C'est certain que le fait d'être une petite minorité culturelle et
linguistique amène au Québec son lot de tensions, de conflits, de
frustrations et d'inquiétudes. Mais je ne partage pas le pessimisme face à
l'avenir affiché par plusieurs nationalistes ces temps-ci. C'est que,
voyez-vous, j'ai la chance de venir de Québec.
Voir comment Québec est parvenu à surmonter ses peurs et ses handicaps, à
se défaire de ses complexes et de ses vieilles rancunes, pour s'épanouir,
innover et prospérer est la source de mon optimisme pour le Québec tout
entier. Québec nous montre le chemin.
Si Montréal et le reste de la province parvenaient à comprendre les leçons
du succès de la Vieille Capitale et à les mettre en application, nous
aurions beaucoup plus d'énergie, plus confiance en nos moyens et beaucoup
moins peur des autres et de l'avenir.
LA VILLE QUI NE S'AIMAIT PAS
Québec a été, pendant longtemps, une ville en chicane avec elle-même. Une
ville qui ne s'aimait pas, ne s'acceptait pas. Québec n'aimait pas sa
taille, sa géographie, son histoire, son héritage, sa destinée. Cela a créé
une perte d'énergie, un gaspillage de patrimoine importants et lui a fait
multiplier les erreurs, qui ont failli l'achever.
Des exemples, on en trouve à la poche. La ville a été fondée et s'est
développée au pied de la falaise. Mais, depuis 50 ans, Québec ne se
célébrait plus que par sa haute ville. Ainsi snobée, la basse ville,
pittoresque et riche d'histoire, est vite devenue décatie, perdant ses
habitants à la banlieue.
Québec est une ville d'eau. Mais la rivière Saint-Charles était devenue un
égout ; on l'a détournée de son lit et confinée entre des murs de ciment.
On a construit une autoroute sur la canardière de Beauport, un entrepôt
pétrolier sur les berges du Foulon, des condos sur les quais, bloquant la
vue du fleuve...
Québec avait la densité des villes d'Europe, toute blottie sur elle-même
pour résister au nordet d'hiver. Mais, obsédés par la symbolique de
Montréal, une succession de maires vandales y firent bâtir des tours
hideuses, des autoroutes violentes, des boulevards infranchissables, aux
pires endroits, c'est-à-dire les plus beaux.
Québec accueillait les touristes en anglais, mais, en même temps,
occultait son héritage écossais et irlandais.
CHARME ET PROSPÉRITÉ
Québec aujourd'hui est une ville harmonieuse. Cela ne fait pas que son
charme, mais aussi sa prospérité : elle attire les gens, les cerveaux, les
investissements.
Allez-y voir. La vie circule librement entre la haute et la basse ville,
maintenant réhabilitée. La rivière Saint- Charles, les berges du fleuve, le
bassin Louise ont été redonnés aux citoyens. Il y a moins de heurts et de
conflits entre le neuf et le vieux, le piéton et l'auto, le centre et la
banlieue. La ville s'affiche en français, mais célèbre maintenant son
héritage britannique.
Les choses ont commencé à bien aller pour Québec quand il a cessé de
vouloir devenir autre chose. Toute son énergie converge maintenant à
améliorer et enrichir ce qu'il est.
Imaginez la même recette appliquée au Québec culturel, linguistique,
politique...
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé