«Ne touchez pas à la loi 101!» Ce slogan, les souverainistes l'ont brandi chaque fois qu'un gouvernement envisageait des amendements à la Charte de la langue française. Cette fois-ci, c'est la chef du Parti québécois qui veut «remettre sur la planche à dessin» la législation linguistique. Et c'est la majorité généralement silencieuse qui devrait exiger qu'on ne touche pas à la loi 101 pour y apporter les «changements majeurs» promis dimanche par Mme Marois. Tout ce que produirait cette «nouvelle loi 101», c'est une nouvelle querelle linguistique.
Depuis l'adoption de la Charte, il y a 30 ans, chaque modification au texte a suscité des débats déchirants. Le père de ladite loi, Camille Laurin, en a conclu que la voie des changements législatifs n'était plus fructueuse. «En raison des très importants progrès effectués, nous partons du principe qu'il ne faut légiférer que lorsque c'est vraiment nécessaire», disait M. Laurin en 1996. Or depuis ce temps, bien que le PQ et l'ADQ ne cessent de parler du «recul du français», la plupart des indicateurs du suivi linguistique révèlent une évolution positive.
Il y a bien quelques flottements qui nécessitent des ajustements: laisser-aller dans certains commerces de Montréal, nombreux emballages en anglais seulement (comme le montre notre reportage en page A2-A3), offre excessive de services en anglais dans l'administration publique. Mais rien de tout cela ne nécessite qu'on modifie le libellé élaboré par le Dr Laurin.
Mme Marois a réitéré en fin de semaine que les mesures de francisation des entreprises «vont s'adresser à toutes les entreprises et à tous les commerces, grands comme petits». Il existe 237 000 entreprises au Québec, la grande majorité comptant moins de 20 employés. Quelle bureaucratie un gouvernement du Parti québécois mettrait-il en place pour vérifier la situation linguistique dans cette myriade de compagnies? Tout ça pour apprendre ce que l'on sait déjà: dans la très grande majorité des entreprises, les employés travaillent en français. Est-il utile d'exiger de la station-service de Saguenay de produire un certificat de francisation?
Le Parti québécois laisse entendre que sous sa direction, l'application de la loi ne dépendrait plus des plaintes des citoyens, en ce qui a trait par exemple à l'affichage ou au service en français. C'est donc l'État qui prendrait à sa charge tout le travail de vérification de la situation linguistique. Encore là, quel gaspillage! Plutôt que des campagnes ciblées visant à régler les problèmes particuliers qui subsistent, Mme Marois propose des changements législatifs tous azimuts qui seront nécessairement coûteux, inutiles et controversés.
«Il est temps que l'on respecte les Québécoises et les Québécois!» a lancé la chef du PQ en fin de semaine. Qui ça, «on» ?
C'est aux Québécois francophones que Mme Marois devrait s'adresser. S'ils respectaient leur langue davantage, ils s'efforceraient de mieux la parler, la rendant ainsi plus séduisante aux yeux des nouveaux arrivants. Et ils ne passeraient pas automatiquement à l'anglais dès qu'ils se trouvent en présence d'un anglophone ou d'un allophone. Une telle attitude de fierté enverrait un message beaucoup plus fort que la «nouvelle loi 101» dont rêve le PQ.
Ne touchez pas à la loi 101
Tout ce que produirait cette «nouvelle loi 101», c'est une nouvelle querelle linguistique.
Du prattouillage comme on l'aime: pas de crise, donc pas de gestion de crise; il n'y a que des mal-parlants français, coupables de déficit de fierté...
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
30 avril 2008Je ne crois pas que ce soit nécessaire de surveiller tous les 237,000 commerces à la grandeur du Québec, mais seulement ceux dans les zones connues pour leur anglais: Montréal et les environs. Il y a bien certains commerces ici et là ailleurs au Québec qui auraient besoin d'un coup de pouce pour les guider dans la bonne direction. Cependant, c'est dans la métropole que le français se fait le plus malmener, qu'il se fait le plus ignorer et écraser. C'est là que les efforts de francisation devraient se concentrer. C'est là que les nouveaux arrivants pourront constater que ça se passe en français au Québec. Le message du PQ n'est pas de dénaturer la Loi 101, chose contre laquelle les militants souverainistes se sont toujours opposés. Il s'agit bien de donner du mordant à cette loi et lui rendre son éclat d'origine.
Archives de Vigile Répondre
29 avril 2008Il est tordant ce Pratte. Il manie le sophisme et le raccourci en même temps, un vrai acrobato-funambule. Polyvalent le mec. Et je crois même qu'il pense sérieusement que nous avons tous une poignée cousue-main dans le dos.
En effet, Camille Laurin a bien dit en 1996 qu'« En raison des très importants progrès effectués, nous partons du principe qu’il ne faut légiférer que lorsque c’est vraiment nécessaire ».
Mais quand cela sera-t-il nécessaire ? Maintenant c'est nécessaire. Parce que curieusement les analystes de la langue ne voient pas que les choses vont pas aussi bien que l'affirme Pratte. Alors quand c'est nécessaire, légiférons, ce qui respecte parfaitementla pensée du bon docteur...
Évidemment pour Pratte ce ne sera jamais nécessaire, parce que les lunettes obstinément rose bonbon qu'il porte l'aveuglent. On aimerait bien savoir pourquoi il s'obstine. Par pure partisanerie ? Probablement. Et puis que voulez vous, quand on mange dans l'auge de Desmarais le notoire mange canayen, on ne peut s'attendre à d'autres raisonnements que ceux, abscons, que sert Pratte avec obstination à longueur de semaine dans son torchon.
Mais non, laissez vous manger la laine sur le dos bande de baptistes. Rénover la Loi 101, faites pas ça voyons donc, les anglais sont contre. Et ils vont en être chagrinés. À commencer par le juge unilingue de la Cour Suprême peut-être? Pas grave dirait Pratte, ça vous permettra de pratiquer votre anglais.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
29 avril 2008Cher André!
Chaque modification au texte de la 101 a mené a des débats déchirants: Les Anglos signalent alors le no. de Brent Tyler pour stimuler la Cour suprême!
237,000 entreprises à surveiller? 4,000,000 de francophones pour les rappeler à l'ordre quand ils dérogent!
Se référer au Saguenay pour ridiculiser la protection du français? Devenu le bastion de Harper et des écoles anglaises.
Qui ça "on" doit respecter les Québécois? Tous ceux qui crachent sur nos régionalismes (Trudeau's friends)
Jargon québécois? Les nouveaux arrivants parleront "québécois" si c'est la langue "nécessaire" pour gagner une paye: au Québec, c'est en français (pas pointu) que ça doit se passer et laissons braire Galganov et Nutic...