Les États-Unis et leurs alliés viennent de perdre la bataille d’Alep. À en croire les représentants de plusieurs gouvernements, il faudrait verser des larmes pour les pauvres combattants rebelles qui luttaient pour la liberté du peuple syrien dans Alep-Est. La belle affaire.
Oui, les habitants de cette partie de la ville subissent de terribles bombardements et leur sort est horrible. Mais les combattants qui sont terrés dans ces quartiers ne valent pas mieux que les soldats de l’État islamique. Ce sont des fondamentalistes religieux associés à Al-Qaïda. Toute cette guerre contre la Syrie constitue un lamentable échec de la politique extérieure de plusieurs pays, dont les États-Unis, la France, l’Angleterre, la Turquie et l’Arabie saoudite en particulier.
1. Qui sont les rebelles qui combattent à Alep ?
Ces rebelles sont pour la plupart des fondamentalistes religieux. La plus belle preuve de leur affiliation politico-religieuse est que les corridors d’évacuation qui ont été ouverts pour eux vont les mener directement dans la province voisine d’Idlib. Or qui contrôle en grande partie cette province d’Idlib? Le groupe Jabbat Fateh al-Sham, alias Al-Nosra, alias Al-Qaïda. N’est-il pas étrange qu’un groupe proche d’Al-Qaïda recueille 4000 combattants rebelles? Bien sûr, les islamistes divergent entre eux sur certains points. Ainsi Jabbat Fateh al-Sham serait moins pressé que les autres d’appliquer la charia, question de garder de bonnes relations avec la population. Il privilégierait la lutte contre l’ennemi proche plutôt que celle contre l’ennemi lointain. D’où son alliance avec les États-Unis. Voici donc les États-Unis au Conseil de sécurité qui supplient les Russes de laisser fuir hors d’Alep des combattants proches d’Al-Qaïda. On croit rêver.
2. Quelles sont les alliances des Russes ?
Il faut dire que les Russes sont aussi mal embouchés que les Américains dans leurs alliances. Les milices du Hezbollah qui sont engagées à leur côté n’ont rien de démocratique, pas plus que les combattants de l’Iran, cette théocratie totalitaire. Mais les Russes défendent un régime laïque, celui du dictateur Bashar al-Assad. Le régime de Bashar al-Assad peut très bien vivre avec les démocraties. Il ne cherche pas à les renverser. Au contraire, les dirigeants de l’islam fondamentaliste veulent conquérir le monde et ils ont désigné les démocraties comme leurs ennemis. Pour le moment, les Russes font travailler leurs alliés fondamentalistes au bénéfice de la Syrie laïque.
3. Quelle est l’erreur d’analyse fondamentale ?
La grande erreur de la plupart des dirigeants occidentaux a été de croire que le mouvement du printemps arabe allait apporter la démocratie aux pays de la région. Seule la Tunisie a pu vraiment s’engager dans cette voie. Ailleurs, ce sont les groupes fondamentalistes qui ont pris ou tenté de prendre le pouvoir.
4. Quel a été le rôle des alliés américains ?
La très mauvaise politique américaine envers les pays du monde arabe a été aggravée par les financements en sous-main des groupes fondamentalistes par le Qatar, l’Arabie saoudite ou la Turquie, qui chacun ont leurs propres objectifs.
5. Pourquoi les États-Unis ont-ils agi ainsi ?
Les États-Unis auraient bien aimé se servir du printemps arabe pour renverser Bashar al-Assad et priver la Russie de son allié. Malheureusement, au lieu d’encourager la Russie à intervenir, ils ont laissé leurs alliés régionaux financer et armer les forces d’opposition syriennes, forces le plus souvent fondamentalistes. Résultat, ils ont ouvert une boîte de Pandore qui est devenue très difficile à refermer.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé