Option Canada: nouvelles allégations du PQ

Le PLQ réplique en évoquant la consommation passée de cocaïne de Boisclair

Option Canada


Québec -- L'opposition péquiste a tenté hier, à l'Assemblée nationale, à la veille du déclenchement des élections, d'impliquer le chef de cabinet de Jean Charest, Stéphane Bertrand, dans l'affaire d'Option Canada, société paravent qui aurait servi au gouvernement fédéral et au camp du NON à enfreindre la loi électorale québécoise pendant le référendum de 1995. La leader péquiste Diane Lemieux a qualifié -- en Chambre -- les manoeuvres du camp du NON de «détournement de fonds» et a insisté sur le fait que le gouvernement Charest avait tout fait pour que le scrutin se tienne avant le dépôt du rapport Grenier -- juge chargé d'enquêter sur Option Canada --, qui doit être déposé le 31 mars.
Se disant «scandalisé» par ces allégations, qualifiant le geste péquiste de «campagne de salissage» fondée sur des «faits non prouvés, non fondés», le leader du gouvernement, Jacques Dupuis, a répliqué en faisant référence à la consommation de cocaïne d'André Boisclair et à des manoeuvres du camp du OUI en 1995: «Si la leader de l'opposition officielle voulait regarder à sa droite et à sa gauche [...] elle verrait des gens qui ont enfreint la loi électorale et des gens qui ont enfreint le Code criminel.» Plus tard, en point de presse, M. Dupuis, aussi ministre de la Sécurité publique, a admis que, par ce dernier commentaire, il avait effectivement voulu faire référence à la consommation passée de cocaïne du chef de l'opposition.
Le ministre a confié s'être «retenu à plusieurs reprises, pendant la session, de faire allusion à ces événements-là», et qu'il a choisi de le faire «uniquement une fois qu'André Boisclair lui-même eut mis en doute l'honneur du premier ministre ou le fait que le premier ministre disait la vérité». Alors que les allégations péquistes sont fausses, affirme-t-il, les faits reprochés à M. Boisclair sont «inéluctables et prouvés» puisque «André Boisclair a fait des déclarations dans lesquelles il a fait des aveux; il va falloir qu'il vive avec».
La campagne électorale, qui s'ouvre aujourd'hui, s'annonce donc âpre. M. Dupuis a eu ces mots hier, lors de la période de questions de la session extraordinaire -- réclamée par le gouvernement pour permettre le dépôt du budget: «Je ne sais pas quel commentateur disait [...] que cette campagne électorale allait être dure et sale, mais [celui] qui disait ça pensait sûrement, entre autres, à la leader de l'opposition officielle.»
«Sous le couvert»...
Plus tôt, Mme Lemieux avait déposé en Chambre deux documents du conseil privé d'Ottawa portant la mention «secret», mais, a-t-on appris plus tard, qui avaient été mis en annexe du rapport Gomery sur les commandites. Il s'agit d'une note signée par Howard R. Balloch et d'une autre «à l'intention du premier ministre», auxquelles le PQ a joint deux factures de Productions Harvey Gagnon, dont une était à l'attention de Stéphane Bertrand. Ces documents laissent croire, au dire de Mme Lemieux, que le gouvernement fédéral avait décidé que les partenaires du camp du NON, le fédéral, le Conseil pour l'Unité canadienne et le Parti libéral du Québec, partageraient les coûts de la production d'une vidéo de 300 000 $. «Le contrat serait passé par l'entremise de BCP Publicité, sous le couvert de la campagne sur les rôles et services du gouvernement du Canada», peut-on lire dans le document cité par Mme Lemieux en Chambre. Elle a souligné que, dans le document, il était entendu que BCP refilerait le contrat à la firme Harvey Gagnon, décrite sous la plume de M. Balloch comme une «compagnie de production vidéo sécuritaire et fiable». Mme Lemieux a indiqué que la facture d'Harvey Gagnon datée du 24 octobre, et qui s'élevait 19 372 $, avait été envoyée au «Comité des Québécoises et Québécois pour le NON» à l'attention de Stéphane Bertrand, qui était alors directeur général du PLQ. «C'est comme si le gouvernement du Québec, sous le couvert d'une campagne sur l'alcool au volant, faisait préparer du matériel électoral pour sa propre campagne», a-t-elle dit, indignée.
En après-midi, Jacques Dupuis a tenu un point de presse au cours duquel il a démontré que la facture sur laquelle le nom de Stéphane Bertrand apparaît -- et qui se trouve à la page 77 du livre Les Secrets d'Option Canada, de Robin Philpot et Normand Lester -- avait été «trafiquée». En effet, la mention «facture officielle payée par le comité pour le NON et comptabilisée» a été effacée sur le document déposé par les péquistes en Chambre. «Cette photocopie de facture a été faite à partir du livre, mais elle ne contient pas les mentions qui innocentent totalement Stéphane Bertrand de quelque action illégale que ce soit», a souligné M. Dupuis, en rappelant que M. Philpot était lui-même candidat pour le Parti québécois dans Saint-Henri-Sainte-Anne. Au PQ, on a expliqué que l'on avait effacé cette mention afin de ne pas faire croire qu'il s'agissait d'une note de M. Bertrand.
Ironie du sort, c'est hier à 14h, selon nos sources, que M. Philpot et M. Lester témoignaient devant le juge Bernard Grenier, à Montréal. Dans une lettre cet automne, M. Grenier avait souligné l'importance de terminer ses audiences en rencontrant les auteurs du livre par lequel le scandale avait éclaté. Tenus à un devoir de confidentialité, MM. Philpot et Lester n'ont fait aucun commentaire sur leur rencontre avec le juge Grenier. Selon eux toutefois, les documents «secrets» du Conseil privé démontrent noir sur blanc que les hautes instances du gouvernement fédéral étaient déterminées, dès l'été 1995, à enfreindre la loi électorale.
Par ailleurs, le vice-président de BCP, Jean-Louis Dufresne, a contacté les médias hier pour condamner les propos tenus par Mme Lemieux. «Ça ne tient pas debout cette histoire!», a-t-il lancé. Selon lui, les travaux de la commission Gomery ont établi que le projet de partage des coûts entre le CUC, le PLQ et BCP n'avait jamais eu lieu. Il juge «malheureux et répréhensible que certains élus se cachent derrière leur immunité parlementaire pour propager des informations inexactes et ainsi semer des doutes sur la réputation de l'entreprise».


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