Marois aura les coudées franches

La Conférence nationale des présidentes et présidents du PQ adopte à l'unanimité le Plan pour un Québec souverain

Plan Marois

Robert Dutrisac - Le Parti québécois a paru plus uni que jamais alors que ses militants adoptaient à l'unanimité, samedi, le Plan pour un Québec souverain sans y changer une virgule. Pauline Marois a les coudées franches, mais son plan de match demeure imprécis.
Québec -- La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a fait l'unité de son parti autour de son Plan pour un Québec souverain dont les détails restent toutefois à préciser.
Réunis samedi à Rivière-du-Loup, les quelque 250 militants de la Conférence nationale des présidentes et présidents (CNPP) du PQ ont adopté à l'unanimité et sans aucune difficulté ce plan qui propose qu'un prochain gouvernement Marois instaure, en attendant le Grand Soir, une «gouvernance souverainiste», mélange d'affirmation nationale et de fermes revendications à l'endroit du gouvernement fédéral. Une «approche du toujours plus» où le Québec se montrera insatiable jusqu'à la tenue d'un référendum sur la souveraineté.
«Je crois que, dorénavant, ce seront les fédéralistes qui auront le fardeau de la preuve, a-t-elle déclaré dans son discours d'ouverture. Il est temps de marquer une rupture avec l'attentisme. Il faut en finir avec le défaitisme des fédéralistes.»
La chef péquiste a dénoncé le «fédéralisme de correspondance» pratiqué par Jean Charest qui se contente d'envoyer des lettres au gouvernement fédéral, notamment pour réclamer des pouvoirs en matière de culture et de communications, sans obtenir de réponse.
Fidèle à sa manière, Pauline Marois avait sondé les coeurs des présidents de circonscription depuis quelques semaines afin de s'assurer de l'appui de tous les exécutifs de comté. C'est donc sans surprise pour elle que son plan est passé comme lettre à la poste. Le président du SPQ libre (Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre), Marc Laviolette, a résumé le sentiment général: le plan Marois a «unifié toute la famille souverainiste».
Avare de détails
Au cours de la conférence de presse qui a clos la journée, Pauline Marois s'est montrée avare de détails. Il est vrai que les militants péquistes seront appelés dès cet automne à travailler sur un plan d'action qui ajoutera un peu de chair au plan dévoilé il y a une semaine par la chef péquiste. Le tout doit être présenté au congrès des mem-bres au printemps 2011.
Est-ce la fin des divisions au PQ? «Ce n'est sûrement pas la fin des débats. Et je ne la souhaite pas non plus», a lancé Pauline Marois, qui dit sentir «une grande solidarité» au sein du parti.
Le Plan Marois propose de combattre les empiétements d'Ottawa dans les champs de compétence d'Ottawa, ce qui pourrait donner lieu à une contestation juridique du pouvoir fédéral de dépenser, a signalé la chef péquiste.
Le PQ revendiquera tous les pouvoirs en matière de culture et de communications et il a déjà préparé un amendement constitutionnel en ce sens. De plus, il projette d'instaurer une déclaration de revenus unique. Le référendum sectoriel fait partie de la «panoplie de moyens» envisagés, «mais ce n'est pas le premier auquel je pense», a indiqué Mme Marois. Les négociations avec Ottawa, la mobilisation de la société civile, l'adoption de lois à l'Assemblée nationale le précéderont.
En appui à l'aile parlementaire, les militants ont adopté une proposition d'urgence pour réclamer la nomination immédiate d'un commissaire à l'éthique et exiger du premier ministre Jean Charest qu'il revoie sa directive, destinés à ses ministres, sur les conflits d'intérêts. Dans son discours, Pauline Marois a d'ailleurs dénoncé le manque de préoccupations éthiques du gouvernement Charest, affirmant que le projet de code d'éthique, qui a fait l'objet d'un projet de loi déposé ce printemps, «est en dessous de tous les comparables que nous avons pu observer».
En outre, les membres du CNPP se seront entendus sur la tenue d'un conseil national sur le thème de l'indépendance énergétique, un cheval de bataille que le parti s'apprête à enfourcher.
Politique municipale
Par ailleurs, les militants péquistes ont décidé de se mêler de la politique municipale à Montréal. Ils ont adopté une proposition demandant à l'aile parlementaire d'évaluer la pertinence de tenir une commission d'enquête sur la gestion de l'administration municipale, après le dépôt du rapport du vérificateur général de la ville de Montréal. «Des fonctionnaires qui reçoivent des enveloppes d'argent à Montréal, ou qui les refusent, cela se voit», a lancé Frédéric Lapointe, le président de l'association péquiste de Crémazie, la circonscription représentée par Lisette Lapointe.
Pauline Marois a pris ses distances de ces propos. «Oui, j'ai voté pour la résolution qui est là; je n'ai pas entériné les propos du proposeur», a-t-elle précisé en conférence de presse.
Les militants ont également adopté une proposition dénonçant «la mauvaise foi vis-à-vis l'unilinguisme français durant la course à la mairie de Montréal». Bien qu'une bonne connaissance de plusieurs langues soit «un avantage indéniable, elle ne doit aucunement constituer un préalable pour diriger la métropole du Québec, où le français a le statut de seule langue officielle», affirme-t-on.


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