Le gouvernement Trudeau a dévoilé vendredi une aide financière de 1,75 milliard aux producteurs laitiers, un plan que ceux-ci ont bien reçu après avoir demandé pendant des mois ce qu’Ottawa comptait faire pour compenser les concessions faites dans le cadre des accords commerciaux avec l’Europe et les pays de l’Asie-Pacifique.
L’enveloppe, qui sera versée sur huit ans, bénéficiera à 11 000 fermes laitières au Canada, dont la moitié se situe au Québec. Une tranche de 345 millions sera versée dès cette année sous forme de paiements directs, ce qui représente environ 28 000 $ pour une ferme moyenne de 80 vaches.
Selon Ottawa, « les compensations sont déployées de façon pleine et équitable afin de permettre à chacune et chacun de prendre les meilleures décisions en fonction des nouvelles réalités du marché et de leur situation respective ». L’annonce a été faite sur les lieux d’une ferme à Compton, au Québec, par la ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau.
Les modalités des prochaines années du plan d’aide restent à être déterminées entre Ottawa et les Producteurs de lait du Canada, a indiqué le gouvernement fédéral.
Les Producteurs de lait du Québec (PLQ) ont estimé que l’aide « est conforme aux orientations » dévoilées à la fin de l’hiver dans le dernier budget du ministre des Finances, Bill Morneau. « Nous souhaitions qu’il n’y ait pas de concessions pour nous dans ces accords, mais des concessions ont été faites. Il fallait donc indemniser les producteurs », a affirmé le président de l’organisation Bruno Letendre.
Selon une première analyse faite par les PLQ, l’enveloppe annoncée couvre environ 70 % des pertes qui découlent des concessions faites par Ottawa dans les négociations avec les partenaires commerciaux.
Si le plan a été bien reçu, les producteurs préviennent toutefois que le gouvernement devra également sortir le chéquier pour l’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC). Les PLQ demandent aux partis politiques de « s’engager à maintenir le programme annoncé par le gouvernement, à indemniser les producteurs lorsque l’ACEUM sera ratifié et à ne plus faire de concessions dans le secteur laitier dans les prochaines négociations commerciales ».
Selon le directeur des communications des PLQ, François Dumontier, l’impact de l’ACEUM, qui prévoit des concessions de parts de marché d’environ 3,9 %, sera plus ou moins équivalent à celui des deux autres accords. Cependant, des points d’interrogation demeurent quant aux conséquences de certains paramètres, dont les exportations de poudre de lait écrémé et le remplacement de la « classe 7 », qui concerne le lait diafiltré exporté par les Américains, a-t-il dit.