Le fantasme déçu

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Sans le débat sur la souveraineté, la vie politique québécoise est d'un provincialisme accablant

J’ai cru entendre dire que les sexologues disent qu’il faut se méfier des fantasmes : ils conduisent souvent à la déception. Je dois avouer que c’est un peu mon cas au terme de la présente campagne électorale.


Depuis le référendum de 1995, je suis de ceux qui pensent que le Québec doit passer à autre chose pour un bon bout de temps. Un peuple ne peut pas constamment vivre dans l’idée qu’il va faire des référendums en série sur une question fondamentale comme l’indépendance.


Les forces en place dans notre système politique étant ce qu’elles sont, la question de la souveraineté est néanmoins restée dans le paysage, se retrouvant au centre de chaque campagne électorale jusqu’en 2014.


En 2014, l’entrée en scène de Pierre Karl Péladeau a relancé vivement la question de la souveraineté. Philippe Couillard en a fait la question de l’urne. Il faut dire que le Parti libéral était passé maître dans l’art d’agiter la peur autour de la question des référendums ou de la souveraineté.


Parler d’autre chose !


Voilà donc mon fantasme : je rêvais d’une première campagne qui ne pivoterait pas autour de la question de la souveraineté. J’y voyais la grande occasion pour notre peuple de discuter enfin pleinement des grands enjeux de l’éducation, de la santé et des conditions qui mèneraient à notre rattrapage économique.


Déception. Nous avons eu une campagne plutôt terne du point de vue du contenu. En santé, les programmes des partis se ressemblent passablement. En éducation, la différence majeure ne concerne que les enfants de quatre ans.


Le seul parti qui se démarque, Québec solidaire, nous propose un radicalisme de gauche dont on n’imagine pas les effets sur notre économie. Les autres chefs ont été suffisamment ennuyeux que cette option « hors des sentiers battus » est devenue séduisante pour plus d’électeurs que prévu.


Banalités


Nous avons eu droit à des propositions d’une désarmante insignifiance. En voici quelques exemples, que les partis me pardonnent ! Le Parti libéral a proposé une deuxième carte d’assurance maladie pour les enfants de parents divorcés. Pour que chaque parent ait la carte en cas d’urgence de voir un médecin : une évidence.


Faut-il vraiment faire une promesse d’élection avec un irritant aussi simple à régler ? Cher gouvernement, vous auriez dû le faire le mois passé. C’est la chose la plus facile au monde ! Si vous n’avez pas les fonds, facturez le coût de 4 $ aux parents ! Ils vont le payer.


Le PQ et la CAQ ont promis de baisser le prix des permis de pêche et de chasse. De 10 ou 20 $, je ne sais trop. Gros projet de société ! Ces prix ont augmenté d’ailleurs en vertu du principe utilisateur-payeur. Ceux qui ne pêchent ni ne chassent ne devraient pas payer pour les autres. Désormais, on promet des rabais pour gagner des votes.


De ma déception, je tire deux leçons.


1- Même sans souveraineté, nous devons garder la pensée d’un peuple qui voit grand.


2- Après avoir tellement parlé de référendums, nous devons réapprendre à débattre des autres enjeux.