Les méchants GAFAM

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La mainmise des oligarques californiens sur internet est quasiment totale



On est à peu près tous très contradictoires face aux géants du numérique.




Hier par exemple, un ami journaliste dénonçait le fait que la ministre de la Culture Nathalie Roy ait choisi de préciser ce que le gouvernement Legault pense de l’effet délétère des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) sur nos médias en invitant les citoyens, sur Twitter, à aller lire un texte qu’elle venait de publier sur... Facebook.




Le plus drôle – ou terrifiant –, c’est que l’ami journaliste ne semblait pas se rendre compte que lui-même dénonçait ce fait sur... Facebook.




Paradoxe dont je me suis amusé instantanément sur... Facebook : « Et c’est sur Facebook que tu nous le dis ! Et c’est sur Facebook que je commente... On est rendus à combien de strates de contradiction ? »




Toile




Le « web » est vraiment bien nommé : c’est une toile devenue avec le temps pour nous tous à peu près inextricable. D’où nos nombreuses contradictions.




Remarquez, ce n’est pas nouveau : jadis, c’est à la télévision que des intellectuels venaient dénoncer le pouvoir et les effets délétères... de la télévision.




Ce qui est nouveau : l’ampleur et la profondeur du pouvoir des nouveaux maîtres du monde des communications et de la diffusion de la culture.




Ils pompent nos informations personnelles, en profitent sans vergogne ; ne paient habituellement aucun impôt sur les revenus qu’ils engrangent ici ; pendant longtemps, ils n’ont même pas facturé les taxes sur ces mêmes revenus.




Or, ce pouvoir, plus riche que la plupart des États de la planète, s’est établi et consolidé entre autres grâce à nous.




Souvenez-vous de l’époque où les classes politique et médiatique craquaient pour le web 2.0 et les médias sociaux. C’était à qui allait y être le plus présent. Ceux qui réclamaient balises et réglementations étaient qualifiés de rétrogrades, dépassés, réactionnaires.




Basculement




Au Québec, contrairement au ROC (Rest of Canada), on est heureusement en train de sortir d’une sorte de fascination « mélanienne » face aux fameux GAFAM. (Mélanien, -ne : néologisme que je propose pour qualifier une attitude servile face à un superpouvoir. Comme celle de la ministre fédérale Mélanie Joly et de son gouvernement à l’égard de la multinationale Netflix.)




Hier en commission parlementaire sur l’avenir des médias, la plupart des intervenants multipliaient les propositions visant à corriger cette situation inique où les GAFAM (surtout les GAF en l’occurrence) engrangent des revenus colossaux en republiant des informations produites par nos journalistes sans jamais verser un sou. D’où la crise actuelle des médias.




Incontournable




Cela conduit de plus en plus de politiciens à transformer les GAFAM en repoussoirs. En juin, la libérale Marwah Rizqy affirmait sur les ondes de Qub radio ne pas faire « de publicité sponsorisée sur Facebook par choix ». Lorsqu’on prône la « justice fiscale, il faut être conséquent », martelait-elle.




Quelques jours auparavant, la ministre Roy reprochait à sa critique de QS Catherine Dorion de mettre « ses beaux petits vidéos » sur YouTube et Facebook. Hier, cette dernière répliquait en disant que les GAFAM étaient devenus incontournables. Il faut juste qu’ils paient leur juste part au journalisme dont ils exploitent le travail.




On verra assez vite si ce type de position s’avérera ou non illusoire, voire contradictoire.






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