Lettre à mes amis péquistes

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Le défi du réel pour le PQ : « Cessez de gérer un déclin dans la négation de la réalité. »

Durant toute la campagne, j’ai encore vu à quel point votre parti en est un de militants. J’en ai croisé faisant des téléphones dans les bureaux de circonscriptions, j’en ai vu dans les rassemblements... et j’en ai vu pleurer lundi soir. Des gens de convictions.


Je pourrais vous dire que ce qui est survenu le 1er octobre est un accident. Que la publicité n’était pas bonne. Que le chef n’était pas le bon. Que des erreurs survenues en cours de route ont coulé la campagne. Tout cela serait faux.


Peut-être qu’il y aurait eu moyen de faire mieux, de remporter quelques sièges de plus ou un pourcentage supplémentaire des suffrages. Mais votre parti a fini à 17 %. Il y a 25 ans, en bas de 45 %, c’était considéré comme un mauvais résultat...


Depuis 1995


Voyons ensemble les choses en face. Depuis le référendum de 1995, les appuis à votre mouvement fondent. Lentement, mais sans relâche. Même le sursaut qui vous a permis de reprendre brièvement le pouvoir en 2012 fut décevant. Vos cousins du Bloc ont vécu un destin semblable.


La défaite de lundi est un nouvel épisode un peu plus dramatique de cette série que constitue votre déclin. Ceux qui ont survécu lundi le doivent largement à une popularité personnelle exceptionnelle. Pas surprenant, vous avez du bon monde. De bons députés, fiers, dévoués à leur circonscription et au Québec.


Essentiellement, chaque fois que les Québécois se sont rendus aux urnes depuis 20 ans, vous avez été déçus. Et vous avez promis des remises en question et des questionnements en profondeur le lendemain. Puis, vous cherchiez d’autres mots pour vendre la même option sur laquelle les Québécois ont eu l’occasion de se prononcer deux fois plutôt qu’une sur une courte période de 15 ans.


Chez les jeunes


Durant la campagne, j’ai écouté des jeunes parler de votre parti. Pas joli. Pour plusieurs, vous êtes le téléphone à roulette ou une dactylo. Quelque chose que leurs parents ont connu et que leurs grands-parents ont aimé. Je ne suis pas péquiste, mais je sens le besoin d’intervenir pour expliquer le rôle que votre parti a joué dans l’histoire du Québec et le sens de votre action. Ils me regardent, hébétés.


Vous le savez, Québec solidaire a saigné votre parti dans la nouvelle génération. Vous leur reprochez d’être rêveurs, trop radicaux, trop à gauche. Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre. Mais beaucoup d’amis péquistes que j’ai croisés sur mon parcours de vie auraient été du genre à sauter dans un tel mouvement dans leur propre jeunesse. Souvenez-vous des années 70.


Contrairement aux libéraux, votre parti ne doit pas seulement prendre du recul pour se ressourcer. Il doit véritablement être refondé. Revenir aux motivations profondes des militants et chercher comment faire avancer ces convictions dans la prochaine décennie.


Oubliez les votes et les sondages pour le moment. Vous devez d’abord retrouver le sens de votre action et cessez de gérer un déclin dans la négation de la réalité.