Pas de quoi s'énerver

Des relations plus étroites avec Ottawa ne l'empêcheraient pas de s'atteler à la reconnaissance internationale du Québec dès lors qu'un hypothétique Oui emporterait l'adhésion d'une majorité de Québécois.

France-Québec : fin du "ni-ni"?



(Québec) Le président français, Nicolas Sarkozy, y est allé hier d'une profession de foi envers l'unité canadienne. Debout à ses côtés, le premier ministre Stephen Harper n'en attendait pas tant. Il était ravi.
Mais à qui ou à quoi faut-il se fier? À la réponse personnelle que le président Sarkozy a donnée à un journaliste à la Citadelle de Québec ou au discours solennel qu'il a livré à l'Assemblée nationale?
Il ne fait aucun doute que le président français a exprimé sa préférence personnelle pour un Canada uni lors du point de presse accordé en compagnie de Stephen Harper et du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Il n'a pas employé les mots «Canada uni», mais il a soutenu que le monde n'a pas besoin d'une «division supplémentaire».
En passant, il a été beaucoup moins loin que le président américain Bill Clinton qui, en 1999, au mont Tremblant, avait carrément plaidé en faveur des fédéralismes et contre les indépendances nationales.
Le discours de Nicolas Sarkozy devant les parlementaires québécois, prononcé une heure après son passage à la Citadelle, reflète certes sa position, mais, au-delà de sa personne, celle de la France ? de l'institution France, si l'on peut dire. Ce genre de discours est soigneusement préparé par la diplomatie française et par l'Élysée. Chaque mot est pesé.
Or, Nicolas Sarkozy a été beaucoup plus nuancé dans ce discours. Il a répété qu'il considère les Canadiens comme des amis et les Québécois comme des frères.
Aucun souverainiste ne pourrait sérieusement lui reprocher d'aimer les uns et les autres. On peut aimer différemment.
Ce qu'on a donc entendu, hier, c'est à la fois la position personnelle de Nicolas Sarkozy et la position, disons, plus officielle de la France.
Les souverainistes peuvent s'offusquer de la première, mais certainement pas de la seconde. Or, c'est cette dernière qui compte le plus. La position officielle de la France était dans le discours. Et dans ce discours, M. Sarkozy a démontré beaucoup de chaleur envers le Québec.
On ne voit pas qui pourrait vraiment s'énerver aujourd'hui. Surtout que la nature du lien entre le Québec et le reste du Canada relève des Québécois. Pas des Français.
C'est un réflexe de colonisé de toujours se demander ce que pense Paris. C'est absurde et inutile. Le défi des souverainistes n'est pas de convaincre les Français, mais les Québécois.
De toute façon, la France accompagne et accompagnera le Québec quel que soit le chemin qu'il emprunte et qu'il empruntera. Elle l'accompagne quand il fait le choix du Canada, comme ce fut le cas lors des référendums de 1980 et de 1995. Elle l'accompagnerait s'il faisait le choix de la souveraineté.
Des relations plus étroites avec Ottawa ne l'empêcheraient pas de s'atteler à la reconnaissance internationale du Québec dès lors qu'un hypothétique Oui emporterait l'adhésion d'une majorité de Québécois.
Cela dit, ne perdons pas de vue qu'il y a eu plus important hier. D'abord, la décision du Canada et de l'Union européenne de lancer des négociations visant à conclure un accord économique.
Et surtout, cette entente entre le Québec et la France sur la mobilité de la main-d'oeuvre. Un accord témoignant d'une relation mature, une relation unique au monde entre un État souverain et un autre qui ne l'est pas.
Ce geste parle davantage que les mots. Il ouvre l'avenir.
Elle est là l'alliance fraternelle.
Sur un plan plus global, on peut savoir gré au président français de vouloir mettre à plat le capitalisme financier, qui nous conduit tous depuis longtemps vers un mur.
On dit souvent que MM. Sarkozy et Harper logent à la même enseigne. Hier, le Français avait des allures de socialiste à côté du premier ministre canadien.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé