Pas assez de Québécois chez les Canadiens!

Tant que l'on n'aura pas renforcé la fibre identitaire québécoise de cette équipe, elle ne pourra emprunter le sentier de la gloire.

Étonnant, le moustachu grincheux...

Bob Gainey, l'entraîneur-chef et directeur général du Canadien, observe les joueurs lors d'un récent entraînement de l'équipe pendant que son adjoint Don Lever discute avec Alex Kovalev.

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Le Québec compte des centaines de milliers d'amateurs de hockey qui sont aussi, surtout à l'approche des séries, des gérants d'estrade avertis et connaisseurs. Je fais partie des deux catégories: je suis un accro du hockey et je prodigue avec assurance mes avis sur les joueurs, les stratégies et les performances des équipes. D'abord, ceux et celles des Canadiens, bien sûr, la seule équipe ayant ses pénates au Québec. Depuis 100 ans!
Comme tous les amateurs de hockey du Québec, je suis donc viscéralement attaché à cette équipe, une des plus grandes dynasties sportives au monde. Je confesse, cependant, que, pendant quelques années, je l'ai laissée tomber pour les Nordiques de Québec.

Trophée légendaire
Mais, il faut bien reconnaître que, depuis leur dernière conquête de la Coupe Stanley, en 1992-93, les Canadiens en arrachent pour redevenir la glorieuse équipe de naguère. Gainey, comme directeur général, avait pourtant conçu et mis en branle un plan quinquennal avec, comme objectif, de brandir à nouveau le légendaire trophée.
Or, nous sommes à la dernière année de son plan et il est difficile de ne pas conclure qu'il a échoué. Bon, d'accord, les joueurs font les séries, mais tout le monde sait fort bien qu'ils n'iront pas très loin.
Devant le déclin de la plus grande équipe de hockey de la planète, les experts et les amateurs s'interrogent et cherchent à identifier la cause du problème. J'écoute, souvent, les joyeux copains de l'émission «110%», Jean Perron, Yvon Pedneault, Marc Bureau, Réjean Tremblay, Jean Pagé. Régulièrement, ils mettent en lumière ce qu'ils considèrent comme étant la raison majeure du dépérissement des Canadiens depuis 15 ans: l'absence d'un fort contingent de Québécois.
Histoire des Canadiens
Une pareille assertion, pour certains, peut avoir une coloration «nationaliste» déplacée dans l'univers du sport. C'est le cas, par exemple, des commentateurs de La zone, l'émission sportive radio-canadienne, qui s'empressent, sans doute parce que jugé politiquement incorrect par la société d'État, de repousser, avec une certaine gêne, cette dimension pourtant fondamentale de la configuration historique des Canadiens de Montréal.
Car, il suffit, Jean Pagé ne cesse de le rappeler, de se plonger dans l'histoire des Canadiens (et Dieu sait qu'à l'occasion du centenaire, d'excellents livres sont disponibles) pour constater que l'équipe a connu du succès lorsqu'elle comptait dans ses rangs une solide et talentueuse brigade de Québécois d'au moins dix joueurs. Et, très souvent, beaucoup plus, soit 12, 13, 14, et même 15!
Substance identitaire
J'ai pris la peine de vérifier la composition de l'équipe lors de la conquête de ses 24 Coupes Stanley. À l'exception (il faut toujours une exception) de 1953, il y avait toujours au moins 10 Québécois dans cette formation.
En 1958, 1968, 1969, ils étaient 12. En 1971 et 1978, il y en avait 13. Et, en 1993, année de leur dernière conquête, savez-vous combien il y en avait? Seize!
Quand on parcourt l'histoire de la Sainte-Flanelle, il est frappant de constater que ce qu'on pourrait appeler la substance identitaire de cette équipe, c'est indéniablement la présence, en son sein, d'un imposant bataillon de joueurs québécois de toutes catégories: des prodiges (Richard, Lafleur, Béliveau); des gardiens de but exceptionnels (Plante, Vézina, Roy); des passionnés (Mario Tremblay, Claude Lemieux) et des travailleurs acharnés (Provost, Bégin).
Cette importance massive des joueurs québécois insufflait à l'équipe une cohésion hors du commun et un immense appétit de victoires. Ajoutons que ce phénomène générait une très forte symbiose affective entre le public d'amateurs québécois et l'équipe des Canadiens.
Seuil critique
Or, il est évident que, depuis plus de 10 ans, la direction ne tient plus compte, ni des fondements historiques, ni de la quintessence dynastique des Glorieux. Il est donc urgent de rebâtir une stratégie visant à augmenter le nombre de joueurs québécois, afin d'atteindre le plus vite possible le seuil critique de 10.
Concrètement, cela signifie que le premier joueur que l'on doit mettre sous contrat, c'est Alex Tanguay. Et, qu'il faut tout mettre en oeuvre pour amener Vincent Lecavalier à Montréal. Cela veut dire, enfin, qu'il faut élaborer une vigoureuse politique de repêchage auprès de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.
Tant que l'on n'aura pas renforcé la fibre identitaire québécoise de cette équipe, elle ne pourra emprunter le sentier de la gloire.


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