Menaces d'élection - Le Bloc met son poids dans la balance

Le BQ à Ottawa



À moins d'un mois d'un discours du Trône décisif pour la survie du gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper, le Bloc québécois a décidé de durcir le ton.
Dans un discours prononcé samedi devant des militants à Rimouski, dans le cadre d'un forum de réflexion, le chef bloquiste Gilles Duceppe a posé cinq conditions au gouvernement conservateur. M. Duceppe a martelé que ces demandes étaient « non négociables », signifiant que son parti était prêt à faire face aux conséquences de sa prise de position, y compris à des élections générales dès cet automne.
Après la claque électorale de lundi dernier, qui a vu le Bloc perdre Roberval - Lac-Saint-Jean aux mains des conservateurs et beaucoup d'appuis dans deux autres circonscriptions, M. Duceppe a semblé vouloir reprendre le rôle de meilleur défenseur des intérêts du Québec à Ottawa. Et surtout se démarquer des conservateurs aux yeux des électeurs nationalistes attirés par le parti au pouvoir.
Il a ainsi accusé les conservateurs d'utiliser leur « fédéralisme d'ouverture » pour empiéter sur les champs de compétence du Québec. M. Duceppe a minimisé l'importance de la motion adoptée aux Communes reconnaissant que les Québécois forment une nation, en affirmant que le gouvernement conservateur n'était pas prêt à poser des gestes concrets pour inscrire cette reconnaissance dans la Constitution et permettre au Québec de parler de sa propre voix dans certains forums internationaux.
Le discours a présenté les cinq demandes du Bloc québécois, auxquelles il est peu probable d'obtenir une réponse positive des conservateurs:
* L'élimination, plutôt qu'un simple encadrement, du pouvoir fédéral de dépenser

* Un engagement clair à respecter le protocole de Kyoto, à fixer des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre, à adopter une approche territoriale et à mettre sur pied une bourse du carbone à Montréal

* Le maintien du système de gestion de l'offre agricole dans son intégralité

* Un engagement concret pour les travailleurs touchés par la crise forestière, c'est-à-dire des mesures fiscales à leur intention

* Le retrait des Forces canadiennes d'Afghanistan en février 2009, date prévue de la fin de la mission actuelle à Kandahar
Nous attendons le discours du Trône. Préparez-vous! S'il n'y a pas ça là-dedans, on s'en va en élection! — Le chef bloquiste Gilles Duceppe, dans son discours
Le Bloc québécois répond donc aux critiques qui affirment qu'il est le principal responsable de la survie du gouvernement jusqu'à maintenant.

Transfert de responsabilité
Le Bloc remet du même coup cette responsabilité entre les mains du Parti libéral du Canada et du Nouveau Parti démocratique, en vue du vote sur le prochain discours du Trône. Les conservateurs n'ont rien à espérer du NPD, qui réclame notamment le retrait immédiat des soldats canadiens d'Afghanistan.
Du côté des libéraux, le chef de l'opposition officielle, Stéphane Dion, a déjà indiqué qu'il souhaitait la fin de la mission de combat à Kandahar dès février 2009. Le PLC veut aussi que la version amendée du projet de loi C-30 modifiant les lois canadiennes sur la protection de l'environnement, sur l'efficacité énergétique et sur les normes de consommation de carburant des véhicules soit remise à l'ordre du jour, ce que refusent les conservateurs.

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En entrevue au Réseau de l'information, le député libéral Denis Coderre a estimé que le Bloc québécois était un parti en chute libre, en panique et qui lutte pour survivre. M. Coderre a affirmé que contrairement au Bloc, qui s'oblige selon lui à voter contre le discours du Trône, le Parti libéral votera à la fois de manière responsable et selon ses principes.
« Nous sommes une opposition officielle responsable. En situation de gouvernement minoritaire, on doit être prêt en tout temps, mais on prend aussi bonne note des derniers résultats », a déclaré le porte-parole de l'opposition officielle en matière de Défense nationale.
Les élections partielles de lundi ont montré que les libéraux étaient en difficulté au Québec. Le PLC a perdu son château fort d'Outremont, en plus de terminer loin derrière les meneurs dans les deux autres circonscriptions. Mais Denis Coderre affirme que les conservateurs sont en difficulté en Atlantique, en Ontario et en Colombie-Britannique.
De son côté, le député néo-démocrate d'Outremont, Thomas Mulcair, croit que le Bloc « essaie de se positionner un peu à la lumière des résultats désastreux » de lundi dernier. « Il essaie de se donner de la crédibilité en posant des conditions qui, il le sait très bien, ne seront pas dans le discours du Trône », a-t-il ajouté.

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En conférence de presse à la Conférence de Montréal sur l'ozone, le ministre de l'Environnement, John Baird, a rappelé les mauvais résultats du Bloc québécois lors des élections partielles de lundi dernier au Québec, en réponse à une question sur d'éventuelles élections générales. Il a affirmé que le gouvernement conservateur continuerait à obtenir des résultats en matière de préservation de l'environnement.
Les conservateurs font l'objet de critiques continuelles pour avoir notamment renoncé à atteindre les objectifs du protocole de Kyoto en matière de réduction des gaz à effet de serre.
Enfin, le directeur des communications au bureau du premier ministre Harper, Dimitri Soudas, a déclaré que les électeurs ne voulaient pas de nouvelles élections générales. Le Bloc devrait les écouter et être prudent, a-t-il dit.
La Chambre des communes compte présentement 126 conservateurs, 96 libéraux, 49 bloquistes, 30 néo-démocrates et trois députés indépendants. Quatre sièges sont vacants.


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