Les Québécois sont reconnus en tant que nation

La nation québécoise vue par les fédéralistes québécois

Si l'historien français Ernest Renan, dont la conférence à la Sorbonne sur la nation a fait époque, comme on le sait, vivait encore, il dirait sûrement qu'en la nation, le Québec rejoint son âme. En effet, le concept de nation traduit ce qu'il y a d'essentiel dans une société: une histoire commune, la conscience de constituer une unité politique, un vouloir-vivre collectif.
Les Québécois et les Québécoises forment une nation. Mais de quel type de nation parle-t-on? Il s'agit d'une nation civique et non pas ethnique, d'une nation inclusive. Bref, il s'agit d'une société d'accueil, d'un véritable foyer d'intégration au Canada. Aucune nation n'est tout à fait homogène. Une nation, c'est un ensemble, c'est un tout. C'est dans cette globalité que l'existence de la nation doit être considérée, et non dans ses particularités. Tel ou tel individu ne partage pas le vouloir-vivre collectif au sein de la nation? Cela n'empêche pas celle-ci d'exister. Tel autre individu ne s'inclut pas dans cette nation? Celle-ci lui demeurera ouverte malgré tout, car, ne l'oublions pas, la nation dont on parle se veut rassembleuse et recherche le bien commun.
La nation, ce n'est pas qu'un passé. Ce n'est pas qu'un présent non plus. C'est également un avenir que l'on partage. Ce ne sont pas que des souvenirs, que des traditions, ce sont aussi des ambitions, dont celle de se développer et de s'épanouir sur les plans linguistique et culturel.
La nation, c'est d'abord et avant tout un groupe humain. C'est aussi, souvent, un territoire précis. Mais ce n'est pas seulement un groupe humain occupant un territoire précis. C'est surtout un groupe humain qui se distingue de tout autre par le seul fait de son existence.
La nation, dans sa conception moderne, c'est un ensemble d'hommes et de femmes, d'origines diverses, qui sont conscients de leur unicité, qui possèdent le même mode de vie et qui sont solidaires face à leur destin.
La nation, ce n'est pas que le désir de vivre ensemble. C'est aussi le désir de vivre dans un ensemble et que cet ensemble ait sa propre vie.
Inutile de dire, à la lumière des réflexions qui précèdent, que la reconnaissance par la Chambre des communes du fait que les Québécois et Québécoises forment une nation constitue un geste politique de grande importance, un geste riche de signification. C'est reconnaître le fait que les Québécois peuvent être eux-mêmes, dans leur identité profonde, tout en restant au Canada.
Je crois que l'on peut affirmer sans l'ombre d'un doute que la nation québécoise, en 2006, est à la fois singulière et plurielle. Elle est singulière parce qu'elle est spécifique, particulière, spéciale. Elle est plurielle parce qu'elle est pluraliste et qu'elle sait que la diversité est une source indiscutable d'enrichissement.
Cette nation québécoise, elle existait hier et même avant-hier. Elle existe depuis longtemps. Mais, aujourd'hui, ce qui est différent, c'est qu'elle est reconnue comme telle. Et cette reconnaissance recèle une grande importance, car il ne suffit pas de prétendre être, encore faut-il être reconnu pour ce que l'on est.
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Benoît Pelletier, Ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes


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