Non à la «gouvernance souverainiste» de Mme Marois!

De son discours ne passent que critiques et remontrances, attaques étriquées, sur un ton déplaisant et suffisant... si bien que les gens ne l'écoutent plus.

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Le Quotidien, Jeannot Lévesque - Pauline Marois tient à son projet de gouvernance souverainiste au sein d'un Canada fédéraliste et centralisateur. Ne peut-elle pas comprendre que c'est le meilleur moyen de démotiver ceux qui voudraient préparer le Québec à son indépendance?
Vouloir gouverner provincialement le Québec pour qu'il devienne souverain est une grave erreur. La gouvernance provinciale du souverainisme dans une fédération très centralisatrice s'avère être une aberration. On y a cru. On l'a essayée: rappelons-nous le beau rêve, l'étapisme, l'affirmation nationale, et l'attente de conditions gagnantes. Ce sont de fausses pistes, le Québec n'est toujours pas indépendant.
Madame Marois sait très bien que si elle demande des réformes administratives et constitutionnelles à Ottawa, elle se fera dire non. Provoquer une crise majeure avec le Canada pour faire gonfler l'appui à la souveraineté, c'est mal comprendre la mentalité du peuple québécois qui en a soupé des crises constitutionnelles et des querelles intergouvernementales. D'ailleurs, dépendre de la volonté du gouvernement fédéral pour amorcer la promotion de l'indépendance, c'est la pire des solutions, celle du désespoir et non celle de l'espoir. Occulter l'objectif de l'indépendance, en attendant, sous prétexte que les gens ne veulent plus en entendre parler, n'est-ce pas le considérer comme un handicap?
Ne pas proposer la rupture dans le contexte fédéral actuel, ce n'est même plus se résigner au statu quo, c'est foncer droit vers l'impuissance, c'est accepter de se faire ratatiner avec le cortège de jérémiades et de récriminations dont les Québécois ne veulent plus! Les citoyens attendraient plutôt du PQ une alternative durable au fédéralisme canadien destructeur. Non, la gouvernance souverainiste n'est pas séduisante: c'est un vague néologisme mystificateur.
Madame Marois a grugé l'immense capital de sympathie qu'elle avait après le départ d'André Boisclair. Qui peut oublier son attitude belliqueuse à l'Assemblée nationale, son incapacité à faire connaître et à vendre le programme de son parti, sa malencontreuse prise de position concernant l'amphithéâtre de hockey de Québec, tellement électoraliste et si peu sociale-démocrate, son retard à réagir dans les grands dossiers, gaz de schiste, effondrement partiel du viaduc Ville-Marie, compensations gouvernementales pour les inondés de la Montérégie, révision de la loi sur les redevances minières, augmentation des frais de scolarité pour les étudiants, etc.? De son discours ne passent que critiques et remontrances, attaques étriquées, sur un ton déplaisant et suffisant... si bien que les gens ne l'écoutent plus.
Madame Marois n'est pas à la bonne place. Elle a redressé les finances du parti, elle a d'indéniables qualités d'organisatrice, mais ce n'est pas la personne qui tient le cap, qui dirige en sachant où elle veut mener son peuple. Pour viser le pouvoir, elle tourne avec les vents, mais son message ne passe pas. Sa gouvernance souverainiste est pleine d'ambiguïtés. Sera-t-elle donc la première fossoyeure d'un parti politique au Québec, la fossoyeure de l'avenir d'un peuple, faute de proposer un véritable projet de révolution politique, fondé sur un travail en profondeur des esprits et des intelligences, loin des calculs politiciens, de la tricherie, du mensonge, du farfinage, des astuces et des stratégies éculées ?
Le PQ ne peut continuer sans une sérieuse remise en question de son identité et de sa raison d'être. Il doit cesser ses errances avant que l'irréversible se produise, et comprendre que Madame Marois, consciemment ou non, conduit la cause nationale et son parti vers un revers historique dont il faudra beaucoup temps pour se remettre.
Le PQ a besoin d'une direction plus visionnaire, sans laquelle il risque de subir le même sort que le Bloc Québécois et de disparaître de la carte politique du Québec. Un grand moment de profonde réflexion s'impose.
Jean-Louis Bourque
Politologue
Québec


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