SHIRIN EBADI, PRIX NOBEL DE LA PAIX

Plaidoyer pour un «islam dynamique»

Québec - pluralité et intégration

par Malorie Beauchemin

Au Québec, Shirin Ebadi est connue pour avoir défendu la cause de la photographe montréalaise Zahra Kazemi, torturée puis assassinée dans une prison iranienne. En 2003, elle est devenue la 11e femme et la première musulmane à recevoir le prix Nobel de la paix.

***
La lauréate du prix Nobel de la paix 2003, Shirin Ebadi, plaide pour un «islam dynamique», qui se réalisera dit-elle en éduquant les musulmans et en réduisant les injustices.
De passage à Montréal jeudi, la juriste d'origine iranienne a longuement expliqué comment sa vision de l'islam est compatible avec la démocratie.
«L'islam dynamique accepte la démocratie, reconnaît le pluralisme culturel et croit en les droits de l'homme», a-t-elle affirmé devant plus de 1000 personnes réunies dans le cadre des conférences Franchir les frontières, organisées par l'Université de Montréal.
Réapprendre l'islam
«Le plus important pas à effectuer vers l'évolution culturelle, c'est un apprentissage correct des piliers de l'islam. Nous devons apprendre aux musulmans à se diriger vers un islam dynamique, leur enseigner qu'on peut être musulmans et améliorer ses conditions de vie, qu'on peut être musulmans et respecter les droits de l'homme et la démocratie. Les régimes religieux auront ainsi l'obligation de respecter les droits de leur peuple et ne plus imposer leur vue personnelle au nom de la religion», a souligné Mme Ebadi, première femme nommée juge en Iran, avant d'être rétrogradée.
«Les intellectuels musulmans doivent faire connaître l'islam dynamique. La critique des régimes en place ne sert à rien, puisqu'elle ne mobilise pas la population», a-t-elle ajouté.
Selon elle, le problème actuel ne se trouve pas au coeur de l'islam, mais il vient du fait que les régimes islamiques refusent de donner une image d'un islam compatible avec les droits de l'homme et avec les libertés individuelles et civiles.
«De nos jours, la plupart des régimes islamiques se cachent derrière l'idéologie de l'islam et justifient des injustices qu'ils commettent à l'égard des populations. Ils effectuent ainsi une interprétation erronée de la religion, a expliqué la juriste. C'est pour cette raison que la culture dominante, y compris la culture politique dans ces régimes, ont besoin d'une évolution afin qu'ils puissent ouvrir les yeux et comprendre les réalités de leur société et répondre aux besoins actuels en mettant en place des législations qui, tout en respectant l'esprit de l'islam, s'accordent avec les enjeux contemporains.»
Selon elle, deux éléments poussent certains musulmans vers le terrorisme: l'ignorance et l'injustice, deux aspects sur lesquels les sociétés doivent travailler.
Mme Ebadi est bien consciente que son souhait de voir se développer un islam dynamique, réformateur et dans les faits compatible avec la démocratie relève du voeu pieux, voire de l'utopie. Mais elle dit aussi: «Il faut être utopistes en pensées, réalistes en actes. Les grandes victoires, dans l'histoire de l'humanité, ont toutes commencé par des utopies.»
Plusieurs premières
Shirin Ebadi est l'auteur du livre Iranienne et libre. Mon combat pour la justice, disponible au Québec. En 1974, elle est la première femme à accéder à la magistrature en Iran, poste qu'elle est forcée de quitter après la révolution islamique de 1979. Au Québec, elle est connue pour avoir défendu la cause de la photographe montréalaise Zahra Kazemi, torturée puis assassinée dans une prison iranienne. En 2003, Mme Ebadi devient la 11e femme et la première musulmane à recevoir le prix Nobel de la paix. La prestigieuse récompense lui a été décernée «pour son action en faveur des droits de l'homme, des femmes et des enfants en Iran».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé