Bilan des élections fédérales 2011: un désastre pour le Québec

Bilan de campagne d'un représentant du PCQ, collectif de Québec Solidaire

Tribune libre

Un gouvernement conservateur d’extrême droite majoritaire dans le Canada anglais, une opposition officielle conduite par le NPD social-démocrate et ses candidats fantômes «québécois», la voix de 25% des électeurs québécois presque complètement muselée : on se rappellera des élections fédérales 2011 comme d’un véritable désastre pour le peuple Québécois.
En fait, c’est possiblement le pire scénario possible qui s’est concrétisé : un gouvernement conservateur, ennemi du Québec, élu majoritaire par le ROC (Rest Of Canada), alors que le Québec a perdu la seule voix qui défendait véritablement ses intérêts, soit le Bloc Québécois. La cerise sur le gâteau est sans doute l’élection de candidats «poteaux» unilingues anglophones dans des circonscriptions à forte majorité francophone, sans que les électeurs ayant retourné leur veste se soient informés le moins du monde sur les candidats NPD pour lesquels ils ont voté.
Le NPD : une opposition officielle de poteaux
Une journaliste du Devoir a bien résumé la situation : «les québécois ont voté pour le changement, mais aussi, j’en ai bien peur, avec légèreté». Traduction : les québécois et les québécoises ayant choisi cette année de donner leur appui au NPD* l’ont fait de manière impulsive, après le débat des chefs, parce qu’ils ont trouvé «le bon Jack» Layton (ainsi que sa moustache et sa canne) sympathique et qu’ils se sont laissés impressionner par ses quelques promesses vagues pour le Québec, promesses venant tout de même d’un parti centralisateur qui a appuyé la loi sur la clarté, véritable monument du dédain canadien pour la volonté populaire québécoise.
*Il faut exclure de cela, les électeurs qui ont bien réfléchi à leur vote et se sont informés sur leurs candidats avant de voter, ainsi que ceux et celles, au Québec, dont des indépendantistes, qui votaient déjà pour le NPD depuis plusieurs années.
Bien entendu, cette vague orange historique n’aurait jamais été possible sans la complicité des grands médias fédéralistes complices, qui, avec l’aide de quelques initiaux truqués et dénués de toute légitimité scientifique, qui donnaient le NPD en avance au Québec, ont fait le pari de monter les progressistes du Québec les uns contre les autres, liquidant d’abord le Bloc Québécois, détesté des grands médias, avant de démontrer par la suite les faiblesses et les limites du NPD dans le rôle de l’opposition officielle. Les grands médias auront attendu la fin des élections pour aborder de face la faiblesse et l’inaptitude de plusieurs candidats NPD «poteaux» pour représenter les intérêts de leurs circonscriptions respectives. Les grands médias capitalistes canadiens, qui sont tous fédéralistes, espèrent ainsi faire d’une pierre deux coups. Il faut se souvenir que la «vague ADQ» de 2007, elle aussi créée par les grands médias, avait comme but premier de reconduire les libéraux de Jean Charest au pouvoir.
Ne portant aucune attention au travail de terrain acharné effectué par des militants et des militantes honnêtes œuvrant pour le Bloc, les électeurs moyens, fort cyniques et peu politisés, qui ne possèdent pas un esprit critique suffisamment développé pour se forger eux-même une idée politique claire sans «l’aide» des grands médias et de leurs journaleux mercenaires, ne se sont pas informés sur les candidats qu’ils ont appuyé et ont plutôt voté de manière émotive pour des candidats NPD inconnus qui n’ont jamais mis les pieds dans leur circonscription, au nom du «bon Jack». Le lendemain, le réveil fut brutal : des députés unilingues anglais élus dans des circonscriptions francophones; des anglophones d’Ontario, dont certains ne sont présents au Québec que pour le temps de leurs études à McGill, eux-mêmes surpris d’avoir été élus dans des forteresses souverainistes à forte majorité francophone et pour couronner le tout; des candidats fantômes qui n’ont jamais mis les pieds dans les circonscriptions où ils ont été élus et qui auront peut-être besoin de guides pour s’y rendre, à condition qu’ils veulent bien s’y rendre, maintenant qu’ils ont été élus par des gens qui n’ont pas la moindre idée de qui ils sont.
Voici quelques-uns des pires cas dans la catégorie des candidats poteaux élus du NPD:
Dans Berthier-Maskinongé, nous avons sans doute le cas le plus médiatisé et pour cause : la candidate NPD élue, Ruth Ellen Brosseau, est une unilingue anglophone, assistante-gérante d’un bar à Ottawa, qui n’a non seulement jamais mis les pieds dans la circonscription qui lui a été attribuée par le NPD, mais s’est en plus permise des vacances à Las Vegas durant la dernière semaine des élections. Madame Brosseau étant toujours introuvable, les électeurs de Berthier-Maskinongé se demandent encore où est la candidate qu’ils sont censés avoir élu «députée». Ruth Ellen Brosseau résiderait en Ontario, n’a aucune idée d’où se trouve «sa» circonscription de Berthier-Maskinongé et ne semble pas vouloir déménager. Aujourd’hui est la première fois que je vois autant de monde réclamer la démission d’une députée le lendemain de son élection. Bonne chance à la population de Berthier-Maskinongé, qui se retrouve concrètement sans députée et donc sans personne pour représenter leur voix à Ottawa.
Dans Rivière-des-Mille-Îles, une circonscription fortement indépendantiste où se trouvent la ville de Saint-Eustache et l’Église des Patriotes, la population a élu la candidate poteau NPD nommée Laurin Liu, une jeune femme venue de l’Ouest canadien, qui mène en ce moment des études à McGill, à Montréal. Cette jeune femme ne semble aucunement avoir l’intention d’emménager dans Rivière-des-Mille-Îles, une circonscription qu’elle ne connaît pas et où elle n’a jamais mis les pieds et encore moins fait campagne. Il a été rapporté durant la campagne qu’elle aurait essayé à un certain moment de se rendre dans «sa» circonscription, mais qu’elle s’est perdue et s’est retrouvée à Repentigny… Dans le procédé, la population de Rivière-des-Mille-Îles a perdu un excellent député en la personne de Luc Desnoyers, un ancien syndicaliste très proche des travailleurs et défenseur des aîné(e)s. Après Luc Desnoyers, voilà que Rivière-des-Mille-Îles se retrouve maintenant privée de représentant à Ottawa.
Dans Chambly-Borduas, où le candidat indépendant et humoriste connu, Jean-François Mercier, est arrivé 3e avec 7843 votes et 11,3% des voix (imaginez si un candidat du parti Rhinocéros faisait un score pareil, étant donné que la «plateforme» de J-F Mercier, sans vouloir l’attaquer, était une série de farces, ce qui prouve que beaucoup d’électeurs n’ont pas pris très au sérieux leur devoir de vote cette année), la population a élu le candidat poteau Matthew Dubé pour le NPD. Durant toute la durée de la campagne, Dubé, un jeune de 22 ans étudiant à McGill, ainsi que des responsables du NPD, ont systématiquement refusé les appel de la circonscription pour qu’il accorde une entrevue ou qu’il participe aux débats dans la région. La raison est maintenant connue : Matthew Dubé baragouine le français. Un autre candidat anglophone obscur dans une circonscription à majorité francophone, on peut dire que la propagande fédéraliste du «bilinguisme canadien» en prend une fois de plus pour son rhume.
Enfin, dans Verchères-Les Patriotes, la population a élu un candidat poteau NPD, une personne nommée Sana Hassainia, que personne dans la circonscription ne semple avoir déjà vu ou entendu. Questionnés à la télévision, mercredi le 4 mai, 2 jours après le vote, des habitants de cette circonscription ne savaient toujours pas si la personne qu’ils venaient d’élire était un homme ou une femme…
Devant la controverse représentée par l’inaptitude de plusieurs candidats NPD à assumer un rôle de député(e) au Québec, Thomas Mulcair, député d’Outremont et bras droit de Jack Layton au Québec, les a défendu en disant qu’il allait «assumer le choix de tout ses candidats». C’est bien beau qu’il assume ses choix, mais maintenant que la fête est finie et que les habitants de plusieurs circonscriptions ont réalisé qu’ils se sont «fait passer tout un sapin», pour parler en bon québécois, il serait temps que Thomas Mulcair s’excuse auprès des habitants de ces circonscriptions pour le profond manque de respect qu’il leur a témoigné en leur parachutant des fantômes unilingues anglais!
Pour conclure sur ce volet fort triste de ce bilan, il faut rappeler que le NPD a tout de même fait élire plusieurs candidats de bon calibre qui ont mérité leur siège, ainsi que plusieurs candidats poteaux qui, malgré leur inexpérience, ont tout de même le mérite d’être des francophones.
Le système électoral canadien est dépassé et antidémocratique
Alors que le Bloc Québécois a tout de même récolté 25% des voix au Québec, il ne conserve que 4 députés, alors que les libéraux et les conservateurs, qui n’ont reçu respectivement que 17% et 12% d’appuis au Québec, s’en sortent avec 7 députés libéraux et 5 députés conservateurs… Pardon!? Le NPD, de son côté, avec 43% des voix, récolte environ 80% des sièges au Québec. Ces chiffres aberrants démontrent, hors de tout doute raisonnable, que la démocratie que le peuple québécois tente de se construire est tout simplement incompatible avec les règles électorales de la fédération canadienne. Pour faire une comparaison, le système électoral français est loin d’être parfait, mais il est tout de même bien plus démocratique que l’anachronisme incohérent que l’on doit se farcir ici.
Du côté du Canada anglais, il ne faudra pas oublier que les conservateurs réactionnaires de Stephen Harper ont obtenu un gouvernement majoritaire, soit une «carte blanche de la population pour 4 ans», alors qu’ils n’ont récolté que 39,6% des voix. Donc, parce que 39,6% des électeurs inscrits sont allés voter pour les conservateurs, les autres 60,4% de la population canadienne devront «prendre leur trou» et endurer les coups budgétivores du rétrograde gouvernement Harper, pour les 4 prochaines années. C’est à croire qu’avec plus de 49% des voix, le Québec aurait quand même pu la déclarer, son indépendance. Il est à noter que le noyau dur conservateur, soit des libertariens liberticides, des adorateurs monarchistes de la famille royale consanguine d’Angleterre et des groupes évangélistes fascisants, sont ceux envers qui Stephen Harper aura le plus de faveurs à retourner. Cela ne présage rien de bon ni pour le Québec, ni pour la démocratie ailleurs au Canada. Le système électoral «à la britannique» de la monarchie constitutionnelle canadienne n’aura jamais aussi bien prouvé à quel point il est désuet, antidémocratique et n’a tout simplement plus sa place dans une démocratie du XXIème siècle digne de ce nom.
Les craintes légitimes des abus du gouvernement Harper majoritaire
Depuis un bon moment déjà, les grands médias fédéralistes de droite prétendent à ceux qui veulent bien les entendre, que la peur de ce que pourrait maintenant faire le gouvernement conservateur majoritaire ne relèverait que de la plus pure paranoïa ou du réflexe des théoriciens du complot et autres classes d’individus bannis des grands médias, comme le sont par exemple les communistes. À cela, nous répondrons que nul n’a besoin de croire aux complots pour constater les abus massifs perpétrés contre les manifestants pacifiques lors du sommet du G8/G20 de Toronto, l’année dernière. Les policiers de Toronto, avec l’aide de quelques collabos francophones de la GRC en manque d’action, ne s’étaient pas gênés pour arrêter plus d’une centaine de québécois et de québécoises, au petit matin, sans preuve ni doute raisonnable, juste parce que le gouvernement Harper, fanatique du «law and order» style étasunien, leur en avait donné le pouvoir. Même Radio-Canada l’a avoué et rapporté, dans un récent reportage.
Ceci est sans oublier toutes les autres dérives de ce gouvernement, qui avait quand même été défait, il y a un peu plus d’un mois de cela, sur une motion d’outrage au parlement impliquant des mensonges aux élus des autres partis sur des dépassements de coûts et des manquements à l’esprit même de la démocratie. Là-dessus, il faut dire que les grands médias ne semblaient pas trop chauds à l’idée de rappeler ce fait important à la population, trop occupés qu’ils étaient à crier sur toutes les ondes et dans tout les journaux, pour la énième fois, que «le Bloc ne sert à rien».
Le gouvernement Harper est l’un des plus en retard de la planète dans l’action contre la pollution et les changements climatiques; il écrase et fait taire des organismes nationaux neutres qui ne sont pas 100% d’accords avec l’idéologie conservatrice et sa vision (étroite) des choses; il veut mettre en marche une «réforme» du système de financement du parti qui couperait le financement publique des partis politiques et réduirait ainsi encore plus le niveau de démocratie au Canada; il souhaite couper le financement public de la culture et des arts; il est un défenseur fanatique de l’apartheid sioniste israélien (il souhaiterait par ailleurs rendre carrément illégal la critique d’Israël au Canada, une atteinte claire à la liberté d’expression); et enfin, le gouvernement conservateur de Stephen Harper, alors qu’il ne formait encore qu’un gouvernement minoritaire, ne s’est jamais caché pour agir publiquement en véritable colonisé yankee, renforçant la perception que le Canada n’est qu’une colonie des États-Unis et que la culture du Canada anglais n’est qu’une pâle copie de ces mêmes États-Unis impérialistes!
Depuis quelques jours, une catastrophe écologique se déroule au nord de l’Alberta, province exploitante des sables bitumineux, source de pétrole la plus sale du monde. Au nord de cette province, un important déversement de pétrole a lieu, suite à la rupture d’un pipeline. De larges portions des habitants de réserves autochtones proches du lieu du déversement sont tombés malades suite à ce déversement de pétrole dans la nature, des maladies fort possiblement provoquées par des empoisonnements. Ces citoyens ne pourrons pas s’attendre à une grande protection de la part du gouvernement du «Parti républicain du Nord», qui refuse de seulement reconnaître la possibilité que leur empoisonnement massif puisse être relié au déversement de pétrole près de chez eux.
Le Québec et le Canada, deux pays très différents
Pendant que Harper s’en va solliciter la «permission» du gouverneur général du Canada, représentant au pays de la parasitaire monarque d’Angleterre, pour former son gouvernement, et pendant que les fédéralistes fêtent la défaite du Bloc Québécois (qui a quand même récolté plus d’appuis que les libéraux et les conservateurs), un fait très important a été presque complètement laissé à l’écart dans les «analyses» pompeuses des grands médias : jamais il n’aura été aussi évident que le Québec forme une nation bien distincte du Canada, non seulement aux niveaux de la langue et de la culture, mais aussi aux niveaux des valeurs et de l’idéologie politique, le Québec ayant voté massivement pour le NPD, un parti social-démocrate de centre-gauche, alors que le Canada anglais s’est doté seul d’un gouvernement d’extrême droite majoritaire.
Ceux qui prétendent triomphalement que la simple défaite de nos représentants et négociateurs à Ottawa signifierait «la fin des souverainistes» feraient mieux de revenir dans le monde réel. Certains indépendantistes n’ont jamais supporté le Bloc, d’autres n’ont voté pour lui qu’une seule fois, lors de sa création. Depuis, certains ont continué d’aller annuler leur vote, pendant que d’autres ont continué de soutenir le NPD, parti fédéral que certains indépendantistes de gauche soutenaient depuis bien avant la création du Bloc Québécois. C’est quelque chose qui peut se produire dans un mouvement d’indépendance nationale démocratique comme celui du Québec.
Nous, au Québec, nous tenons à nos acquis sociaux, à nos droits, à la bonne santé de notre culture et à la séparation entre l’état et la religion. Au Canada, à la lumière des derniers résultats électoraux, il semblerait que beaucoup de canadiens anglais accordent une plus grande importance aux dépenses militaires inutiles, aux évangélistes, à la pseudo culture «junk food» des États-Unis, à leur famille royale consanguine parasitaire (ils élisent sans problème un gouvernement qui voit d’un mauvais œil les dépenses dans les services sociaux et dans les mesures de sécurité alimentaire et énergétique, mais n’ont rien n’a redire sur les millions de dollars englouties par l’aristocratie artificielle du Canada, sans parler du milliard gaspillé par ce gouvernement dans le but de réprimer sa population à Toronto et aussi de bien paraître devant les chefs des puissances étrangères, ce dernier objectif s’étant soldé par un échec lamentable) et finalement, les canadiens anglophones ne semblent pas avoir de problème avec le fait d’avoir reconduit au pouvoir un parti qui, durant la présente campagne électorale, n’a pas hésité à se faire du capital politique en insinuant que certains militants indépendantistes œuvrant pour le Bloc Québécois étaient des «terroristes».
Le peuple québécois devra rapidement se réveiller, se regrouper et prendre le chemin de l’indépendance, à l’occasion des prochaines élections provinciales prévues pour la fin de 2012 au Québec. Le cas échéant, le gouvernement conservateur de Stephen Harper n’hésitera pas, maintenant qu’il est majoritaire, à nous infliger des reculs sociaux majeurs, des coupures massives en culture et plus généralement, 4 années d’humiliations pour la population du Québec, qui a massivement rejeté son parti réactionnaire d’extrême droite.
La démocratie a perdu une bataille importante contre les grands médias
Durant toute la campagne électorale, il était évident que les grands médias ont fait appel à tout leur arsenal pour induire la population québécoise en erreur et la pousser à faire mal au Bloc Québécois. On sait que les médias ont toujours détesté le Bloc, un fait prouvé par leur obsession, à chaque élections, consistant à crier sur tout les toits que le Bloc «n’a plus d’utilité» ou «n’a plus de pertinence». Cette fois, les grands médias ont innové en moussant, de toutes les façons possibles, la campagne du NPD au Québec (mais pas au Canada anglais, où les patrons des grands médias privés avaient intérêt à voir Harper être réélu).
Après la dernière campagne, il est clair que nous ne pouvons plus exactement parler de démocratie, mais bien de «médiacratie». Les grands médias bourgeois, qui font partie de l’oligarchie au pouvoir, soit l’aristocratie moderne, ont aujourd’hui beaucoup trop de contrôle sur la population, une observation d’autant plus inquiétante qu’ils ne sont plus neutres ou même professionnels depuis longtemps. Toujours dans l’optique d’une démocratie renforcée et à l’abri des manipulations médiatiques, il devrait être à l’avenir interdit de publier des sondages politiques durant les élections. Les sondages n’ont jamais été un outil démocratique indispensable et ils ne le seront jamais, étant aujourd’hui devenus une nuisance.
Un désastre, mais quand même quelques points positifs
Nous pourrons au moins nous réjouir de la déconfiture des libéraux un peu partout au Canada, ainsi que de la défaite, au Québec, du fasciste conservateur «indépendant» André Arthur et des maintenant ex-ministres Lawrence Cannon, Josée Verner et Jean-Pierre Blackburn, tous des individus sur lesquels nous pourrons dire : «Bon débarras!»
À Montréal, on notera la victoire méritée de l’irréductible Maria Mourani, députée bloquiste de la circonscription de Ahuntsic. Dans un Québec indépendant, cette femme aurait un brillant avenir devant elle.
Bon nombre d’adversaires de la cause souverainiste espèrent maintenant que le Bloc mettra la clef dans sa propre porte et se dissoudra. De manière plutôt désolante, certains souverainistes ont aussi commencé à faire écho à une telle idée. Ce serait une erreur majeure, le principe de la « chaise vide » étant le plus souvent la pire des solutions. Ceux et celles qui ont vécu le référendum de 1980, alors qu’il n’y avait aucun souverainiste à Ottawa et que les libéraux de Pierre Elliot Trudeau représentaient la quasi-totalité des circonscriptions fédérales au Québec, se souviendront de comment cela avait finalement joué de manière importante contre les aspirations des Québécois et des Québécoises à ce moment-là. Lors du référendum de 1995, c’était tout le contraire à cause de la présence du Bloc et cela contribua alors au quasi succès. L’histoire est là pour nous rappeler combien il est important que le Bloc subsiste.
Conclusion
La vague impulsive ayant porté le NPD au rang d’opposition officielle à Ottawa risque de déchanter rapidement, une fois que les «changements» du gouvernement Harper majoritaire arriveront à nos portes et que le NPD et sa délégation d’amateurs seront incapables de protéger les intérêts du Québec, impuissants et sans doute trop occupés à faire des concessions pour tenter de séduire l’électorat du Canada anglais. De plus, les grands médias ont déjà commencer à ridiculiser cette formation progressiste, dont ils moussaient hypocritement la campagne il y a une semaine. Le NPD sera le dernier parti fédéraliste à effectuer une percée au Québec. Une fois leurs illusions défaites, les québécois et les québécoises n’auront plus d’autre choix que celui de l’indépendance. De toute façon, il ne fait aujourd'hui plus aucun doute que nous n'avons aucun intérêt en commun avec le reste du Canada.
La perte du Bloc Québécois est malheureuse. Profitant de l’occasion de ce bilan, le PCQ, en tant que collectif reconnu au sein de Québec Solidaire, aimerait respectueusement se dissocier de l’appui donné au NPD par le député et porte-parole de Québec Solidaire, Amir Khadir. Nous pensons que cet appui n’est pas stratégiquement pour le meilleur et que cela pourrait nous donner un air de fédéralistes, ce que Québec Solidaire n’est pas. De plus, il y a fort à parier que la vague NPD, artificiellement créée par les grands médias dans un but précis, qui est de détruire le Bloc Québécois, s’assèchera d’ici un ou deux ans et que les grands médias privés formant la médiacratie, n’ont pas le moindre intérêt logique à aider la prochaine campagne de Québec Solidaire. Notre mouvement de «vague», c’est nous mêmes qui devront le créer.
C’est maintenant l’occasion de réveiller le peuple québécois en lui prouvant, hors de tout doute raisonnable, que les «intérêts» canadiens, réactionnaires et militaristes, sont hostiles aux intérêts québécois, progressistes et pacifiques. Les propagandistes fédéralistes nous parlent du Canada comme d’un pays «grand, riche et puissant», mais ce qu’ils ne voient pas depuis leur tour d’ivoire, c’est que le Canada se dirige rapidement vers un mur de briques. Il est maintenant temps, pour la nation québécoise, de veiller elle-même aux intérêts de son peuple, en prenant le contrôle de sa propre destinée. L’heure heureuse du Québec libre et indépendant est peut-être plus proche que l’on pourrait le penser.
***
Gabriel Proulx, co-porte parole du Parti communiste du Québec (PCQ), Saint-Eustache, 9 mai 2011
[
www.pcq.qc.ca->http://www.pcq.qc.ca/Dossiers/Modeles/index.html?id=Autres/Archives/index&lang=fr]


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2011

    Bonjour à l'équipe de Vigile,
    Pour commencer, je suis heureux de voir que vous avez publié mon texte et j'aimerais vous en remercier.
    Un petit problème par contre : vous avez placé ce texte dans la section «PCC - Parti communiste du Canada». Comme ce texte émane du PCQ, un parti indépendant qui a coupé ses liens avec le PCC en 2005, en partie à cause du fait que le PCC refusait à ses membres québécois le droit d'appuyer publiquement l'indépendance du Québec, il serait bien que vous remplaciez la section attribuée à ce texte par «PCQ - Parti communiste du Québec».
    Merci et solidairement,
    Gabriel Proulx