Vers une CAQastrophe ?

Les résultats de l'élection du 1er octobre

La percée de Québec Soviétique (QS)

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Chronique de Peter Benoit

À première vue, ces résultats surprennent de par leur ampleur même si c'est l'élection d'un gouvernment majoritaire avec le plus faible pourcentage (38%) de l'histoire du Québec.  Avant le vote, il y avait des enjeux clairement définis qui ne devaient pas échapper aux stratèges des partis politiques respectifs, à savoir l'immigration, la santé, l'éducation et l'économie en général; thèmes qui furent repris abondamment dans les débats dans un contexte de « vent de changement ».  Regardons ces points de plus près:


L'immigration


Je résume la position des partis:


CAQ:  Réduction du seuil d'immigration à 40 000 et l'imposition des tests de français et/ou des valeurs avec la menace de l'expulsion en cas d'échec de l'immigrant en devenir.  Le seuil de 40 000 pourrait changer selon la vigueur de l'économie;


PLQ:  Seuil de près de 60 000 avec le fantasme d'en accueillir beaucoup plus, soit 100 000 en fin de mandat.  À long terme, 200 000 à 250 000 pour satisfaire le fantasme de Trudeau de 1 000 000 d'immigrants par année;


PQ:  Seuil déterminé par le Vérificateur général et priorisation des immigrants francophones qui seraient choisis avant l'entrée au Québec;


QS:  Position identique au PLQ avec la remise en place des COFI (coûteux et inefficaces).  Plus il y aura des immigrants, plus le Québec s'appauvrira:  Ce qui devrait favoriser la révolution prolétarienne...


La santé


CAQ:  Mise à niveau en salariant les médecins comme en Ontario pour diminuer les listes d'attente et faciliter l'accès aux soins;


PLQ:  Le système va bien.  Aucun changement à faire;


PQ:  Décloisonner le système corporatiste en déléguant des responsabilités à des corps professionnels comme les pharmaciens et les infirmières spécialisées.  Intercepter les cas légers pour ne confier que les lourds au système hospitalier;


QS:  Remettre en place les CLSC (coûteux).


L'éducation


CAQ:  Maternelle à 4 ans pour favoriser l'apprentissage et diminuer le décrochage;


PLQ:  Rénover les écoles;


PQ:  Terminer la mise en place des CPE pour favoriser une meilleure intégration des nouveaux arrivants;


QS:  Augmenter les salaires des enseignants.


L'économie


CAQ:  Quelques mesurettes;


PLQ:  Tout va bien, rien à faire;


PQ:  Protection des sièges sociaux et quelques mesurettes;


QS:  Vaste programme de transition énergétique.


STRATÉGIE DES PARTIS


Tout le monde savait que l'austérité a fait mal pendant 3 ans et que ce serait difficile à défendre par le PLQ dans cette campagne.  De même, l'immigration serait évidemment au menu.  Dans un contexte de chômage bas (bien que maintenant à la hausse), il était plutôt difficile d'attaquer le bilan du gouvernment sortant malgré la plus forte augmentation de tarifs, de taxes et d'impôts de l'histoire du Québec.  Qu'ont fait les partis ?


CAQ:  Concentrer les attaques sur la santé et l'éducation ainsi que de proposer une réduction de l'immigration;  le bagage d'homme d'affaires du chef étant suffisant pour l'aspect économique;


PLQ:  Concentrer les attaques essentiellement sur l'immigration.  On doit accepter plus d'immigrants vu la pénurie d'emplois.  L'austérité fut nécessaire afin de redresser les finances publiques après seulement 15 mois de gouvernment Marois;


PQ:  Concentrer les attaques et les propositions sur l'éducation et la santé.  Éviter le sujet de l'immigration;


QS:  Attaquer le PQ et faire rêver.


POSITIONNEMENT DU PQ DURANT LA CAMPAGNE


Le PQ avait certainement, et de loin, le meilleur programme pour cette campagne.  Comme si tout le commun des mortels passait son temps à lire en détail le programme des partis avant d'aller voter, le PQ n'a pas été capable d'expliciter ses propositions en santé et en éducation à un point tel que les électeurs ne comprenaient pas ni les propositions de la CAQ ni celles du PQ.  Durant les débats, il était primordial que Lisée dissipe l'image de changement que projetaient Legault et QS.  Par exemple:


Pour l'éducation, Lisée aurait dû martelé que la maternelle de 4 ans n'est rien de nouveau (résultats mitigés) et que ce n'est en rien un changement.  Toujours marteler que la CAQ ne représente pas le changement.


Idem pour la santé où emprunter et copier la solution de la province la plus riche, l'Ontario, n'est en rien un changement puisque que si cela aurait été faisable, cela ferait longtemps que ce serait en application en mettant que le Québec n'a pas les moyens d'avoir autant de médecins que l'Ontario.  La proposition du PQ était vraiment celle qui représentait le changement de paradigme.  Un vrai changement !


Pour l'immigration, il aurait été facile pour le PQ et Lisée de fixer un seuil d'immigrants choisi à la base parmi les francophones (ce qui aurait été la proposition la plus optimale) et attaquer Legault sur les tests de valeurs comme une solution à la Trump qui n'est aucunement du changement, mais plutôt un dédale bureaucratique sans fin; bureaucratie étant un mot qui rend fous furieux les Caquistes et contredit le parti....  En laissant le plancher à la CAQ, le PQ a perdu une bonne partie de ses chances de percer.


En économie, pour contrer QS, il aurait été facile pour Lisée d'affirmer qu'un vrai rêve est celui qu'on peut réaliser.  Investir dans l'électrification des transports qui permet d'absorber les surplus énergétiques de H-Q, réduire la dépendance au pétrole (et donc d'augmenter le PIB du Québec) et réinvestir les gains dans un fonds d'innovation technologique en environnement; cela aurait fait rêver... Imaginer des projets à la Tesla...


Il aurait fallu que le PQ soit plus agressif et prenne un risque calculé sur l'immigration.  Dommage...



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