Marie Laberge compose le texte inscrit sur la fontaine de Tourny

« Ici, le Québec s’affirme/Loyal et fier/Fort d’hier/Courageux pour toujours/Et déterminé à ne pas mourir. »

Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...

La mise en eau et en lumière de la fontaine de Tourny, un cadeau de l’homme d’affaires Peter Simons, se fera mardi. (Le Soleil, Raynald Lavoie)


Régis Tremblay - Des mots nus inscrits dans le bronze massif d’une fontaine intarissable, face au parlement et au «Salon de la race», à deux pas des plaines d’Abraham où se devinent encore les traces d’un combat mémorable. Comment une telle inscription, même intemporelle, ne serait-elle pas politique?



Marie Laberge n’a pas cherché à jouer les porte-étendards politiques lorsqu’elle a composé les vers qui ornent désormais la fontaine de Tourny. Il reste et il restera que ces mots muets diront haut et clair : « Ici, le Québec s’affirme/Loyal et fier/Fort d’hier/Courageux pour toujours/Et déterminé à ne pas mourir. »
C’est pour ne pas mourir que Marie Laberge écrit depuis toujours. Mais ces quelques lignes, elle les a composées sans s’abîmer dans la pensée de la gravité de son geste: « Je ne m’y suis pas arrêtée, comme on n’arrête pas de marcher sur un fil, pour ne pas céder au vertige ! J’ai eu seulement une pensée pour mon père décédé, qui croyait que son nom se perdrait parce qu’il n’avait eu que des filles ! Mais à partir de maintenant, ce nom aura sa place en face du parlement ! La pensée la plus singulière qui me soit venue, c’est que mon nom restera sur cette fontaine, même après que l’usure du temps l’aura effacé sur ma tombe... » déclare modestement Marie Laberge, en entrevue.
La mise en eau et en lumière de la fontaine de Tourny se fera mardi. À 20 h 30, Marie Laberge animera un spectacle au Pigeonnier. D’abord, les Femmes au tambour de Wendake feront écho à 400 chants traditionnels hurons. Elles seront suivies de Florant Vollant, qui chantera en innu et en français. Fred Pellerin dira un conte sur le temps qui passe, suivi par le folkoriste Yves Lambert. Avant les feux d’artifice, Marie Laberge se joindra au donateur de la fontaine, Peter Simons, pour lire le texte inscrit sur le monument.
À ce propos, l’écrivaine ajoute: « Au fond, mon nom n’a pas tellement d’importance, puisqu’il ne dira peut-être pas grand-chose aux promeneurs du futur. Ce qui compte, c’est le texte que l’on pourra lire au-dessus : il témoignera de la persistance de la langue française, 400 ans après la fondation de Québec. Cette langue paraîtra-t-elle exotique aux yeux des générations lointaines, de la même façon que l’écriture de Cartier semble un peu étrangère à nos propres yeux ? »
Mère porteuse
Pour Marie Laberge comme beaucoup d’auteurs et d’artistes, la langue française, mère porteuse de notre culture, est la clé de la vie des idées et de notre survie même. Son attachement à nos racines françaises n’empêche nullement Marie Laberge d’écrire dans sa « déclaration de Tourny » : « Nous sommes d’ici, Hurons-Wendat, Innus, Cris, Abénaquis et tous nos frères/Nous sommes de France, d’Écosse, d’Irlande, d’Angleterre et de plus loin encore... » Ce « plus loin encore » embrasse tous les autres arrivants. « Je pense notamment aux Vietnamiens. Comment ignorer que le nom le plus répandu au Québec, après Tremblay, est N’Guyen ? »
Parmi ceux qui ont accepté avec enthousiasme la belle expérience du vivre français en Amérique, il ne sera plus possible d’oublier l’homme d’affaires d’ascendance écossaise Peter Simons, le donateur et rénovateur de la fontaine de Tourny...
« J’éprouve un grand respect pour cet homme si généreux! Je lui suis profondément reconnaissante de m’avoir invitée à inscrire un message sur cette fontaine, en me laissant toute liberté. Voilà un anglophone qui prouve de façon éclatante son nationalisme ! »
Marie Laberge naît à Québec en 1950. Comédienne et auteure dramatique, elle écrit 20 pièces, toutes produites sur scène. Elle débute sa carrière de romancière en 1989 avec Juillet, suivi de Quelques adieux en 1992. En 1996, Annabelle obtient le Prix des libraires, de même que La Cérémonie des anges, en 1996. Sa notoriété s’accroît avec sa fameuse trilogie Le Goût du bonheur, pour laquelle elle obtient le Prix du public au Salon de Montréal, en 2001. Elle est Chevalier des arts et des lettres de France.


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