Lutte contre la radicalisation religieuse: un comité opérationnel... dans quelques semaines

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La patate chaude et le doigt dans le tordeur

(Québec) Ce n'est pas avant quelques semaines encore que le comité multipartite québécois visant à contrer les phénomènes de radicalisation religieuse sera officiellement constitué et pleinement opérationnel.

Il réunira des représentants de différents ministères du gouvernement du Québec et des communautés musulmanes québécoises. Le projet de ce comité s'est précisé dans la foulée d'une rencontre qui s'est tenue à la mi-novembre entre le premier ministre Philippe Couillard et des membres des communautés musulmanes. Il s'agissait alors de «prendre le pouls» de la situation après les attaques survenues à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa.

«Un gouvernement doit chercher à rassembler plutôt qu'à diviser; à inclure plutôt qu'à exclure. Nous sommes tous Québécois et nous partageons tous la responsabilité d'assurer la cohésion sociale, de favoriser le dialogue social et le maintien de relations interculturelles harmonieuses et épanouissantes», avait déclaré le premier ministre à l'issue de la rencontre.

«Les comportements à risque pouvant mener à la radicalisation ne sont pas l'apanage de la religion musulmane», avait-il tenu à préciser.

Du côté gouvernemental, le comité réunira des représentants du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, de la Sécurité publique, de la Protection de la jeunesse, mais aussi de l'Emploi et de la Solidarité sociale, de l'Éducation, de la Famille, ainsi que du ministère de la Justice.

Ce comité doit travailler en amont. L'idée, explique-t-on, est de nouer des contacts réguliers avec les représentants des communautés musulmanes pour qu'ils viennent en aide aux autorités publiques dans la lutte à mener contre les fanatismes et l'obscurantisme.

L'un des mandats du groupe sera de «prévenir l'exclusion et de cibler les propos et les gestes haineux, ainsi que les comportements discriminatoires envers les religions pouvant mener à la radicalisation».

Les représentants des différents ministères associés à la démarche se rencontreront pour la première fois d'ici la fin du mois, a-t-on indiqué au Soleil. Le groupe devrait par la suite graduellement s'élargir aux représentants des communautés musulmanes, et à d'autres au besoin.

Projet de loi

Par ailleurs, après avoir laissé passer tout l'automne, le gouvernement libéral présentera cet hiver à l'Assemblée nationale les détails de son projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État.

Il sera parrainé par la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée. Rappelons qu'il énoncera que les services publics doivent être donnés et reçus à «visage découvert», ce qui exclura de facto le niqab et la burqa. C'est aussi ce que prescrivait le projet de loi 94 présenté en 2010 par les libéraux de Jean Charest, un texte jamais adopté.

Un guide d'application sera produit afin d'offrir aux gestionnaires publics un outil censé leur permettre de statuer sur les demandes d'accommodements religieux.

Les libéraux ont aussi promis d'instaurer, dans ce même projet de loi, des mécanismes ayant l'ambition de lutter contre l'intégrisme religieux.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a réitéré l'automne dernier que le gouvernement doit présenter une législation interdisant «aux personnes qui sont en autorité, comme les policiers et les juges, de porter une croix visible, un turban ou un voile». Il a dit baser sa demande sur le «consensus québécois».

Le défunt projet de loi 60 du gouvernement de Pauline Marois visait plus large. Il prévoyait une interdiction générale du port de signes religieux ostentatoires dans toutes les entités liées à l'État québécois - des fonctionnaires du ministère des Finances aux infirmières oeuvrant dans les hôpitaux. Le candidat à la direction du Parti québécois Bernard Drainville présentera sous peu une seconde mouture du projet qu'il avait parrainé.

Comme nous l'avons déjà écrit, le Parti québécois réclame aujourd'hui la création d'un observatoire sur les intégrismes religieux. Il soutient le projet lancé il y a plus d'un an par la libérale Fatima Houda-Pepin, avant que celle-ci ne soit contrainte de quitter l'aile parlementaire du Parti libéral du Québec.


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