Message pervers

Christine St-Pierre - la marionnette d'un gouvernement qui ne respecte pas la loi 101


La langue normale de communication entre l'État québécois et ses citoyens doit être le français. La seule exception à cette règle devrait concerner les anglophones de souche. Pas les nouveaux arrivants allophones.
Comment se fait-il que l'on en soit aujourd'hui à discuter de ce qui aurait toujours dû aller de soi? Comment se fait-il que les échanges entre l'administration publique et une très forte proportion d'immigrants se déroulent en anglais au Québec?
On comprend la personne immigrante de souhaiter des communications verbales et écrites en anglais quand elle maîtrise mieux cette langue que celle de Molière. Elle n'est pas à blâmer.
Mais l'État et ses mandataires ont des responsabilités à assumer à l'égard de la société en général et du "fait français" en particulier.
La Société de l'assurance automobile et la Régie de l'assurance maladie font preuve d'un incroyable laxisme en communiquant dans la langue de Shakespeare avec tous ceux qui le désirent.
D'abord, elles leur envoient un mauvais message. Elles leur disent que l'usage du français dans la sphère publique est un élément négligeable en somme; que l'État québécois s'en fout, au fond. Bien des immigrants peuvent interpréter ce privilège ainsi.
C'est mauvais pour la société. Et c'est mauvais pour eux.
L'administration publique croit bien sûr leur fournir un "bon service" en adoptant l'anglais. Mais c'est le contraire qui se produit. Elle les dessert. Elle ne favorise pas leur intégration.
Elle ne rend pas service à ces hommes et à ces femmes désireux d'étudier, de travailler, de vivre et d'élever une famille ici - ceux pour qui le Québec ne constitue pas un tremplin pour partir ailleurs. Elle se comporte comme si elle interagissait avec des consommateurs plutôt qu'avec des citoyens.
Les anglophones de souche - ceux dont les enfants ont le droit de fréquenter l'école anglaise, notamment - doivent pouvoir communiquer dans leur langue avec l'État et les organismes publics. Cela va de soi. Mais il ne peut exister de pareil automatisme pour les immigrants allophones, surtout pas à l'heure où le Québec ouvre davantage ses portes à l'immigration.
Nul besoin d'accuser le gouvernement fédéral ou la Cour suprême. Le Québec a tous les outils, tous les pouvoirs pour agir.
Dans un premier temps, oui, les allophones pourraient communiquer avec l'État en anglais si c'est la langue qu'ils sont capables de parler à leur arrivée. Mais pendant un certain temps seulement. Les organismes publics ne devraient plus tenir pour acquis qu'il en sera ainsi pour leur vie entière. Ce privilège doit être temporaire.
Quand l'éteindre? On pourrait très bien décider que les communications s'effectueront exclusivement en français dès les cours de francisation complétés, puisqu'ils seront plus accessibles.
Débattons également de la possibilité de ne pas octroyer cet avantage à ceux qui refuseraient sans raison valable de suivre les cours de français offerts par l'État.
Malheureusement, il aura encore fallu qu'un journaliste - du Devoir en l'occurrence - s'intéresse à cette question pour que le gouvernement Charest annonce qu'il allait y voir.
Il semblait à peu près tout ignorer de cette situation lorsqu'il a été interrogé par l'opposition à l'Assemblée nationale. Si c'est le cas, il faut conclure à des ratés dans la pyramide hiérarchique. Mais est-il possible qu'aucune personne en autorité, aucun sous-ministre, n'ait tenté d'attirer l'attention de la ministre Christine St-Pierre là-dessus?
Le problème relève d'un déficit de vigilance.
Le gouvernement Charest craint tellement de faire le jeu de ses adversaires dans le dossier linguistique qu'il semble toujours avancer quand il y est poussé.


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