Nouvelle vocation pour les Forces canadiennes

Les troupes de choc du réchauffement climatique au service des pays riches

Tribune libre

Dans un texte d’Alec Castonguay paru dans le journal Le Devoir du samedi le 6 novembre, on apprend que les Forces canadiennes se préparent à intervenir aux quatre coins du globe en raison du réchauffement de la planète, ce qui provoquera une course aux ressources naturelles, des guerres régionales violentes et des catastrophes en cascade.
M. Castonguay révèle un rapport de 176 pages nommé «L’environnement de la sécurité future 2008-2030», qui a été approuvé en janvier 2009 par l’état-major du quartier général de la Défense à Ottawa. C’est un résumé des menaces auxquelles les Forces canadiennes voudraient pouvoir réagir: menaces environnementales telles que la démographie; le déclin des récoltes; la famine; les insuffisances en eau et les risques côtiers. Il faut bien mettre en évidence que ce document a été produit pour le compte du chef du développement des forces, le major général S. A. Beare, qui voit dans les crises humanitaires et les guerres «asymétriques» du futur un terreau fertile à l’enflement budgétaire, militaire.
Dans son avant-propos contenu dans le rapport, le major général affirme qu’«Il est important de bien comprendre l’environnement de sécurité future, et ce, pour bien des raisons. Si nous voulons maintenir une force pertinente et souple au cours des prochaines années, qui s’annoncent difficiles, nous devons sans cesse nous poser cette question cruciale: «quels sont les changements en cours?» Toutefois, nous devons également nous en poser une autre, tout aussi importante: «qu’est-ce qui ne change pas?». En effet, si nous ne parvenons pas à établir un équilibre entre les capacités actuelles que nous devons maintenir et les investissements que nous devons faire en vue de nous préparer à faire face aux nouvelles menaces, nos efforts de planification risquent de se concentrer sur des conflits du temps passés».
Alors, des dizaines de milliards de dollar$ ont été engloutis inutilement en Afghanistan et l’état major envisage maintenant une nouvelle vocation de pacification des nations laissées en plan par la mondialisation avec des coalitions de nations qui partageant les mêmes «vues», des intérêts commun$, des armes et les nouvelles technologies nécessaires à cette nouvelle conception des interventions militaires, dites humanitaires.
En introduction, M. Castonguay nous écrit que

«La lutte contre les changements climatiques n’est pas une priorité du gouvernement Harper, qui a souvent été accusé de nuire aux négociations internationales sur le sujet. Or, l’armée canadienne prend le phénomène très au sérieux. Elle s’attend au pire».

L’armée canadienne, comme le cabinet de Harper et le parlement d’Ottawa, savent très bien ce qui s’en vient avec tous les enjeux soulevés par ce rapport. L’idéologie de suiveux américain du régime de Harper premier fait en sorte que ses priorités et celles de l’armée canadienne se rejoignent à plusieurs niveaux et il n’y a pas de contradiction, en ce sens que le régime d’Ottawa et, à plus forte raison, celui de Washington, y trouve tout son intérêt.
Pour cette nouvelle manière de mener les guerres sous le couvert d’interventions humanitaires, la Défense prévoit une embauche massive de civils dans les années qui viennent. À la page neuf du rapport on peut lire que
«Le MDN et les FC devront livrer concurrence aux entreprises privées et à d’autres ministères pour le recrutement de nouveaux membres à partir d’un bassin réduit de main-d’œuvre. Étant donné le vieillissement de la population canadienne, vers 2016, le nombre de citoyens âgés de plus de 65 ans dépassera celui des jeunes âgés de moins de 15 ans. Par conséquent, nous devrons concevoir des stratégies de recrutement et de rétention novatrices afin d’attirer des hommes et des femmes appartenant à toutes les couches ethniques de la société canadienne, des gens désireux de servir en uniforme et qui adhèrent à l’éthos de la profession des armes. Parmi les obstacles à surmonter pour être en mesure d’attirer et de conserver dans nos rangs le personnel nécessaire, mentionnons la cadence effrénée des opérations, les normes de qualité de vie et les complications qu’implique une double nationalité. On devra développer un volet de la fonction publique permettant de déployer un plus grand nombre de civils lors des opérations internationales, formule qui deviendra la norme. Cela nous obligera à revoir dans une perspective à long terme la loi, les politiques d’embauche et de rétention ainsi que les avantages offerts».

Le passage suivant du rapport, à la page onze, nous renseigne sur les loyautés des bureaucrates militaires au développement à la Défense: «Le Canada maintiendra ses relations avec l’ONU et l’OTAN, et pourrait bénéficier de l’exploration d’avenues novatrices telles que de nouvelles ententes bilatérales et multilatérales servant les intérêts du pays; le Canada devrait donc essayer de cultiver aux quatre coins du globe des relations saines avec les pays qui partagent ses vues. Néanmoins, le Canada gardera certainement des relations étroites avec son voisin du Sud, d’où la nécessité pour les FC de préserver autant que possible l’interopérabilité avec les forces américaines. Étant donné leurs responsabilités communes à l’échelle continentale, le Canada et les États-Unis ont des intérêts mutuels en matière de sécurité qu’il importe de satisfaire moyennant une coopération efficace et dans le respect de la souveraineté nationale».
Il s’agit de bien cerner de quelle souveraineté nationale il s’agit. Comme concept, l’interopérabilité avec les forces américaines suppose une subordination inconditionnelle aux américains.
À la page 24 du rapport, on trouve le passage suivant qui en dit long sur les préjugés, l’envergure d’analyse et l’ignorance des technocrates de la Défense canadian à l’égard du tiers monde:
«Il est essentiel que l’économie progresse au moins aussi vite que la population, sinon, le niveau de vie des citoyens va baisser. Le niveau de vie des gens varie énormément selon les pays, si bien qu’il n’existe aucun critère universellement admis pour juger si une société est stable, fragile ou défaillante. Les normes les plus complètes d’évaluation du niveau de vie ont trait à la fois à la qualité de vie et aux possibilités de préserver et/ou de rehausser les conditions présentes. Toutefois, le niveau de vie est relatif à l’expérience et aux attentes. Le fait de savoir que les habitants des pays développés vivent dans l’abondance a pour effet d’accroître les attentes ou le degré d’insatisfaction des habitants du tiers monde».

Si vous voulez en savoir un peu plus sur les orientations des Forces canadiennes, cet état à l’intérieur de l’état, vous trouverez ce rapport intitulé «L’environnement de la sécurité future 2008-2030» à l’adresse internet suivante: «http://www.ledevoir.com/documents/pdf/canada_securite.pdf».
Bonne lecture.
Daniel Sénéchal
Montréal


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 novembre 2010

    Combien ridicules ces "libertariens" qui supportent le financement public de ces guerres !!
    Vive l'État ! Quand c'est exclusif pour leurs poches !!

  • René Marcel Sauvé Répondre

    7 novembre 2010


    Politique vague comme d'habitude. Pas question de dire qu'en fin de compte, les Canadian Armed Forces se préparent de nouveau à intervenir au Québec alors que le mouvement actuel vers l'indépendance prend de la force et suscite l'intérêt de millions de Québécois cette fois.
    Le scénario sera le même: des agents provocateurs vont semer le trouble et le désarroi, ce qui va justifier l'intervention armée pour briser de nouveau les classes moyennes du Québec et faire reculer l'indépendance de 50 ans au moins.
    Cette fois-ci, nous devons nous y préparer d'avance, par les moyens suivants:
    1. S'enrôler en grand nombre dans les FAC, sans dire ni suggérer que le but consiste à les noyauter depuis le simple soldat jusqu'à général. Refuser de prêter serment sur la BIBLE mais prendre un engagement solennel qui implique avant tout sa conscience morale. Les précédents à cet effet sont les procès de Nûremberg.
    2. Continuer de préparer discrètement et en silence la défense civile, diplomatique et armée du Québec.
    Si vous connaissez des alternatives sérieuses et compétentes, non des kétaineries. alors veuillez les exposer.
    JRMS