Les Franco-Ontariens sont montés aux barricades: 14 000 personnes ont dénoncé les compressions antifrancophones

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Mobilisation franco-ontarienne

Une foule record de 14 000 Franco-Ontariens en colère est descendue dans les rues aux quatre coins de la province, samedi, pour forcer le gouvernement Ford à annuler ses compressions en francophonie.   


Un peu plus de deux semaines après le «Jeudi noir» de la francophonie ontarienne, près de 40 manifestations ont eu lieu pour réclamer le rétablissement de l’Université de l’Ontario français et du Commissariat aux services en français, deux institutions obtenues de peine et de misère par les francophones depuis 15 ans.    


À Ottawa uniquement, pas moins de 5000 personnes drapées de vert et de blanc, couleurs de la communauté, ont répondu à l’appel des principales organisations franco-ontariennes.    


«Mister Ford, nous ne sommes plus à genoux. Nous nous sommes battus pour nos écoles et nous avons gagné. Nous nous sommes battus pour nos collèges et nous avons gagné. Et pour l'Université? Nous allons encore gagner», a lancé à une foule survoltée l’avocat Ronald Caza, devenu célèbre pour avoir empêché la fermeture de Montfort, le principal hôpital franco-ontarien, à la fin des années 1990.    


Les manifestations d’hier étaient d’ailleurs les plus importantes depuis ce triste épisode de l’histoire franco-ontarienne.     


Une nouvelle lutte  


« Comme ils l’ont fait pour lutter contre le Règlement 17 interdisant l’enseignement en français dans les écoles de l’Ontario et pour sauver l’Hôpital Montfort, les Franco-Ontariens sont montés aux barricades pour résister aux coupes du gouvernement Ford. Ils se sont mobilisés pour assurer le respect de leurs droits linguistiques », a affirmé le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, Carol Jolin.    


Marie-Noëlle Lanthier de Saint-Bernardin dans l’Est ontarien n’aurait pas manqué ça pour tout l’or du monde. «Je veux me mobiliser avec les francophones de partout au pays pour envoyer un message à M. Ford. M. Ford, on veut ravoir le Commissariat, on veut notre université. J’ai juste le goût de pleurer, ça vient nous chercher, ce qu’il fait. Il s’attaque à notre identité Il cherche à nous l’arracher.»    


Ils étaient environ 5000 hier dans les rues d’Ottawa pour montrer leur soutien à la francophonie ontarienne.  


Aux côtés des Franco-Ontariens, de nombreux québécois ont répondu présent. Tout comme des élus de toutes allégeances politiques. «Aujourd'hui, nous sommes tous Franco-Ontariens», a notamment lancé la ministre fédérale des Langues officielles, Mélanie Joly.    


Le drapeau franco-ontarien a aussi été hissé à l’Assemblée nationale du Québec, à la demande unanime des députés québécois, en soutien à la cause franco-ontarienne.   


Ailleurs, des manifestants sont allés déposer des drapeaux franco-ontariens devant les bureaux des députés du gouvernement Ford. À Toronto, les bureaux de Doug Ford et de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, ont notamment reçu la visite des protestataires, qui promettent de maintenir la pression sur le gouvernement conservateur.    


Pas de marche arrière  


Face à la grogne, la ministre des Affaires francophones Caroline Mulroney a proposé il y a une semaine de placer un commissaire chargé de traiter les plaintes des francophones sous l’autorité de l’ombudsman provincial, une proposition rejetée en bloc par la communauté.       


Jusqu’à maintenant, la fille de l’ex-premier ministre Brian Mulroney a refusé toute concession additionnelle. «J’appuie ce qu’on est en train de faire», a-t-elle indiqué cette semaine.     


Le projet de loi abolissant ces institutions pourrait être adopté aussi rapidement que mercredi, selon les députés ontariens présents à la manifestation.   


Ces décisions – et le refus du gouvernement à faire pleinement marche arrière – ont notamment mené la seule députée franco-ontarienne du gouvernement Ford, Amanda Simard, à claquer la porte de son parti avec fracas.      


Si le gouvernement Ford refuse d’obtempérer, les principales organisations franco-ontariennes se tourneront vers les tribunaux, comme ils l’ont fait en 1997 pour Montfort.    


Le gouvernement conservateur de Mike Harris avait alors fini par battre en retraite, au terme d’une lutte devant les tribunaux qui s’était terminée devant la Cour d’appel.