Pourquoi et comment privatiser Hydro-Québec

Tribune libre 2010

POURQUOI ET COMMENT PRIVATISER HYDRO-QUÉBEC
Hydro-Québec (HQ), une société d’État, est un monopole. Un organisme de ce
genre ne travaille jamais dans les meilleurs intérêts des consommateurs.
Cela, parce qu’il n’y a pas de concurrence et il n’y pas de compte à ne
rendre à personne.
Dans un Québec souverain, il faut attendre parce qu’il n’est pas nécessaire
d’enrichir le gouvernement fédéral, HQ devrait être privatisé à 49 %.
Cependant, l’achat et la revente des actions seraient limités aux citoyens
québécois résidants. En se faisant, HQ devrait vendre son électricité au
prix du marché. Cela est nécessaire pour deux raisons:
1. Subventionner un service envoie le mauvais message économique. Cela
parce que le prix de vente du service étant inférieur à son coût de
production incite les consommateurs à en abuser.
2. La valeur marchande de HQ serait encore plus élevée.
La valeur marchande actuelle de HQ, avant facturation au prix du marché
s’élève, à mon avis, à environ 100 milliards $. L’Institut économique de Montréal la fixe à plus de 130 milliards $.
Quoiqu’il en soit, en profitant de ce
capital présentement sous-utilisé, l’État pourrait, par exemple:
1. Utiliser 25 milliards $ pour réduire la dette publique.
2. Réserver un fonds de 5 milliards $ pour nos plus importantes sociétés
telles que Bombardier, SNC-Lavalin, CGI, entre autres, pour que ces
dernières puissent prendre des positions défensives dans le but d’éviter la
prise de contrôle par des compagnies et/ou gouvernements étrangers. À cet
effet, les acquisitions récentes de compagnies aussi importantes que Alcan,
Provigo et Biochem Pharma, sont un non-sens. Le Québec doit faire comme
les États-Unis et la France pour se protéger contre des acquisitions
étrangères qui sont agressives et intempestives. Les sièges sociaux
doivent demeurer au Québec ce qui favorise les achats au pays, en plus
d’assurer la pérennité et le développement d’emploi de haut niveau.
3. Investir 5 milliards $ pour éponger les dettes de nos hôpitaux et
universités en plus de faciliter l’achat d’équipements de pointe
4. Augmenter le capital d’investissement de la Société générale de
financement du Québec (SGF) de 10 milliards $ pour l’inciter à investir
dans des entreprises privées québécoises qui seraient prêtes à faire ce que
HQ n’est pas disposé à réaliser à cause d’un conflit d’intérêts.
C’est-à-dire, mettre au point des programmes pour favoriser l’économie
d’énergie. Une excellente façon d’aborder ce projet consisterait à mettre
au point et à développer des appareils de chauffage beaucoup moins
énergivore que les traditionnelles plinthes électriques utilisées par à peu
près tout le monde. Un projet qui pourrait faciliter la création de
milliers d’emplois de haut niveau en plus de favoriser l’exportation de
l’énergie sauvée.
5. Investir 10 milliards $ dans la Caisse de dépôt et placement du Québec
pour l’inciter à piloter le projet de monorail à moteur-roue électrique
projeté dans les années 90 par l’ingénieur de HQ, Pierre Couture et son
équipe. Ceux-ci, à l’époque, visaient le remplacement du moteur à
explosion utilisé dans la grande majorité des véhicules automobiles par
quatre moteurs électriques situés dans les roues de la voiture et alimentés
par une pile. Devant supposément une absence de liens solides avec le
milieu des constructeurs automobiles, basés en Ontario, HQ a abandonné le
projet avec de tristes conséquences.
Or, selon une étude récente de l’Institut de recherche en économie
contemporaine (IREC) ce même moteur-roue électrique pourrait servir à
actionner un monorail roulant à 250 km/h, pour le transport de personnes et
marchandises. Celui-ci coûterait le tiers d’un TGV moins fiable roulant à
325-350 km/h. Une excellente façon de:

- Mettre au point des technologies d’avenir de motorisation électrique
grâce à une nouvelle application du moteur-roue électrique.
- Devenir un producteur d’énergie propre en plus d’un innovateur
technologique et un exportateur d’énergie renouvelable.
- Créer des milliers d’emplois bien payés.
- Réduire la consommation de pétrole et conséquemment nos frais
d’importation.
- Diminuer notablement la production de gaz à effet de serre (GES).

De cette manière, l’état conserve le contrôle d’HQ, les dividendes sont
payés aux investisseurs québécois au lieu de dans « la sacoche noire du
gouvernement », le montant d’intérêts payé sur la dette est allégé et les
besoins à long terme de la nation sont mieux servis et assurés.
Une dernière observation concerne le rôle d’HQ. Celui-ci devrait être
limité à la production, l’exploitation et la vente d’hydroélectricité.
Cela parce qu’il s’agit de sa spécialité alors qu’il est peu intéressé et
compétent dans les domaines connexes. Conséquemment, tout ce qui a trait à
l’exploitation des éoliennes, les ressources en énergies fossiles et
l’exploitation de la géothermie seraient octroyées à des entreprises
privées québécoises compétentes dans ces domaines.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Michel P. Bastien8 articles

  • 10 385

D. sc. et L. sc. Com (HEC), a occupé des postes de direction en ressources humaines, finance, production et marketing en plus d'avoir agi comme consultant spécialisé en évaluation du fonctionnement et organisation générale d'entreprises industrielles, commerciales et institutionnelles.





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4 commentaires

  • Marc Huber Répondre

    18 novembre 2010

    Cette idée d’une privatisation de Hydro Québec, même partielle, s’impose de plus en plus comme la solution magique pour payer notre déficit national. Nous n’avons qu’à nous alimenter aux chroniques de l’Institut économique de Montréal (IEDM) pour le constater. C’est bien. Nous sommes libres de remettre en question un bastion de la révolution tranquille. Nous avons tous le droit de chercher les bons mots et les bonnes personnes pour proposer la vente de la société d’État. Cela ne doit pour autant nous rendre imperméables à cette réalité économique: d’ici 2025, la consommation d’électricité mondiale devrait augmenter d’environ 60% selon Le nouveau rapport de la CIA d’Alexandre Adler.
    Pour répondre à cette croissance, la CIA n’a pas d’autre choix qu’envisager des nouvelles sources d’approvisionnement si elle veut éviter que la sécurité énergétique menace l’économie des Etats-Unis. A-t-elle un œil sur le Québec? Pendant qu’on attaque le monopole de la société d’État et que l’IEDM remue l’actualité pour parler de privatisation, deux investisseurs proches de la CIA, les groupes Carlyle et Blackstone, se positionnent dans l’énergie renouvelable. Pendant ce temps, germe une impression que l’État québécois est devenu le pion de ces groupes en jouant la société d’État au Casino de l’énergie. Le développement de la Romaine représente un bon exemple. En prévision d’une difficulté à rembourser les emprunts, le gouvernement du PLQ se serait engagé à léguer ses infrastructures à son créancier étasunien.
    Je ne sais pas si au Sud des gens rêvent à la bonne «tempête économique» qui forcera les enchères ou s’ils préfèrent utiliser l’État et des réseaux d’influence pour arriver au même résultat ? Je sais seulement que la privatisation de Hydro Québec est devenu le pion qui met en échec le Québec. En avant… La souveraineté du Québec devient improbable et nous devons refuser notre droit d’utiliser notre électricité pour stimuler notre production agricole lors de la saison froide, faciliter la recherche et le développement et offrir des réductions de la facture des hôpitaux et groupes charitables. Allons vers la gauche. Échec ! La privatisation de Hydro met un terme à cette nationalisation que certains voient comme une peste qui pourrait s’étendre dans le gaz, le pétrole et les éoliennes advenant un réveil collectif. Il ne reste qu’à reculer ou d’aller à droite. C’est alors que la pensée magique s’empare de nous pour que nous puissions croire, comme le chef de notre gouvernement et ses ministres, que l’alignement des planètes dans la constellation de la Balance des liquidités relève de la logique et que l’effritement des acquis d’une révolution tranquille jamais terminée est un plus pour le Québec.

  • Charles Laflamme Répondre

    16 novembre 2010

    Il faut être conscient qu'un Premier Ministre pourrait légalement vendre Hydro-Québec sans l'assentiment de l'Assemblée nationale, même en situation minoritaire. Posez la question à Jacques Parizeau.
    Si une partie d'H.Q. appartenait à des intérêts privés il y aurait obligation de rendement aux actionnaires et nous ne pourrions plus nous servir de tarifs avantageux pour garder ici des industries génératrices d'emploi. Les industries de nos voisins du sud pourraient mieux nous faire compétition. Ça prend des travailleurs pour payer de l'impôt et faire rouler une économie, pas seulement des profits supplémentaires provenant d'une hausse d'électricité.
    Si nous décidions de ne pas suivre le marché, il nous faudrait d'ailleurs compenser le manque à gagner des actionnaires à même nos propres deniers.
    Quand on possède et contrôle des actifs on peut se financer à des taux moins élevés.
    Parlant d'actifs, il faut aussi considérer la valeur de notre réseau hospitalier, celui de nos institutions scolaires et de notre réseau routier (l'économie d'un pays est complètement dans ses communications JRMS).
    Laisser les oligarques exercer un contrôle sur nos actifs c'est leur laisser contrôler l'état à leur avantage. Ils peuvent ensuite négocier ce contrôle avec d'autres gouvernements ou multinationales contre faveurs à venir et ainsi rendre notre propre gouvernement et nos propres entreprises plus vulnérables à d'autres intérêts que les nôtres. Le trafic d'influence est ce qu'il y a de plus payant pour augmenter leur pouvoir financier.
    Pour ce qui est du Moteur-Roue et des piles pour l'alimenter, il y a belle lurette que nous ne pouvons plus savoir ce qui s'y trame depuis qu'une partie appartient au Privé.
    Rappelons nous ce qui s'est passé au moment de l'octroi des contrats pour le prolongement de la 25, je crois. Les membres de l'assemblée Nationale ont eu toutes les difficultés à connaitre l'identité de la partie privée. Et on a pas pu savoir le contenu des engagements et responsabilités du gouvernement dans cette affaire. Je mentionne ceci à titre d'exemple mais je ne voudrais surtout pas faire dévier la discussion alors que le sujet initial est si important.
    Alors que les grosses entreprises privées pensent à long terme ils essaient de nous amener à ne regarder qu'une situation ponctuelle afin de nous délester de nos avoirs pour servir leurs intérêts.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 novembre 2010

    La dette brute du Gouvernement du Québec est de 160 milliards. La valeur d'HQ est autour de 100 milliards. Sa dette est de 38 milliards (si ma mémoire est bonne). Sa valeur nette est donc de 60 milliards ce qui fait une dette nette de 100 milliards pour le Gouvernement du Québec (c'est sans parler des autres actifs comme la SAQ qui vaut au moins 5 milliards), à peine le tiers de son PIB.
    Bref, tout ceux qui nous cassent les oreilles avec la dette du Québec capotent pour rien.
    Ceci dit, avec la montée de la Chine et l'Inde, le meilleur est à venir dans les ressources. Le Québec en a et il a intérêt à les exploiter le mieux possible ce qui hélas n'est pas le cas présentement

  • Archives de Vigile Répondre

    16 novembre 2010

    Le monopole de l'État sur cet ressource essentielle du Québec s'impose d'autant plus que l'État est le seul responsable en droit du Bien commun de tout le Québec. Pour une fois qu'une entreprise d'État fait des profits,profits qu'elle verse annuellement à l'État au bénéfice de l'ensemble du Québec, ce serait une bien mauvaise transaction que d'en faire le transfert à des intérêts privés. Les revenus que nous en retirons collectivement iraient, en grande partie, grossir les revenus d'un autre monopole qui enrichirait ses actionnaires.
    À ce niveau des monopoles que constituent ces entreprises, il n'y a plus de concurrence. Les quelques gros intervenants s'accommodent entre eux. Regardons ce qui se passe avec nos grandes entreprises pétrolières. Il n'y a aucune concurrence. Les prix se fixent au même taux pour chaque région.
    Il faudrait se sortir de la tête que l'État n'est bon que pour ramasser les entreprises déficitaires. Disons que l'ensemble des Québécois et des Québécoises sont les actionnaires de ses sociétés d'État et qu'il en retire davantage que s'ils étaient transférées à des monopoles privées. Ces derniers ne sont pas là pour faire la charité ou satisfaire les besoins des plus défavorisés. Ils sont là pour accumuler la rentabilité et grossir la valeur des actions de leurs actionnaires. Le Bien commun d'une société ne fait pas partie de leur agenda.
    Ceci dit, il est évident que là comme ailleurs, il y a des resserrements à faire pour assurer de meilleurs rendements et permettre de meilleures économies qui viendront enrichir le Québec tout entier. Les gestionnaires de ces Sociétés ont toutes les qualités voulues, tellement que le secteur privé vient souvent les chercher pour gérer leurs propres entreprises. Les monopoles dont il faut se méfier et qui briment bien des libertés ce sont ces monopoles privés qui en arrivent à tout contrôler. Ils en arrivent à contrôler même les États.