L'impact du foot

L'indépendance est un devoir auquel nous n'avons pas le droit de nous soustraire.

Sports et politique


Le football déferle sur la planète depuis longtemps et plus que jamais et il consolide fortement les solidarités nationales. Il donne ainsi un démenti cinglant aux thèses fumeuses de certains politologues qui prédisaient le déclin du concept de nation. Les peuples sont de plus en plus attachés à leur identité et le culte du ballon rond en est une preuve éclatante. Et elle n'est pas issue de recherches intellectuelles mais bien d'un jugement on ne peut plus populaire. Même la France éternelle vit, en ce moment, une profonde crise existentielle qui mobilise son président comme le peuple tout entier à cause du déshonneur de son équipe en Afrique du Sud. À travers le monde, des économistes sérieux ont même démontré que lorsqu'un pays gagne, son produit intérieur à tendance à s'accroitre en raison du regain de confiance des ménages. S'il perd, c'est évidemment l'inverse.
Il y a plus de membres dans la FIFA qu'aux Nations-Unies. Cela veut dire que certains groupes humains nationaux qui n'ont pas, ou pas encore leur indépendance, se joignent au concert sportif des nations. En évitant, espérons-le, celui du "vuvuzela" que l'on a trop entendu dans les semaines passées!!! L'Écosse, le pays de Galles, l'Irlande du Nord, sont membres, et même l'Angleterre, coeur du "Royaume-Uni", s'en désunit pour avoir sa propre équipe.
Ce qui s'est passé en Afrique du Sud cette année, constitue une belle occasion de rayonnement pour ce pays et pour les autres. Cette formidable compétition doit aussi inspirer au Québec des réflexions athlétiques et politiques. Il y a maintenant à Montréal une équipe respectable qui s'appelle précisément "L'Impact". Elle est à nos couleurs et arbore la fleur de lys. Son développement est dû aux efforts de la famille Saputo, et elle joue dans le stade du même nom, qui sera bientôt agrandi de façon significative alors que l'équipe accède à une ligue supérieure. Richard Legendre, ancien ministre et ancien champion de tennis, joue un rôle clef dans cette belle aventure.
La montée en popularité de l'équipe se fait au rythme de celle de ce sport dans le Québec d'aujourd'hui. Il y a plus de jeunes québécois, garçons et filles, qui jouent au foot qu'au hockey! Nous sommes profondément nord-américains, et les seuls sports qui nous ont vraiment intéressés pendant longtemps furent tous surtout de ce continent: baseball, football américain ou canadien, hockey et basketball. L'élargissement de notre horizon vient largement de nos compatriotes issus de l'immigration, comme les Saputo et bien d'autres, dont Claudel Toussaint qui en fut en propagateur important. Voilà un bel effet positif de la mondialisation dans le respect des nations.
Cela illustre aussi ce que l'on appelle, non pas le "multiculturalisme", mais la convergence culturelle. Les nouveaux arrivants nous apportent l'une de leurs passions qui peut s'intégrer parfaitement à la culture québécoise, en harmonie avec celles des autres nations, et nous unir plutôt que de nous diviser. Aucun accommodement raisonnable ou autre n'est requis, tout le monde est content. Notre solidarité avec L'Impact peut même contribuer à notre cohésion en faisant converger vers le tronc commun, sous nos couleurs nationales, les nouveaux apports. Cela s'appelle sans hésiter, un impact positif!
Le Canada, qui s'inspire tellement de l'Angleterre, n'a pourtant jamais voulu d'une équipe québécoise dans quelque compétitions internationales que ce soit. L'exemple britannique n'inspire pas les Canadiens pour le respect dû aux nations, comme le Québec en est une. La reine d'Angleterre, comme tout son peuple, admet que l'Écosse en est une. Ici, en dépit d'une motion du Parlement, restée d'ailleurs sans aucun effet concret, 80% des Canadiens hors Québec, nient notre existence nationale. Ils nous considèrent plus comme la Nouvelle-Écosse, qui n'est pas une nation que comme la vieille qui en est une. La presque unanimité au Québec va évidemment dans le sens inverse.
Ces passions sportives nationales à travers le monde, doivent nous faire réfléchir. Ce phénomène n'est pas lié à l'argent ou au matérialisme, mais à la dignité et à la fierté qui sont des valeurs premières. Si en plus le pays est riche matériellement, comme c'est le cas du Québec, qui est parmi les trente nations les plus riches du monde, dépassant l'immense majorité des pays membres de la FIFA, sa quête de liberté n'en est que plus impérieuse.
L'indépendance est un devoir auquel nous n'avons pas le droit de nous soustraire. Nous devons être le plus tôt possible, dans tous les stades du monde et aux jeux olympiques en particulier, tout comme à l'assemblée générale des Nations-Unies.
Bernard Landry


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