Libre-échange - Le Canada ne doit pas sacrifier ses fermiers laitiers, dit Agropur

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Il fallait s'y attendre...

Agropur retient son souffle alors que les négociations en vue d’une entente commerciale entre le Canada et l’Union européenne piétinent, la coopérative québécoise craignant comme la peste que le gouvernement du Canada accepte d’ouvrir la porte à un plus grand nombre de fromages produits en Europe dans des discussions de dernière minute.
« Chaque tonne qui va rentrer sera une tonne de moins produite avec du lait des fermiers laitiers du Canada. Chaque tonne qui va rentrer sera une tonne de moins transformée par des entreprises du Canada », a lancé le président du conseil d’administration d’Agropur, Serge Riendeau.
« Ça viendrait déstabiliser grandement une industrie qui s’est développée de façon très importante au Québec. Ce serait une mauvaise nouvelle », a-t-il fait valoir, mercredi, en marge de l’assemblée annuelle de la coopérative au Palais des congrès de Montréal.
Selon lui, l’assouplissement du système de gestion des approvisionnements de lait de transformation mis sur pied il y a 40 ans afin de contrer l’instabilité des prix, l’incertitude de l’offre et les fluctuations des revenus des producteurs pourraient porter un dur coup aux petites entreprises.
« Je continue toujours de fermement penser que c’est un système qui est profitable pour les producteurs, les transformateurs et les consommateurs », a poursuivi M. Riendeau.
Le gouvernement fédéral a fixé les quotas d’importation à 20 400 tonnes de fromage étranger, dont 13 500 en provenance de l’Europe. Trop peu : l’Union européenne ambitionne d’exporter vers le Canada un total de 23 500 tonnes de fromage, soit 10 000 tonnes supplémentaires.
Bien qu’elle qualifie les scénarios de hausse de quotas évoqués au fil des dernières semaines de « rumeurs », Agropur, qui produit quelque 94 000 tonnes de fromage, croise les doigts afin que le secteur laitier ne constitue pas le noeud du piétinement des pourparlers en vue de la signature d’un éventuel Accord économique et commercial global (AECG) entre Ottawa et Bruxelles.
Le Canada s’est rallié à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sans avoir dû renoncer à desserrer son système de gestion de l’offre, a fait remarquer M. Riendeau. Vantant sa « performance », il a néanmoins précisé que le système de gestion de l’offre était « en mesure de s’adapter aux conditions changeantes des marchés ».
Le chef de la direction d’Agropur, Robert Coallier, s’est aussi dit « persuadé » que le gouvernement canadien se refusera une nouvelle fois à mettre la hache dans le système de gestion de l’offre, d’autant plus qu’il permet aux consommateurs canadiens d’avoir des « produits de grande qualité à des prix quand même raisonnables ».

Réduction de coûts
Les dirigeants d’Agropur s’efforceront d’accroître la rentabilité de la coopérative en améliorant son efficacité afin de lui permettre de batailler ferme avec ses compétiteurs mondiaux, ont aussi indiqué MM. Riendeau et Coallier.
Ils comptent voir le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) augmenter de 75 millions de dollars d’ici la fin de l’année 2015. Ils sont sûrs d’y arriver en opérant une révision des processus de fabrication, des méthodes de travail et de l’approvisionnement d’Agropur.
La coopérative, qui affichait un BAIIA de 246,8 millions au terme de son ultime exercice financier, se dotera notamment d’un nouveau système informatique, qui « va [lui] permettre de mieux contrôler [ses] coûts » en cernant les « endroits où [elle] pourrait s’améliorer ».
Le chiffre d’affaires annuel de la coopérative, qui célèbre cette année son 75e anniversaire, a pour sa part progressé de 5,1 %, atteignant 3,66 milliards.
« Si on veut maintenir ce pourcentage-là et le consolider, il faudrait qu’il y ait une démarche », a dit M. Coallier, estimant que « le regroupement avec [leurs] amis Farmers » constituait un « premier pas dans la bonne direction ».
MM. Riendeau et Coallier étaient également ravis mercredi de souligner que la nouvelle marque de yogourts et de produits laitiers Iögo a su s’imposer dans les supermarchés canadiens. « Cumulativement, on a une part de marché d’à peu près 10 % après six mois », a fait remarquer M. Coallier, qui a bon espoir de la voir grossir à 20, voire 25 %. « Le produit a décollé instantanément. On est persuadés qu’il y a un énorme potentiel pour continuer à gagner des parts de marché au cours des prochains mois et en ayant l’outil de production qui va nous permettre de nous accompagner dans cette croissance-là. »


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