Un chef d'État à la hauteur de sa mission

Nestor Kirchner

Une mort que pleurent l'Argentine et l'Amérique latine

Tribune libre


Tôt ce matin mourait subitement Nestor Kirchner, ex-président de l’Argentine et actuel secrétaire général de l’Union des pays de l’Amérique du Sud (UNASUR). Moins connu que de nombreux autres chefs d’État, il n’en est pas moins un des personnages dont le rôle assumé en Argentine et celui joué dans les diverses instances régionales du Continent aura été déterminant pour vaincre la crise économique en Argentine et rendre possible l’émergence d’une Amérique latine plus intégrée et plus indépendante.
Tous se souviendront du marasme économique dans lequel s’est retrouvé l’Argentine après s’être soumise aux recettes de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) et avoir été victime de la corruption de nombreux de ses dirigeants dont l’ex Président Menem qui en est, sans nul doute, la meilleure illustration.
En 2003, lorsque Nestor Kirchner assume la Présidence, la dette du pays est de 144 400 millions $ et la pauvreté rejoint 60% des 37 millions d’Argentins et d’Argentines. Les anciens généraux qui avaient fait la pluie et le beau temps au milieu des années 1970, avec le retour de la démocratie, avaient été jugés et condamnés à la prison pour les crimes commis. Ce sera sous le gouvernement de Menem qu’ils bénéficieront d’une amnistie, leur ouvrant ainsi la porte de la liberté tout en faisant une croix sur leurs crimes et ceux qui en ont été les victimes.
C’est dans ce contexte qu’il a pris en main les destinés d’un peuple au prise avec autant de problèmes économiques, politiques et sociaux. Peu nombreux étaient ceux qui croyaient en sa capacité de relever l’économie du pays, de lutter contre la corruption et de redonner confiance au peuple. Sur ce dernier point, il a supprimé la loi accordant l’amnistie aux militaires trouvés coupables de crimes, ouvrant ainsi de nouveau la voie à des condamnations. Sur le plan économique il a, entre autres, éliminé la parité entre le peso et le dollar, renégocié à la baisse la dette avec le FMI ainsi que les délais de paiement. Il a agi de telle sorte que l’Argentine a repris le chemin de la croissance et, en dépit des nombreux problèmes sociaux, il a pu reconquérir une certaine paix sociale.
Sur la plan des relations avec les autres pays de l’Amérique latine, il a toujours été un partenaire fiable, ouvert et particulièrement sensible aux conditions permettant de répondre le plus efficacement possible aux impératifs de justice et de compassion pour les plus défavorisés. Lors de la rencontre des pays des Amériques, en 2005, visant à étendre le traité de libre échange nord-américain à l’ensemble des pays de l’Amérique latine, il a été l’un de ceux qui s’y est opposé, se solidarisant ainsi avec le Venezuela, le Brésil et les autres pays émergeants du Continent. L’air de rien, il s’est taillé une réputation d’un chef d’État qui savait décoder les situations géopolitiques et qui avait l’art d’en débattre sans créer la suspicion.
Lui a succédé à la Présidence de l’Argentine, nulle autre que son épouse, Cristina Fernandez de Kirchner qui se révèle être une dirigeante qui sait où elle va et qui a également le doigté qu’il faut pour neutraliser en partie ses adversaires qui cherchent constamment à la piéger. Il ne fait aucun doute qu’il en a été jusqu’à la fin un sage conseiller, sans pour autant faire ombrage à celle qui sait très bien se débrouiller dans ce monde de la politique.
Au moment de sa mort, Nestor Kirchner, était le Secrétaire général d’UNASUR et avait déjà entamé diverses tractations avec les pays membres pour accélérer l’intégration régionale et faciliter la résolution de certains conflits dont celui des relations diplomatiques entre le Venezuela et la Colombie. Dans ce dernier cas les résultats furent concluants puisque les deux pays sont à renouer leurs relations sur tous les plans, politique, économique, social et culturel.
Sa mort subite arrive trop vite et trop tôt. Tous perdent un homme sur qui ils pouvaient compter et dont la présence était hautement respectée et recherchée.
http://latinosstories.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/10/27/sans-nestor-que-va-faire-cristina-kirchner.html
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h8kkqxPWCcMOQbSO7XSLsFFKfb5A?docId=CNG.6f3a9d83e932a2a449b31b0069b28f13.4b1
Oscar Fortin
Québec, le 27 octobre 2010
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 novembre 2010

    Pour avoir été sur place au moment du décès, la foule s'est littéralement réjouie du la malheureuse nouvelle! Ainsi est le peuple argentin... heureux du départ de leur ex-président. Se fier aux images de la télévision argentine est une grave erreur d'interprétation du sentiment populaire. la corruption fait partie intégrante du gouvernement actuel et détruit petit à petit toutes les richesses du pays.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2010

    Monsieur Perez, je ne sais de quoi vous vivez et de quoi se nourrit votre esprit. Il y a quelque part dans certains de vos écrits une ignorance crasse, un désir intense de désinformation. J'ai passé une partie de la journée à regarder cette foule s'étendant sur plus 15 "cuadras" (blocs de rues)pour défiler devant la dépouille d'un homme qui leur a redonné de la dignité, les a sortis du marasme économique dans lequel les avaient plongés le FMI et les gouvernements corrompues qui s'enrichissaient avec l'argent ainsi distribué. Il a redonné à la justice ses cartes de noblesse en annulant la loi d'amnistie contre les militaires qui avaient arrêté, emprisonné et tué des dizaines de milliers de personnes. Vous n'étiez sans doute pas là pour signaler ces crimes contre les droits les plus fondamentaux des personnes. Lorsqu'un ex chef d'État reçoit un hommage de cette envergure de la part de tout un peuple et je dirais de tout un Continent, il y a de quoi faire réfléchir les esprits tordus. En passant, M. Nestor Kirchner a été élu et non placé en poste, comme au Honduras, par l'armée et les oligarchies qui les soutiennent. Avec tout mon respect et dans l'espoir que vous sortiez un jour de votre isoloir idéologique. Je trouve dommage qu'il en soit ainsi, car sur d'autres sujets il m'arrive de vous lire et je trouve parfois que vos observations ont du sens. Ce n'est malheureusement pas le cas pour vos écrits sur l'Amérique latine. C'est sans doute que vous êtes en mission commandée.... De toute manière le jugement des lecteurs et lectrices de Vigile saura à quoiles éclairer.

  • Serge Charbonneau Répondre

    28 octobre 2010

    Une fois de plus, Monsieur Perez, vous nous faites la démonstration que le ridicule ne tue pas.
    C'est tout le continent sud-américain qui pleure Nestor Kirchner.
    Dommage que nos services d'information "officiels" boudent ce triste événement.
    Je vous invite à regarder TeleSur.
    Vous y verrez toute l'importance que ce politicien avait pour son pays et pour tout ce continent latino-américain.
    http://www.telesurtv.net/noticias/afondo/index.php?ckl=275
    Serge Charbonneau
    Québec
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    28 octobre 2010

    Ne pleure pas pour lui, Argentine
    Au lieu de se consacrer à vanter les tyrans, les dictateurs et la corruption institutionnalisée qui détruisent les pays et anéantissent l’économie nationale où ils gouvernent, ce qu’il faut faire c’est défendre la LIBERTÉ, la DÉMOCRATIE et le PROGRÈS des peuples hors du COMMUNISME, le SOCIALISME et les GOULAGS des MAFIAS qui s’érigent en représentants des intérêts du peuple pris dans le piège des idéologies autodestructives, telles que l’Histoire nous les a révélées.
    JLP

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2010

    Une petite colonne en bas de page de l'Édition du Devoir d'aujourd'hui juste à coté d'une autre petite colonne disant que Ben Laden menace la France, nous avons cette dépêche d'AFP:
    En bref - Nestor Kirchner est mort
    Agence France-Presse
    Buenos Aires -- L'ancien président argentin Nestor Kirchner (2003-2007), mari de l'actuelle chef de l'État, Cristina Kirchner, est mort subitement d'une crise cardiaque dans son fief d'El Calafate, a confirmé hier son médecin personnel, qui a confirmé que l'homme fort de l'Argentine du début du XXIe siècle avait été victime d'une crise cardiaque et qu'il n'avait pas été possible de le réanimer.«Nous avons perdu un patriote», a déclaré pour sa part le député du parti au pouvoir et proche de M. Kirchner, Juan Carlos Dante Gullo. «J'espère que nous saurons comprendre ce que représente et ce qu'a représenté Nestor Kirchner», a-t-il poursuivi. Député, président du parti péroniste au pouvoir et secrétaire général de l'Union des nations d'Amérique du Sud (UNASUR), Nestor Kirchner avait subi en septembre une intervention pour déboucher une artère.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2010

    Une précision: la fin de la parité du peso avec le dollars Us a précédé ( 6 janvier 2002) l'arrivée de N.K. à la présidence. Je vous réfère à la chonologie des principaux évènements qui ont conduit l'Argentine à la crise de 2001 et aux initiatives du président Kirchner à partir de 2003 pour la surmonter.
    http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/argentine/chronologie.shtml

  • Serge Charbonneau Répondre

    27 octobre 2010

    Un grand MERCI, Monsieur Fortin pour cet excellent résumé de ce qu'a été Nestor Krichner.
    Son décès est une triste nouvelle, non seulement pour l'Argentine et l'Amérique latine tout entière, mais aussi une immense perte pour la politique humaniste.
    Nestor Kirchner était un Homme de coeur qui a su mettre l'économie au service de sa population et qui a su mettre en place des politiques visant à sortir de leur marasme les plus pauvres de son pays.
    Nestor Kirchner, un homme de coeur.
    J'offre mes sincères sympathies au peuple argentin et souhaite beaucoup de courage à Mme Fernandez pour continuer la gouverne de son pays.
    Serge Charbonneau
    Québec