Oui, je revendique l’honneur d’être une femme libre qui lutte pour la liberté

Puisqu’ils en réclament orgueilleusement la gloire, qu’ils sachent aussi en subir humblement le blâme.

Tribune libre 2010

Comme toutes les femmes dignes de l’être, conscientes de la longue histoire universelle de l’état d’infériorité et de dépendance dans lequel tous les pouvoirs ont voulu les maintenir, avec un complet succès jusqu’à très récemment, je suis féministe et je suis fière qu’on me reconnaisse comme telle.
Cela dit, comme on ne peut-être à la fois au four et au moulin, je n’ai jamais été une féministe militante, mon combat pour l’indépendance du Québec m’apparaissant primordial et requérant toute l’énergie que mon travail alimentaire et le soin de ma famille me laissaient.
D’ailleurs, il est facile de vérifier que mon nom n’est jamais mentionné dans aucune histoire du mouvement féministe.
Ce qui me peine, car je crois sincèrement que la liberté est une et indivisible et que lorsqu’on lutte pour une forme ou l’autre de ses états, on contribue à l’émancipation de tous.
Ainsi, il m’apparaîtrait sensé que tous les indépendantistes soient féministes et tous les féministes, indépendantistes.
Il me semble relever de la connaissance de notre histoire et non d’une quelconque idéologie de constater que nos « supposés combattants », les chefs comme les soldats, n’ont jamais mené la lutte jusqu’au bout de ses possibilités. La grande et magnifique exception est Chevalier De Lorimier qui, sur le gibet, revendiquait encore l’honneur de s’être battu pour sa patrie et de mourir pour elle.
On est loin ici des reculs sur l’objectif des fondateurs du PQ et de tous ceux qui par vanité personnelle ont abandonné le navire. Je ne crois pas nécessaire de les nommer, certaine que vous les aurez reconnus
Il arrive que dans tous les cas, ceux de la bravoure et ceux de la lâcheté, ce sont des hommes qui, en très grande majorité dirigent le combat, encore aujourd’hui. C’est un fait sociologique. Puisqu’ils en réclament orgueilleusement la gloire, qu’ils sachent aussi en subir humblement le blâme.
Andrée Ferretti.

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Andrée Ferretti124 articles

  • 121 194

"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 novembre 2010

    Moi, je les trouve admirables — les femmes — elles ont tout plein de qualités que l'on a pas.
    Mais ce que certaines peuvent m'emmerder des fois, pouvez pas savoir !
    André Vincent

  • Archives de Vigile Répondre

    24 novembre 2010

    Vous n'êtes peut-être pas une féministe militante mais vous n'êtes pas non plus une féministe constructive. Il ne faut pas tout mettre sur le dos des hommes comme JJC met tout sur le dos de Madame Marois... Agir ainsi c'est démontrer sa propre incapacité à construire...

  • Serge Charbonneau Répondre

    23 novembre 2010

    Veuillez excuser mon impertinence, mais je trouve ce débat sexiste-indépendantiste ridicule.
    Vraiment.
    Parenthèse:
    Bien sûr, il y a eu les «Yvettes».
    Elles nous ont fait perdre le référendum.
    Mais, il faut l'avouer, au niveau "stratégique", c'était une excellente manœuvre.
    Les fédéralistes, comme la droite en générale, ne manquent jamais l'occasion de saisir à la volée, tout ce qui passe. La récupération démagogique est une de leur force.
    Fin de parenthèse.
    Pour en revenir au sexe. Homme ou Femme, moi, dans les idées et dans la vie je n'ai jamais senti et ressenti de différences. Il n'y a qu'au lit où les différences je les sens et chaque fois je m'en réjoui. Vive la différence… au lit!
    Serge Charbonneau
    Québec
    P.S.: J'approuve totalement le commentaire de M. Érick Frappier
    P2.S2.: J'aimerais bien avoir votre avis sur la proposition de signature massive d'une Déclaration citoyenne pour l'Indépendance, Mme Ferretti.
    Depuis le temps que je vous le demande en privé, je vous le demande maintenant en public.
    Pourquoi donc le lancement d'une campagne de signatures massives pour faire reconnaître le Québec Souverain et Indépendant du Canada est-elle folle ?
    http://www.vigile.net/Signer-massivement
    Est-ce impossible de faire signer les Indépendantistes pour leur Pays ?
    Si tous les Indépendantistes, de TOUS LES PARTIS confondus et même de tous les sexes, signaient… il me semble que ces signatures pourraient servir d'outil à tous les hommes et toutes les femmes, peu importe le parti, pour accéder à la reconnaissance de notre Pays.
    Comment donc peut-on s'unir, tous les Indépendantistes de tous les partis et de tous les sexes ??? Comment, Mme Ferretti ?

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2010

    Madame Ferretti,
    J'en apprends toujours en vous lisant.Je vous dirais à vous et à monsieur Jacques Noël que :"la femme alouette n'est pas en colère." Le feu couve pourtant.
    @ monsieur Perez
    Tout le pays est dans ces paroles -que vous citez- de notre grand poète.
    N'eut été la force de mon père dans sa foi, son labeur et sa volonté, n'eut été son exil dans les bois ou dans les villes, loin de la maison pour gagner le pain ; n'eut été la voix de ses contes et la musique de son violon...
    N'eut été la main de ma mère pour nous laver le bec et tresser nos cheveux; vive comme une aile, apprivoisant les choses, créant des miracles; mère besogneuse, mère guérisseuse, mère-lanterne jour et nuit; n'eut été son amour et la force de son âme...
    Voilà d'où l'on vient.
    Mais par les temps qui courent, on veut nous faire accroire que nous sommes nés à cheval sur une poule !

  • Gilles Verrier Répondre

    23 novembre 2010

    Pour joindre mâlitude et féminité. Fermons nos frontières car nous devons prochainement enfanter. Un pays nouveau est à naître. Que les invités respectueux attendent un peu à la porte.
    Conte de Noël.
    GV

  • Gilles Verrier Répondre

    23 novembre 2010

    Ce dérapage inattendu fait du bien.
    L'homme québécois doit se prendre en mains pour prendre la main de la femme québécoise et la rassurer par son amour du Québec, pour que les deux ensemble s'unissent pour l'indépendance. L'amour n'est-il pas vraiment grand que lorsqu'il est transcendé par plus grand ? La femme du Québec doit vaincre sa peur de l'homme qui s'affirme pour l'indépendance et sa peur de l'indépendance tout court. Car, bien que le mot indépendance soit du genre féminin, c'est en essence un projet mâle, très politique. Ce projet qui dérange est loin de la paix du foyer, de l'immédiat, du court terme, de la femme qui accouche, ce triomphe de la consécration de la femme.
    La femme qui enfante et qui est mère n'est pas moindre que celle de l'homme pour qui la vision du grand large vient plus naturellement.
    Je m'exprime ici, bien sûr, en termes généraux et non absolus. Question de décourager tout de suite d'éventuelles objections. L'indépendance politique du Québec est un projet qui demande beaucoup à l'homme mais encore plus à la femme. Mais si l'un et l'autre peuvent se tendre et s'enlacer vers ce but, alors ils pourront rassembler de nouveaux arrivants. Accueillons certes de nouveaux arrivants. Intégrons vigoureusement et chaleureusement ceux que nous avons déjà, et à bras ouverts. Et accueillons en d'autres dès que nous serons indépendants. Le plus tôt possible.
    GV

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    23 novembre 2010

    La différence révélée par la sensibilité d’un grand homme-poète
    Le “manifeste” de Félix Leclerc « Des étrangers dans nos murs » pourrait encore susciter la réflexion sur ce que Madame Ferretti veut transmettre concernant la différence qu’il y a entre la loyauté de la femme et celle de l’homme envers le principe caractérisé par la force d’âme d’une MÈRE que le PÈRE difficilement peut avoir.
    « (…).
    Il y a des étrangers dans la ville ma mère.
    Ferme ta radio et décide du jour où ce pays sera à toi.
    C’est toi, ma mère, qui va une fois pour toutes régler ce problème, toi d’abord, la femme, et personne d’autres. »*
    -..-..-..-..-..-..-..-..-
    *. Félix Leclerc, Ile d’Orléans, le 30 octobre 1976 http://archives.vigile.net/9910/felixetrangers.html

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2010


    Très surprenant et intéressant ce que vous venez de m'apprendre sur le conservatisme des Québécoises. J'ai appris la même chose en Grande Bretagne de la députée Margaret Bain du Scottish National Party. Elle affirma en public que l'indépendance de l'Écosse est bloquée par les femmes, qui sont conservatrices avec un petit c et qui ne voteront jamais pour le SNP.
    Alors Madame Ferretti, au lieu de vous en prendre aux hommes, vous auriez avantage a faire des converties chez les femmes...
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2010

    Petit rappel: au dernier référendum les hommes ont voté OUI en majorité et les femmes NON en majorité. Comme le NON féminin était plus fort que le OUI masculin et l'électorat féminin plus nombreux, le NON l'a remporté par 50,6%.
    Tous les sondages, depuis des lustres, donnent plus de OUI chez les hommes que chez les femmes. Y'aurait beaucoup à dire sur l'insécurité des Québécoises...

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2010

    Merci, cher Jacques, pour ce commentaire enthousiaste. Il me démontre une fois de plus que tu as de la suite dans les idées, toi qui présidais aux destinées de la SSJBM, lorsque notre société nationale m’a élue Patriote de l’année, en 1979.
    J’avais été précédé par Camille Laurin, un de nos rares grands combattants qui a imposé la Loi 101, malgré les menaces de toutes sortes, y compris de mort, lancées contre lui par tous nos ennemis. C’est ce grand militant qui m’a remis le parchemin attestant l’hommage de la SSJBM pour mon engagement.
    Je l’ai reçu comme un immense honneur.
    Andrée.

  • Jacques Bergeron Répondre

    23 novembre 2010

    Chère Andrée, tu fais partie de celles, comme Marie-Olympe Gouges et Georges Sand dont on ne parle plus dans les salons féministes. Et pourtant elles furent féministes avant l'heure et leur temps. L'une en a même perdu la tête, (elle fut guillotinée pour avoir défendu Louis XVI lors d'une certaine révolution qui n'en n'était pas une de salon) et l'autre, probablement à cause du nom masculin qu'elle avait adopté, a été oubliée depuis longtemps. Cependant je suis assuré qu'Andrée Ferretti ne les a pas oubliées et qu'elle ne sera pas oubliée! Ne fut-elle pas nommée «Patriote de l'année» un certain jour de novembre 1979 «?».