salariés du secteur privé syndiqué (–21 %).

Une année de gel passe encore, mais il y a une limite à offrir des conditions de 20 % inférieures à ce qui se fait ailleurs.

Si gel prolongé il doit y avoir, c’est donc du côté de ceux qui ont vu leurs conditions s’améliorer sans discontinuer au fil des ans, comme chez les employés des sociétés d’État dont la rémunération globale dépasse de 36 % celle de leurs homologues des grands réseaux.

Il reste donc la troisième option, soit l’élimination de programmes, mais lesquels ? La reproduction assistée ? Le financement des écoles privées ?

Du côté des services tarifés, ils sont déjà indexés, alors quoi d’autre ? Augmenter le prix des places en CHSLD pour les aînés à revenus élevés ? À moins de fermer boutique au profit du privé ?

Les paris sont ouverts, mais quelles que soient les suggestions, aucune ne passera la rampe de l’opinion publique si cette dernière n’est pas convaincue que ce gouvernement agit de façon équitable et désintéressée, sans épargner les petits amis. Comment demander des sacrifices aux uns alors qu’on protège les autres en leur consentant des salaires déraisonnables, des primes bidon ou des rentes non méritées, ou encore en finançant à coups de millions des programmes injustifiés comme celui des petites centrales hydroélectriques ?

Le gouvernement Couillard possède la légitimité nécessaire pour remplir ses engagements sans chercher le consensus à tout prix.

Cela dit, l’absence d’un tel consensus lui impose d’agir en toute transparence, avec la plus grande équité. Pas un poil ne doit retrousser, sans quoi il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même pour l’échec éminemment prévisible qui suivra.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->