Option vérité

17. Actualité archives 2007

La publication du rapport d'enquête du juge à la retraite Bernard Grenier sur les infractions à la loi qu'aurait commises Option Canada durant la campagne référendaire de 1995 pourrait être retardé si son dépôt survenait en pleine campagne électorale. La précision a été apportée par le directeur général des élections (DGE), Marcel Blanchet, qui a commandé cette enquête. Rendre publiques les conclusions du juge pourrait être perçu, craint-il, comme une ingérence dans le processus électoral. Il a tout à la fois tort et raison.
Le mandat du juge Grenier se terminant à la fin du mois de mars, M. Blanchet a en effet raison de redouter de se retrouver dans une situation délicate puisqu'il est possible que le premier ministre Charest déclenche des élections au même moment. En tant que DGE, il est vrai que M. Blanchet est tenu à un devoir de stricte neutralité, auquel on pourrait l'accuser de manquer si ce rapport se révélait explosif, comme plusieurs le croient.
Que ce rapport soit rendu public ou non n'empêchera toutefois pas que ce qu'on a appelé le scandale d'Option Canada fasse partie du débat électoral. S'il y a une chose certaine, c'est qu'il sera abondamment question du projet de souveraineté du Québec durant cette campagne électorale. Comme on peut facilement l'imaginer, le discours libéral consistera à reprocher au Parti québécois de vouloir ignorer la volonté démocratique des Québécois, qui par deux fois ont rejeté ce projet. On entend déjà les péquistes rétorquer en rappelant que, justement, les résultats du dernier référendum ont pu être faussés par le rôle occulte joué alors par Option Canada.
Il est loin d'être certain que retarder la publication du rapport Grenier serve bien l'intérêt public. S'il en était ainsi, pendant que Jean Charest et André Boisclair se lanceraient toutes sortes d'invectives, les électeurs n'auraient pas droit de savoir quel rôle Option Canada a véritablement joué en 1995. Ils ne pourraient savoir si cette organisation a financé la campagne référendaire du NON et, le cas échéant, dans quelle proportion. Les Québécois devraient se contenter d'écouter les questions sans connaître les réponses, qui seraient contenues dans un rapport sur lequel s'assoirait le DGE pour éviter de se faire accuser d'ingérence. De la part de celui qui est supposé être le garant du caractère démocratique du processus électoral, on s'attendrait à mieux. Il est d'abord responsable vis-à-vis des électeurs, bien avant de l'être vis-à-vis des partis.
On ne sait ce que contiendra le rapport du juge Grenier. Qu'il soit explosif ou pas, personne n'a intérêt à en retarder la publication, pas plus Marcel Blanchet qu'André Boisclair ou Jean Charest. Et surtout pas ce dernier, à qui ses adversaires politiques n'auront de cesse de reprocher d'avoir peur de la vérité, bonne ou mauvaise. Autant l'affronter le plus rapidement possible, car, de toute façon, elle le rattrapera un jour ou l'autre. Depuis le scandale des commandites, tout politicien a intérêt à miser sur la franchise. Le premier ministre y gagnerait en demandant au DGE de rendre public ce rapport, peu importe le moment où il sera déposé.
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bdescoteaux@ledevoir.ca


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