Mises au point à Monsieur René Marcel Sauvé

Tribune libre 2010



Monsieur Sauvé,
Vous écrivez, suite à mon article Pourquoi il faut être contre les Forces Armées permanentes, une appréciation géostratégique comparant les ressources naturelles du Costa Rica et celles du Québec, ainsi que deux affirmations. La première, en référence à ma connaissance de la Suisse sans tenir compte de ce que je peux connaître de cette Fédération de 26 cantons(1) ; la seconde, concernant la grande sagesse de René Lévesque à propos du rejet d'une force armée permanente pour le Québec :
« Oui monsieur Perez mais Costa Rica n'est pas situé sur un carrefour stratégique comme le Québec. C'est un espace géographique isolé par rapport aux autres régions de l'Amérique centrale. De plus, Costa Rica ne recèle pas de matériaux stratégiques comme l'Afghanistan et le Québec. »
« Quant à la Suisse, vous n'avez aucune idée des dépenses encourues pour la défense territoriale du pays ni des exigences posées aux citoyens pour cette défense. »
« M. René Lévesque m'a déjà lancé Costa Rica au visage pour me dire pas de défense armée pour le Québec. Il a vite déchanté avec la Crise d'Octobre et les menaces répétées d'interventions armées par Ottawa et Toronto contre le Québec. »
***
Monsieur Sauvé, concernant votre position sur la pertinence d'avoir des Forces Armées permanentes au Québec, ces trois mises au point devraient donner un aperçu plus large et logique de la non nécessité de l'implantation de cette force armée au Québec :
A). En ce qui a trait à l'appréciation que vous faites concernant le territoire du Québec comme « … espace géographique isolé… » et à ses ressources naturelles « stratégiques », il n'y a pas une logique de caractère géostratégique requérant une telle force armée : qui oserait envahir, menacer ou occuper le territoire du Québec sans tenir compte de la sécurité des États-Unis et ce que représente cet espace pour la défense de l'Occident ?
1). L'affirmation que vous faites, monsieur Sauvé, à propos de la méconnaissance que j'ai sur la Suisse, disant : « … vous n'avez aucune idée des dépenses encourues pour la défense territoriale du pays ni des exigences posées aux citoyens pour cette défense », m'incite à vous dire ―comme je l'ai déjà fait suite à une autre de vos incartades à mon endroit― que cette sorte de stratégie de raisonnement « intellectuel » qui frise l'insulte, est employée pour se donner de l'importance en « voulant » diminuer la capacité de l'autre. La connaissance que je peux avoir sur la Suisse ne dépend que de mes capacités, et non de votre appréciation à mon endroit.
2). Monsieur Sauvé, il n'est point nécessaire de répéter que l'ex premier ministre du Québec, le regretté René Lévesque, ayant été un correspondant de guerre pendant de nombreuses années, savait très bien de ce dont il parlait concernant le rejet catégorique d'avoir une force armée permanente pour le Québec. À propos du « déchanté »-ment de René Lévesque en rapport « …avec la Crise d'Octobre et les menaces répétées d'interventions armées par Ottawa et Toronto contre le Québec. » cela ne tient simplement qu'à votre appréciation personnelle.
Imaginons pour un instant le scénario belliqueux de l'intervention des Forces Armées du Québec contre les Forces Armées d'Ottawa dans la Crise d'Octobre 1970, et que cet affrontement compte sur un minimum de 50% de la population du Québec en faveur de l'intervention armée d'Ottawa.
Dans un tel scénario, quel serait, selon vous, le résultat de cet affrontement armé entre le Québec et Ottawa ? Veuillez sil vous plaît nous donner une réponse afin de pouvoir élucider cette question. En attendant, je me permets d'avancer la mienne qui se résume ainsi : une guerre fratricide, un territoire détruit et parsemé de milliers de morts innocents, de milliers de mutilés, une haine à tout jamais ancrée dans l'âme des vaincus ―qui ne seront autres que des Canadiens français―, en plus des frais de guerre de plusieurs milliards de dollars et la réalisation de l'indépendance du Québec ne serait plus qu'une chimère pour les rêveurs des causes perdues.
René Lévesque rejetait la création d'une force armée au Québec, une appréhension que je partageais avec lui en raison de son expérience acquise tout au long de sa vie professionnelle et politique ; quant à moi, cette appréhension provient, en autre, du vécu familial en Espagne pendant la Guerre civile de 1936-1939 et de mon enfance durant la post-guerre 1945-1955.
Ces deux passages extraits de la biographie de René Lévesque peuvent synthétiser la raison du rejet qu'il manifestait pour la constitution d'une Force Armée au Québec :
En 1944, l'American Psychological Warfare Department de l'armée américaine cherche des journalistes parlant plusieurs langues pour les besoins d'une radio internationale en Europe, la Voice of America. Bien qu'il soit opposé à la conscription, cela ne l'empêche pas de se porter volontaire, (l'armée canadienne lui ayant refusé un poste d'officier, en tant que correspondant). Au début de l'année, René est engagé comme agent de liaison pour le compte de l'armée américaine et se rend à Londres, alors bombardée chaque jour par les V1 allemands.
Attaché aux forces américaines, il est des campagnes militaires de France, d'Allemagne et d'Autriche. En février 1945, il devient correspondant de guerre pour les troupes du général américain George Smith Patton puis du général Alexander McCarrell Patch. Il accompagne la première unité américaine qui atteint le camp de concentration de Dachau. Il sera profondément bouleversé par ce qu'il y verra (information transcrite de Wikipedia).
Jean-Louis Pérez
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1. Pourquoi la Suisse n'a pas besoin des forces armées permanentes et qu'elle est un autre exemple pour le Québec : la Suisse a une longue tradition de neutralité politique et militaire abritant dans son territoire de nombreuses organisations internationales, sans oublier ses sociétés multinationales présentes dans tous les pays du monde et les milliers de sociétés financières à l'abri dans son système bancaire considéré par le GAFI comme étant un paradis fiscal. Alors les « … dépenses encourues pour la défense territoriale du pays… » et les « … exigences posées aux citoyens pour cette défense » sont des pinottes et du folklore de dimanche.
Auteur : Jean-Louis Pérez


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010


    J'ai abordé cette question depuis plus de 40 ans et j'ai proposé une solution détaillée et exposée dans le Journal Le Jour, fin 1977.
    Ces articles n'ont rien perdu de leur pertinence. De plus, je suis allé en Angleterre et en Allemagne pour négocier les achats d'armes.
    Ces mesures ont fait reculer le gouvernement Trudeau, qui a retiré ses menaces.
    Aujourd'hui, la presque totalité des Québécois membres des Forces Armées Canadiennes vont intervenir dans l'éventualité d'une tentative de coup de force contre le Québec.
    Seulement, j'espère que vous avez assez de jugement pour savoir qu'un militaire et un membre de la GRC déterminé à appuyer l'indépendance du Québec ne va pas l'étaler au grand jour ni à la face de ceux qui n'ont aucun jugement.
    De plus, j'ai travaillé et je travaille encore pour instruire les Milices patriotiques du Québec.
    J'ai risqué 40 ans de prison pour avoir publié les documents secrets qui ont tué dans l'oeuf au moins trois tentatives d'intervention armée contre le Québec, malgré le fait que j'avais une femme et six enfants.
    Ce n'est pas pour rien qu'on m'a octroyé le prix Chevalier De Lorisimier cette année et je travaille encore dans le silence malgré mes 80 ans passées.
    Pouvez-vous en dire autant, vous qui pelletez de la boucane?
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010

    « Le Costa Rica est une dictature capitaliste d’extrème -droite qui attire les riches dans leurs bananières. »
    Voilà une belle piste de réponse de Tétraèdre à ma question sur l’article d’origine de cette polémique : « Qui finance le Costa Rica? » Ben voilà : Les bananières! Le deuxième aliment le plus consommé au monde! Dole, Chiquita, on les oublie, tellement le tourisme (pseudo-écolos en poursuite nocturne des tortues en train de pondre) sert bien de couverture à cette industrie nord-américaine! Et n’essayons surtout pas de nous approcher des entrepôts… les policiers (qui ne sont pas une armée) vous barrent la route sans ménagement. Mais cette question s’estompe derrière le show de boucane du géographe qui étale ses états de service pour éviter la question sur un affrontement militaire entre le Canada et le Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2010

    Le Costa Rica est une dictature capitaliste d'extrème -droite qui attire les riches dans leurs bananières. Tous les pays de ces riches rassemblés défenderaient le Costa Rica en cas d'agression .
    La Suisse également rassemlle les fortunes d'Europe et jamais ces pays n'attaqueraient la Suisse même Hitler n'a pas osé attaqué la Suiise étant la Banque des riches allemands .
    Pour ce qui est d'une armée pour le Québec mieux vaudrait un service civil régional, national et international axé sur le développement ou les jeunes Québecois passeraient trois ans dans une région ou dans un des pays de leur choix .
    aujourD,hui les guerres ne se gagne plus avec des armées de robots mais avec des gens instruis et même des guerre cybernétiques .

  • Charles Laflamme Répondre

    4 août 2010

    Il semble avoir une lecture différente de ce que je fais d'une affirmation de René-Marcel Sauvé.
    ''...mais Costa Rica N'EST PAS situé sur un carrefour stratégique COMME LE QUÉBEC...'' Que je lis en comprenant que Monsieur Sauvé dit que le Québec est différent du Costa Rica.
    ''C’est un espace géographique isolé par rapport aux autres régions de l’Amérique centrale.'' Ici on parle du Costa Rica, pas du Québec.
    Alors pourquoi écrit-on:''En ce qui a trait à l’appréciation que vous faites concernant le territoire du Québec comme « … espace géographique isolé… »''
    Après un Référendum ou tout autre procédure en droit de l'État établissant la légitimité du Québec à se gouverner comme indépendant ça n'est pas à un sondage ou toute autre entourloupette du Canada de décider si l'armée du Canada est bienvenue sur le territoire Québécois.
    La suisse est une armée!
    C'est peut-être ce qui lui a permis de rester neutre. Et ne serait-ce pas plutôt pour cela que les organismes internationaux s'y abritent? Et pourquoi les allemands ne l'ont pas envahie. La Suisse aurait-elle eu ce parcours de l'histoire si elle n'avait pas eu cette armée de milice?

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2010


    Monsieur Perez
    Je n'ai en aucune circonstance recommandé une Force Armée
    Permanente pour le Québec indépendant.
    Je ne suis ni plus fin, ni plus intelligent ni plus futé
    que vous mais j'ai un vécu de plus de 60 ans, dont
    vingt huit ans de service comme officier de l'armée canadienne (que je ne recommande aucunement comme modèle), y compris service en Europe, notamment en Allemagne, en Autriche ou j'ai étudié, en Angleterre, en Hollande, en Belgique et en Suisse.
    De plus, j'ai servi pendant trois ans en Afrique Equatoriale, pour la fondation du Collège Militaire de Teshie au Ghana et les officiers que j'ai formés ont servi avec intelligence et pertinence dans les guerres d'Afrique. Selon le général Dallaire, les Ghanéens étaient les meilleures troupes au Rwanda mais pas assez nombreux.
    J'ai de plus servi a Chypre dans le col de Kyrenia et en Israêl.
    Je milite pour la cause depuis 50 ans, d'abord avec l'Alliance Laurentienne, puis le RIN et le PQ et j'ai été cchargé de recherches en matière de défense territoriales, i
    recherches qui m'ont conduit a entrer en relation avec les autorités militaires suisses, suédoises et finlandaises et qui m'ont appris que les systèmes de défense territoriales sans armèes permanentes, mais non sans professionnels de la défense, se sont largement inspirés d'Antoine Henri Jomini, général suisse, qui s'était inspiré de la Nouvelle France, dont le système de défense mis au point sous Louis XlV était adapté en fonction des conditions spécifiques de la vallée du Saint Laurent.
    J'ai enseigné géopolitique et principes de stratégie d'État pendant presque vingt ans après ma retraire de l'armée dont 17 ans a Toronto, comme prof invité.
    Nul doute monsieur Perez que vous avez des lettres, de la culture et de la littérature. Certainement beaucoup plus que moi qui ne suis qu'un individu peu cultivé. Mais j'ai du métier en matière d'État et de défense territoriale et vous ne pouvez me l'enlever. Je sais ce que je fais et ce que je dis. étant directement impliqué depuis très longtemps.
    Je n'écris pas pour plaire a personne, seulement pour donner des indications, des pistes et des avis au sujet d'une question epineuse entre toutes: celle de la défense territoriale.
    La différence, j'ai été impliqué avec presque tous les prédécesseurs et je connais leur état d'esprit, SANS LES DÉPRÉCIER AUCUNEMENT, ce qui est très difficile pour des hyper-émotifs qui s'émotionnent avec peu de choses.
    A bon entendeur, salut.
    JRMS