EMPLOI

D’une erreur à l’autre

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Ça sent la broche à foin

L’erreur commise la semaine dernière par Statistique Canada dans la compilation des données mensuelles sur l’emploi serait d’origine humaine. Bien sûr qu’il faudra en tirer des leçons, mais sur le fond des choses, rappelons que la nature même de ces calculs inclut toujours une marge d’erreur statistique importante dont il faut tenir compte dans le débat politique.
Lorsque Statistique Canada a annoncé, il y a une semaine, que l’emploi n’avait crû que de 200 au pays en juillet, le huard a perdu des plumes. C’est dire l’importance de ces données mensuelles pour les agents économiques.

Mardi, le mouvement inverse s’est produit après que Statistique Canada eut révélé qu’une erreur s’était glissée dans ses calculs. Selon les explications fournies, on aurait omis de procéder à la mise à jour d’un des logiciels utilisés. Si tel est le cas, il ne fait pas de doute qu’une révision du processus s’impose de façon urgente.

Cela dit, rappelons qu’il faut relativiser l’importance de ces données mensuelles obtenues par sondage auprès de 56 000 Canadiens. Un tel exercice comporte en lui-même une importante marge d’erreur jugée normale en statistique.

Dans le cas du Québec, l’« erreur type » à la hausse ou à la baisse est de 14 900. C’est dire qu’au lieu de 1900 nouveaux emplois créés en juillet dans cette province (les données de la semaine dernière parlaient plutôt d’une perte de 13 400), le résultat de l’enquête de Statistique Canada aurait aussi bien pu se lire +16 800 ou – 13 000.

Il faut donc se méfier des comparaisons d’un seul mois par rapport au mois précédent. Le même raisonnement vaut lorsqu’on compare les données d’un mois de l’année en cours, juillet par exemple, avec celles du même mois de l’année précédente. En effet, l’exercice perd tout son sens si l’un de ces deux mois s’éloignait de façon inexpliquée de la réalité. D’où l’intérêt d’avoir recours à des moyennes calculées sur plusieurs mois.

Ainsi, le Québec a enregistré une moyenne (non désaisonnalisée) de personnes en emploi de 4 016 470 pour les sept premiers mois de 2014 comparativement à 4 016 060 pour la même période en 2013. Cette stagnation complète de l’emploi explique la légère augmentation du taux de chômage, puisque la population active a continué de croître pendant ce temps.

En comparaison, l’Ontario a connu une hausse du nombre moyen d’emplois de 49 730 par rapport à la même période de sept mois en 2013. Comme l’Ontario compte un plus grand nombre d’habitants que le Québec, ce chiffre est moins impressionnant qu’il n’y paraît.

Les provinces manufacturières continuent de subir les conséquences de la politique fédérale du dollar, fort axée — presque exclusivement — sur la réduction du déficit et l’exploitation des hydrocarbures. Même la Colombie-Britannique, qui extrait pourtant du gaz naturel, connaît des résultats décevants avec une moyenne de seulement 13 000 emplois de plus en 2014 qu’à la même période en 2013.

Au Québec, il va de soi que l’ambition du gouvernement Couillard d’équilibrer les comptes ne fera rien pour contrer le mouvement. Mais c’est d’abord du gouvernement fédéral qu’on attend qu’il stimule la croissance à l’échelle nationale, alors que les provinces non pétrolières sont aux prises avec des revenus qui stagnent et des dépenses difficilement compressibles. Ce que M. Harper n’a visiblement pas l’intention de faire à quelques mois d’une campagne électorale où toute la marge de manoeuvre servira à séduire les groupes cibles susceptibles de le maintenir au pouvoir.


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