Les francophones québécois sont-ils invulnérables à l'assimilation?

Je ne peux pas partager le sentiment de légèreté avec lequel André Pratte traite de cette question

Le français — la dynamique du déclin

André Pratte est un optimiste de service pour la cause fédéraliste. Il se moque doucement de tous les gens qui, comme Duceppe, s’inquiètent de l’avenir de la société francophone si le Québec ne prend pas la décision de faire la souveraineté. Pratte rigole à cette idée que l’assimilation pourrait s’accélérer de façon fulgurante dans une quinzaine d’années en citant les chiffres relativement stables de la démographie linguistique du Québec en parallèle avec diverses prédictions pessimistes
Duceppe affirme que le Québec sera alors sur la même pente de l’assimilation que qu’il se trouve dans les autres juridictions d’Amérique du nord. Je ne peux lui donner tort quand je pense à mon petit fils de cinq ans qui ne parle aujourd’hui aisément que l’anglais alors qu’il habite Pointe Claire. Ses parents, deux francophones élevés en français, ont décidé d’opter pour une garderie anglophone parce qu’il leur était impossible de trouver une place dans une garderie francophone..
Comment ne pas s’étonner d’un peuple qui s’indigne lorsqu’il ne peut obtenir un service de restauration ou d’un commerce quelconque en français mais qui trouve normal que le service de garde des enfants soit structuré de façon linguistique et que chaque garderie puisse accueillir indifféremment des enfants de l’une ou l’autre langue ? Le service de garde n’est pas un droit à l’éducation, que je sache. Pourtant le gouvernement laisse faire et ce sont des jeunes éducatrices anglophones, d’origine ethnique diverse, qui se chargent de dispenser ce service à mon petit fils avec le résultat que l’on sait. Les parents, influencés par le discours ambiant, pensent que c’est une bonne chose car cela facilitera l’apprentissage d’une langue seconde. Quelle sera-t-elle? Ils s’efforcent de lui parler en français à la maison mais, dans le quotidien, cet enfant a plus d’échanges linguistiques avec les éducatrices qu’avec ses parents qui travaillent tous les deux. Bien entendu, les parents comptent sur l’entrée à l’école primaire pour redresser la situation qu’ils jugent tout de même anormale. Cet espoir constitue tout de même un aveu que, seuls, ils ne parviendront plus à lui enseigner le français correctement.
Cela se passe à Montréal, Québec en 2011. Comment ce jeune percevra-t-il la culture et la langue française à l’âge adulte ? J’avoue que je ne sais pas mais je suis mal à l’aise de vivre cette situation qui m’ennuie profondément. Je ne peux pas partager le sentiment de légèreté avec lequel André Pratte traite de cette question.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2013

    Si votre «petit fils [sic] de cinq ans […] ne parle plus aujourd'hui aisément l'anglais», c'est parce que ses parents lui parlent en anglais à la maison, pas parce qu'il va à une garderie anglaise. S'ils tiennent, comme vous, à la survivance du français au Québec, ils doivent réadopter le français comme langue d'usage à la maison, sinon leur fils, à l'âge adulte, se verra davantage comme anglophone que comme francophone, et cela même s'il fait toute sa scolarité en français.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    1 juillet 2011

    Ces fédés sont fada! Antonine Maillet (La Sagouine) ne cesse de proclamer: Depuis le Grand Dérangement, des prophètes de malheur prédisent notre disparition... et nous sommes toujours là, parlant français!
    Sans doute la déferlante d'assimilation chez les Acadiens commence-t-elle à lui ouvrir les yeux sur la nature insidieuse et progressive de ce fléau canadien: l'assimilation.
    Les chantres de Desmarais grosse presse ne sont pas idiots, ils sont d'une mauvaise foi bien rémunérée. Ils masquent le reptile de l'assimilation en montrant les imprudents qui jouent innocemment au bilinguisme. Au fond, leur espoir, c'est celui de Durham: faire une faveur aux francos en leur donnant la langue et la culture supérieure, celle de la prospérité. La ruse, appauvrir le sujet, l'acculturer pour ensuite lui offrir de belles valises à porter s'il apprend bien les moeurs du maître. Serons plus riches et moins tiraillés quand cesserons de résister. Vive la Louisiane, vive la Nouvelle-Angleterre, vive le ROC,

  • Marcel Haché Répondre

    30 juin 2011

    Y a pas juste Pratte. Y a aussi Dubuc. Ce sont deux fédéralistes. Les fédéralistes ne croient pas en Nous.
    Ils croient de toutes leurs forces et jusqu’à la mauvaise foi qu’il n’y a seulement qu’un grand nombre de canadiens qui parlent français. Évidemment, il y aura pour très longtemps encore des canadiens au Québec qui parleront français, qui parleront « aussi » français…au point de devoir eux aussi faire un jour un grand Tintamarre pour faire savoir qu’ils sont là.
    Il n’y a pas de Tintamarre en Ontario, mais il y « avait » un spectacle qui s’intitulait l’Échos d’un Peuple…
    Pratte et Dubuc sont deux esprits articulés, mais vichystes.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2011

    Je suis entièrement d'accord avec vous. Les premiers 5 ans dans la vie linguistique d'un enfant sont très formatifs!
    J'en suis la preuve!
    Je suis né dans le nord de l'Ontario en 1952 et j’ai vécu une bonne partie de ma vie d’adulte dans cette province. À 30 ans, je me suis installé dans l’Outaouais afin de vivre pleinement en français, cependant, tout en gardant mes convictions de Franco-ontarien assimilé. Je votais toujours Libéral et j’ai voté non aux 2 référendums, (1980 et 1995) sur la souveraineté du Québec. Les médias fédéralistes, (Radio-Canada, LCN, TVA et le Droit) avaient bien fait leur lavage de cerveau sur moi et je pensais comme un vrai "Anglaaa"!
    Aprés une trentaine d'années au Québec, je parle un français correcte mais rempli de tournures de phrases anglaises. Je fais souvent des erreurs à l'orale et à l'écrit.
    L'assimilation est une bête sournoise! On s'en rend pas compte et oups elle s'installe! C'est comme un ver dans une pomme. Tout semble beau à l'extérieur mais pourri à l'intérieur!
    Le peuple québécois s'assimilera d'ici une cinquantaine d'années s'il ne se réveille pas avant qu'il soit trop tard et deviendront la prochaine Louisiane sur ce continent!
    Voilà pourquoi il faut l'indépendance pour protéger langue et culture! Au rythme que le Fédérale pousse le multiculturalisme sur nous, ce n'est qu'une question de temps! La Métropole en est la preuve!
    Aussi, déjà que notre capitale nationale, Québec vote "Conservateur Harper" mais que peu de gens, dans cette ville, parle l'Anglais! Voyez-vous l'absurdité de la situation!? C'est comme s'asseoir en plein milieu d'une meute de loups, une grosse cuisse de dinde à la main!!!
    Vive notre République en devenir! Vive le QUÉBEC!!!