RÉPONSE À [« POUR SORTIR DE L’ORNIÈRE (2) »->27450] DE MONSIEUR LE HIR
Monsieur Le Hir,
Vous écrivez :
“Pour ma part, j’entretiens un grand scepticisme sur la possibilité de faire cette union dans un avenir prévisible en raison du clivage gauche/droite qui a fini par s’imposer dans les rangs indépendantistes, justement parce que l’indépendance tardait trop à venir et qu’il n’y avait plus moyen de maintenir un consensus de façade sur les choix politiques. La présence de Québec Solidaire sur l’échiquier des partis vient brouiller le jeu, mais cette présence est inévitable parce qu’elle répond aux exigences de la conjoncture économique. Une fois cette boîte de Pandore ouverte, il n’y a plus moyen de revenir en arrière.»
Que vous soyez sceptique, je le comprends parce nous avons toutes sortes de bonnes raisons de l’être. Cependant, si vous dites que vous entretenez un grand scepticisme, c’est plus inquiétant. Dites-moi que vous demeurez sceptique et je comprendrai que vous ne faites pas confiance à l’idée d’une coalition de nos forces.
Entretenir « un grand scepticisme » rend difficile, voire peu probable la possibilité de changer les choses si on jette d’emblée la serviette sous prétexte de « scepticisme ».
Il y a le clivage gauche/droite, c’est certain, mais il y a aussi bien d’autres. Est-ce une raison pour jeter la serviette sans tenter quelque chose ?
Ce que vous faites en évacuant la question trop rapidement pour vous concentrer sur toute autre chose ne fait que reporter à plus tard ce qu'il nous importe de changer dès maintenant.
La « boîte de Pandore » est ouverte, il n'y a plus moyen de revenir en arrière et il faut en tirer le meilleur. Le meilleur, c'est d'afficher l'image d'un Québec pluriel qui na rien à voir avec l'image d'un Québec péquiste mur à mur, ce qui a nui largement au ralliement de notre peuple. Aujourd'hui même, l'État du Québec souverain peut faire la démonstration de ce qu'il pourra être : un État pluraliste disposant des voix de plusieurs partis politiques ayant décidé d'oeuvrer pour le pays. Ce qui constitue définitivement un atout, à condition que ces différents partis fassent suffisamment montre de maturité pour exclure toute concurrence concernant l’État, les moyens de le fonder ou d’en débattre et les intérêts électoralistes respectifs, pour endosser le projet de Pays.
Ce qui n’est actuellement pas le cas.
Seule une force citoyenne transpartisane est en mesure le faire pression sur les partis politiques et leurs zélotes, en endiguant leur habituelle tendance à faire des élections leur terrain de jeu favori jusqu'à assujettir les intérêts supérieurs de la nation à leurs intérêts partisans respectifs. Ne pas jeter la serviette, c'est s'engager sur cette voie avec force et courage.
Nous devons passer à l’action; à une action qui stimule notre désir d’agir pour réaliser l’union de nos forces souverainistes. Autrement, nous nous agiterons inutilement et n’arriverons à rien.
Ce qui est inacceptable, ce n’est pas, comme vous écrivez « [… ] ne rien faire face à l’illégitimité du gouvernement signifie que nous nous résignons à accepter l’inacceptable ». Ce qui est inacceptable c’est « l’illégitimité de l’État canadien ». Ne rien faire de crédible, de fort et de puissant à cet égard signifie que « nous nous résignons à accepter l’inacceptable. » De sorte que même l’élection d’un gouvernement légitime, qu’il soit fort ou faible, ne légitimise pas pour autant l'État du Canada duquel procède l'État du Québec qui lui est subordonné.
Même si, comme vous l’écrivez « Il se trouve ensuite que, même dans le cadre constitutionnel actuel, nous avons déjà le pouvoir de nous doter de notre propre Constitution », sans l’union de nos forces, sans un gouvernement endossant la primauté de l'Autorité démocratique suprême du peuple souverain, toute constitution promulguée dans le contexte de la Constitution de 1982 sera subordonnée sans recours, à sa loi.
Pour mettre fin à l'illégitimité, nous devons disposer d’un rapport de force adéquat. Ce rapport de force ne réside nulle part ailleurs que dans « l’union de nos forces » autour de la « primauté légitime de la souveraineté démocratique du peuple » et de son « effectivité intrinsèque», libre de tout assujettissement à quelque État que ce soit.
***
Pour ce faire, réunir une « assemblée constituante » n’a pas, en effet à être remis à plus tard ni ne nécessite d’interminables discussions. Nous pouvons faire l’union de nos forces dès maintenant en décrétant que toute notre députation réunie, siégeant séparément depuis toujours à Québec et Ottawa, est la constituante qu'il nous faut. Dès lors, une coalition de souveraineté s’engagerait électoralement à mettre au pouvoir un gouvernement mandaté par le peuple pour réunir à Québec toute notre députation sous constituante avec le mandat de rédiger la constitution primordiale de la « République démocratique du peuple souverain du Québec » qui créerait l’État valide et souverain, fondateur de tout ce qui pourrait découler des principes présidant à cette fondation.
En fondant d’abord l’État, nous éviterions la division inutile de nos forces à propos de ce que devraient être ou ne pas être les clauses d’une constitution.
Proposer de remettre à plus tard l'union de nos forces ne pourra que faire des prochaines élections une répétition de celles de décembre 2008 ; des élections où chaque parti a fait passer ses intérêts électoralistes devant les intérêts supérieurs de la nation. Ce qui ne pourra que démoraliser tout le monde et accréditer l'idée que rien ne pourra jamais changer tout en justifiant la démission, le scepticisme, l'absentéisme militant et l'abstentionnisme électoral.
L'union de nos forces doit être notre motivation pour frapper vraiment fort et véritablement passer à l'action. Pour l’heure, il n'y a rien d’autre à débatte. Le reste devra être remis entre les mains de la constituante, formée par la réunion au Salon rouge de l'Assemblée nationale, de toute la députation du peuple souverain du Québec siégeant à Québec et à Ottawa et obligée de le faire séparément depuis toujours.
L'État du Canada peut à défaut, prétendre qu'il est légitime, parce que la députation du peuple souverain du Québec se serait peut-être prononcée en sa faveur si elle avait été réunie à l'époque. Mais si cette députation était majoritairement souverainiste, ce que nous devons réaliser en nous unissant pour obtenir cette majorité et la réunir non plus virtuellement comme l'a fait Pierre Elliott Trudeau, mais réellement, nous pourrions le faire mentir et voir s'effondrer la seule légitimité que le Canada puisse encore mettre de l'avant.
Nous devons, en tant que peuple, enfoncer ce clou afin d’invalider tout État qui ne se soumettrait pas à nos voix. Pour cela, nous devons unir nos forces avant les prochaines élections.
C'est maintenant qu'il faut agir.
Claude G. Thompson
Réponse à Monsieur Le Hir « POUR SORTIR DE L’ORNIÈRE (2) »
Nous devons unir nos forces avant les prochaines élections
Proposer de remettre à plus tard l'union de nos forces ne pourra que faire des prochaines élections une répétition de celles de décembre 2008
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
30 avril 2010Je ne sais pas si nous assistons simplement à un effet de mode ou à un nouveau phénomène de fond qui durera dans le temps, mais il me semble qu'il se dessine, depuis quelque temps sur « Vigile », une démarcation, de jour en jour plus nette, entre défenseurs des élites institutionnalisées péquistes/bloquistes qui identifient leurs adversaires comme étant les « fédéralistes », et un nouveau courant que l'on pourrait nommer, par exemple, les républicains-indépendantistes qui comprennent de plus en plus que cet adversaire n'est pas tant fédéraliste qu'impérialiste et néo-colonialiste.
Loin de moi l'idée de participer de bon gré à cette opposition mais force nous est d'admettre qu'un changement de paradigme s'impose afin de contrer ce véritable ennemi. Identifier correctement l'adversaire et se positionner tout aussi correctement face à lui, n'est-ce pas déjà une avancée dans notre lutte commune ?
En ce début de 21e s., faire la promotion du républicanisme et insister sur l'urgente nécessité de nous doter d'une Constitution résolument républicaine, m'apparaît tout à fait sain et a le mérite de donner un véritable sens à notre désir d'émancipation nationale.
Grâce à la « vigilance » de l'administration de ce bien nommé site, plus précieux que jamais ( mille fois merci, Monsieur Frappier ), que ce débat continue à se mener de façon civilisée. Je suis confiante que nous arriverons à une entente et ensemble à bon port.
Mais qu'on se le tienne pour dit, le Parti québécois de Pauline Marois, à environ deux ans des prochaines élections nationales, ne peut plus se prétendre le seul détenteur de la cause nationale. Si nous prenons la décisions de tenir des États-généraux, de nous doter d'une Constitution bien à nous, nous le ferons avec ou malgré le Parti québécois. Si la voie à suivre est bien celle de la République, rien ni personne ne pourra nous en empêcher.
Vive la République libre du Québec !
Danièle Fortin
Raymond Poulin Répondre
30 avril 2010Totalement d'accord: d'abord l'union trans-partisane, ensuite l'invalidation, par le peuple québécois, de l'État canadien et de la Couronne britannique, qui ne se sont jamais soumis à la souveraineté démocratique du peuple québécois, et fondation de l'État québécois (la République québécoise, s'entend). L'État, c'est d'abord l'ensemble du peuple, pas l'appareil gouvernemental. Seule ombre au tableau: la difficulté à réaliser l'union des forces indépendantistes que, pour le moment, on devrait plutôt appeler des faiblesses indépendantistes.
Georges-Étienne Cartier Répondre
30 avril 2010Bien d`accord avec ce qui précède (G.B.Tremblay inckus ).
Archives de Vigile Répondre
30 avril 2010Le seul clivage gauche/droite est celui des extrémistes gauche/droite. Il est minoritaire.
Les extrémistes sont minoritaires.
La majorité est cappable de mettre de l'eau dans son vin dans l'intérêt fondamental de la nation québécoise.
Loyauté à la nation québécoise. C'est la seule valeur qui compte en ce moment.