Les séparatistes de l’Ouest

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Le Québec devrait proposer la fin de la péréquation et le retour de l'impôt direct

Depuis presque 40 ans, l’élection d’un gouvernement libéral à Ottawa est inévitablement suivie d’une montée du sentiment d’aliénation dans l’Ouest canadien. Sans jamais atteindre les niveaux de popularité qu’a connus le mouvement souverainiste québécois dans les années 1990, le pourcentage des Albertains qui favorisent la séparation de leur province du reste du Canada a fluctué dépendamment du parti au pouvoir dans la capitale nationale du pays.


Et tout indique que les indépendantistes de l’Ouest connaissent un regain de popularité depuis l’arrivée au pouvoir du premier ministre Justin Trudeau, dont les politiques environnementales et l’appui mitigé pour les oléoducs font dresser l’opinion publique contre lui en Alberta et en Saskatchewan. Samedi dernier, l’ancien député conservateur fédéral et ex-whip en chef conservateur dans le gouvernement de Stephen Harper, Jay Hill, a même fait publier un article dans le Calgary Herald intitulé « The Case for Western Independence », qui énumérait les raisons pour lesquelles les provinces de l’Ouest devraient considérer un avenir à l’extérieur du Canada, à moins d’un traitement « équitable » de la part du gouvernement fédéral.


« D’innombrables gens » à qui il a parlé depuis un certain temps lui « ont fait savoir qu’un argument solide peut être avancé selon lequel la Confédération ne fonctionne plus dans les intérêts fondamentaux de l’Ouest, particulièrement de l’Alberta et de la Saskatchewan », a écrit M. Hill. Ce dernier a été élu pour la première fois sous la bannière du Parti réformiste en 1993 dans une circonscription du nord de la Colombie-Britannique, une région qui, politiquement parlant, ressemble plus à l’Alberta qu’à la côte ouest de la province, dont les électeurs penchent plus à gauche et sont plus aptes à s’opposer à l’expansion du pipeline Trans Mountain.


M. Hill n’était pas tendre envers le Québec, où l’opposition au défunt projet du pipeline Énergie Est était la plus forte, alors que la province importe l’essentiel de son pétrole des pays étrangers par le fleuve Saint-Laurent. « Peut-être que si les provinces des Prairies constituaient un pays indépendant, nous pourrions transporter notre pétrole par bateau du port de Churchill (au Manitoba, situé sur la baie d’Hudson), autour du Québec, et à Montréal et à Saint John au Nouveau-Brunswick jusqu’aux marchés au Québec et en Ontario, tout comme à d’autres pays étrangers. » L’ancien député s’est aussi attaqué au programme fédéral de péréquation, cible de prédilection des politiciens de la droite dans l’Ouest. « Depuis la création du programme en 1957, le Québec a reçu presque 300 milliards de dollars, s’est plaint M. Hill. En 1982, l’ancien premier ministre Pierre Trudeau a changé la Constitution pour y enchâsser les paiements de péréquation aux provinces plus pauvres, rendant ce programme pratiquement impossible à défaire. »


M. Hill a suggéré que les indépendantistes de l’Ouest recrutent l’ancien premier ministre de la Saskatchewan Brad Hall pour devenir le chef de leur mouvement, celui même qui voulait lier les paiements de péréquation à l’appui du Québec au projet d’Énergie Est. M. Wall n’a pas jusqu’ici répondu à l’invitation, mais l’article de M. Hill est survenu à peine deux jours après la création du Freedom Conservative Party par le député provincial indépendant de l’Alberta Derek Fildebrandt. Ce dernier, expulsé du caucus du Parti conservateur uni de l’Alberta par le chef Jason Kenney pour avoir sous-loué un appartement payé avec des fonds publics, demeure un personnage controversé dans la province. Mais il représente tout de même un courant politique très fort, anciennement incarné par le parti [Wild] Rose, qui a fusionné avec le parti le M. Kenney, dont les adhérents sont convaincus que l’Alberta est systématiquement perdante dans le régime fédéral actuel.


« Je suis né Canadien et je veux mourir Canadien, mais je pense qu’il est juste de dire que beaucoup de gens perdent la foi en la Confédération, a dit M. Fildebrandt en annonçant le lancement de ce nouveau parti politique. L’Alberta n’est pas traitée justement et ne le sera jamais sous l’arrangement constitutionnel actuel. Nous nous acharnerons à faire en sorte que cet arrangement devienne équitable, juste et égal. »


> La suite sur Le Devoir.



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