Montérégie : les sinistrés sacrifiés devant l'autel du capitalisme

Le gouvernement fédéral conservateur VS. les sinistrés de la Montérégie

Tribune libre

Le peuple québécois forme une nation généralement solidaire de ses compatriotes dans le besoin. C’est bien connu. Nous en avons en ce moment un autre exemple avec la belle solidarité dont fait preuve le public québécois envers les sinistrés de la Montérégie. En voyant des gens aller porter secours spontanément à des concitoyens âgés ou dans le besoin, dans le cadre de la dure lutte pour mettre un frein aux dégâts causés par cette catastrophe naturelle, puis en prenant connaissance des grandes opérations de journées de corvées bénévoles qui sont prévues, je suis rempli d’une grande fierté à l’idée d’appartenir à ce peuple, le peuple québécois, qui est toujours près à aider son prochain, peu importe le niveau de malchance qui le frappe.
Malheureusement, tout le monde n’a pas les valeurs à la même place. Peter MacKay, le ministre fédéral de la «défense», était de passage la semaine dernière dans la région sinistrée, principalement pour participer à une séance de photos avec des militaires, un sac de sable à la main et un sourire hypocrite aux lèvres. L’objectif secondaire de sa visite, beaucoup moins sympathique, était de rappeler à la population de la Montérégie qu’une fois le niveau de l’eau revenu à la normale, il va, sans le moindre remord, ordonner aux soldats de retourner dans leurs casernes et laisser les sinistrés s’occuper seuls du grand nettoyage qui suivra. Aux dernières nouvelles, ce sont toujours nos taxes qui financent cette armée, il me semble. Dans ce cas, pourquoi est-ce que de plus en plus de gens ont l’impression qu’elle ne nous sert strictement à rien, cette armée? Si nos soldats n’ont même pas le droit d’aider la population en détresse, alors pourquoi devrions-nous continuer de payer leurs salaires?
Peut-être qu’au fond, le ministre MacKay et le premier ministre Harper ne désirent tout simplement pas voir l’armée aider la «petite populace» qui n’a pas voté pour eux. Est-ce que c’est vraiment ça la démocratie? Peut-être aussi que MacKay ne voit pas les soldats comme des membres d’une force publique pouvant prêter assistance à des concitoyens dans le besoin lors d’un cas de force majeur, comme par exemple, en aidant à nettoyer les dégâts après une catastrophe naturelle. Après tout, de tels travaux humains et personnellement enrichissants cadreraient très mal avec la vision capitaliste et néo-conservatrice de l’armée : une bande de machines à tuer au service exclusif de l’état impérialiste et de la haute bourgeoisie, des machines qui ne servent qu’à réprimer le peuple et à soumettre des nations faibles à l’autre bout du monde!
En passant, sachez qu’il serait vraiment facile de rembourser la totalité des pertes des sinistrés, si le gouvernement plaçait systématiquement les surplus budgétaires dans un fond national d’aide pour les cas d’urgence, au lieu de balancer plus de 30 milliards de dollars par la fenêtre pour quelques avions de guerre inutiles…
Quant au très conservateur ministre de la «sécurité publique», Vic Toews, qui nous dit que «l’armée ne doit pas concurrencer l’entreprise privée»… Pardon!? Qu’est ce que la libre entreprise a à voir dans cette histoire ? Une catastrophe naturelle, des sinistrés, des personnes jetées à la rue qui voient leur vie être ruinée par le mauvais sort : quelle sorte de système de «valeurs» complètement tordu vient donner la priorité à l’entreprise privée dans un tel drame ? Ce que font en ce moment Vic Toews et le gouvernement conservateur, c’est de sacrifier les sinistrés des inondations de la Montérégie devant l’autel du capitalisme, purement et simplement. Du moins, c’est ce qu’ils font, les conservateurs canadiens, en plaçant les intérêts de l’entreprise privée devant ceux d’une population sinistrée et en grand besoin d’assistance en cette période difficile.
Oui, je suis fier d’être Québécois, fier d’avoir les valeurs à la bonne place. Je suis fier de placer la vie humaine devant l’accumulation abstraite de capitaux pour Qualinet et quelques entreprises de constructions privées dont les patrons doivent déjà se frotter les mains en constatant tout les dégâts occasionnés par ce sinistre naturel de grande envergure.
Gabriel Proulx,
co-porte parole du Parti communiste du Québec (PCQ)
[www.pcq.qc.ca->www.pcq.qc.ca]


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé