La psychose linguistique québécoise (3/5)

Les fausses vertus du bilinguisme

Chronique de Bernard Desgagné

Dans la [deuxième partie->Les-nouveaux-heritiers-de-Lord], nous avons vu que la maitrise universelle de l’anglais que proposent aux Québécois les nouveaux héritiers de Lord Durham n’est autre chose qu’un bilinguisme de colonisé, c’est-à-dire l’asservissement de toute une population à une autre langue sous prétexte que cette langue est la seule qui donne vraiment accès à la connaissance et à toutes les cultures du monde. Le français est implicitement considéré comme une langue folklorique, aux horizons étroits.
Tandis que les nouveaux héritiers de Lord Durham, qu’incarnent parfaitement les commissaires Bouchard et Taylor, s’appuient sur des analyses erronées pour prétendre que le français va bien et que les Québécois ne sont pas assez bilingues, d’autres nous affligent d’un manque de rigueur analogue pour promouvoir le bilinguisme du colonisé à leur manière. Ils s’emploient à répandre la croyance voulant que le bilinguisme soit un gage d’intelligence ou un signe de développement supérieur. Ils laissent entendre par le fait même que l’unilinguisme est une sorte de tare.
La pseudoscience de Pierre Calvé
Dans Le Devoir du 8 mars, Pierre Calvé, Québécois de Gatineau et ex-doyen de la faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, brandit son doctorat en linguistique, invoque Félix Leclerc et me somme de donner mes sources pour avoir osé remettre en question les études ayant, selon lui, « bel et bien démontré les bénéfices intellectuels (souplesse cognitive, créativité, etc.), sociaux et affectifs (moins d'ethnocentrisme et de xénophobie, etc.) » du bilinguisme. Pour lui, les enfants issus des programmes d’immersion française du Canada anglais témoignent de ces « bénéfices ». Permettez donc, Monsieur Calvé, au pauvre mortel que je suis de vous répondre.
Dans le monde scientifique, avant de pouvoir dire qu’on a démontré une relation de cause à effet, il faut réaliser beaucoup d’études avec beaucoup de rigueur, en particulier lorsqu’il s’agit de biologie ou de psychologie, sciences où les nombreuses variables forment un enchevêtrement complexe. Or, M. Calvé commet au départ une erreur d’aiguillage méthodologique importante. Il confond bilinguisme et régime pédagogique. S’agissant de savoir si le bilinguisme a un effet favorable sur le développement intellectuel, social et affectif, ce sont les personnes bilingues et les personnes unilingues qu’il faut comparer, et non les élèves soumis à divers régimes pédagogiques.
Voilà la démarche scientifique de M. Calvé qui est bien mal partie. Que les élèves des programmes d’immersion française au Canada anglais manifestent certaines qualités à un plus haut degré que les élèves des programmes réguliers ne prouve aucunement que le bilinguisme soit la cause de cette supériorité. On est très très loin de pouvoir tirer une telle conclusion.
Statistique Canada a d’ailleurs publié en 2004 un résumé de la recherche sur les programmes d’immersion intitulé « L’immersion en français trente ans plus tard », résumé qui montre bien l’état embryonnaire de la recherche. De nombreuses variables restent à étudier pour déterminer lesquelles pourraient être responsables des résultats scolaires supérieurs des élèves des programmes d’immersion. Et l’on est encore strictement dans les régimes pédagogiques. On n’a pas encore commencé d’étudier l’effet du bilinguisme comme tel.
Une personne peut avoir appris une langue seconde de bien d’autres manières que dans des programmes d’immersion au Canada. De plus, il y a bien d’autres combinaisons linguistiques. Qu’en est-il des gens qui apprennent l’espagnol, l’arabe ou le mandarin? Qu’en est-il des francophones qui apprennent l’anglais? Au fond, c’est peut-être le français qui aide les jeunes élèves canadiens-anglais à obtenir de meilleurs résultats scolaires, et non le bilinguisme lui-même. Cette hypothèse peut vous faire sourire, mais pour un scientifique, elle mériterait d’être mise à l’épreuve. En effet, une grande partie des mots anglais provient du français. En outre, la langue française tolérant moins les imprécisions que l’anglais, son apprentissage aide peut-être les élèves à structurer leur pensée davantage que l’anglais. Les mêmes bienfaits ne seraient peut-être pas présents parmi les francophones qui apprendraient l’anglais selon un régime semblable.
Les programmes d’immersion excluent les élèves les plus faibles
Pour avoir beaucoup potassé dans les programmes d’immersion française, du temps où j’étais enseignant, puis conseiller pédagogique au Manitoba, j’ai pu faire de nombreuses constatations sur le terrain et en prenant connaissance de diverses études.
Pour résumer, disons qu’en moyenne, les élèves admis dans les programmes d’immersion française ont, au départ, de meilleures dispositions pour réussir que les élèves des programmes réguliers. Il y a une sélection naturelle qui s’opère à l’origine. Les classes d’immersion contiennent moins d’élèves peu motivés, peu doués ou ayant des difficultés d’apprentissage que les classes régulières. Les classes d’immersion contiennent plus de filles et plus d’élèves provenant de milieux favorisés sur le plan socioéconomique. Voilà qui crée un biais favorable aux programmes d’immersion, mais il y a plus encore.
La recherche en éducation nous a depuis longtemps appris que les caractéristiques du groupe ont une incidence sur la réussite de l’élève. Tous les autres facteurs étant égaux, un élève faible est plus susceptible de réussir lorsqu’il se trouve dans un groupe fort que lorsqu’il se trouve dans un groupe faible. Donc, même lorsqu’on essaie de neutraliser des variables comme le sexe des élèves et leur origine socioéconomique, d’autres variables telles que l’effet du groupe peuvent fausser les résultats dans les études sur le développement intellectuel et affectif des élèves des programmes d’immersion française.
Mais, faut-il le répéter, nous sommes encore dans les comparaisons entre régimes pédagogiques. Or, c’est le bilinguisme qu’on vante. C’est le bilinguisme qui aurait présumément pour effet, par exemple, de rendre les gens plus créatifs et moins xénophobes. Mais, comment le savoir? Comment savoir où est la poule et où est l’oeuf?
Il est raisonnable de supposer que les gens qui arrivent à bien parler plusieurs langues avaient au départ une bonne intelligence verbale. Le bilinguisme ne serait-il alors que le reflet de leurs prédispositions? Ces personnes à l’intelligence verbale supérieure, qui sont du reste lourdement favorisées dans la plupart des régimes pédagogiques, où la langue est un vecteur fondamental d’apprentissage, ne se seraient-elles pas développées aussi bien même si elles étaient demeurées unilingues?
Est-ce qu’on devient moins intelligent quand on oublie une langue?
D’ailleurs, j’ai une question pour M. Calvé. Qu’en est-il des personnes qui oublient la langue seconde apprise? Régressent-elles sur les plans intellectuel et affectif? Si c’est le bilinguisme, plutôt que le régime pédagogique ou la sélection des élèves qui est responsable des résultats supérieurs, il devrait normalement en découler que la perte du bilinguisme entraine un recul mental pour la personne.
C’est une question fondamentale puisqu’au Canada anglais, la plus grande proportion de personnes bilingues se trouve dans le groupe d’âge des jeunes adultes qui viennent de terminer leurs études secondaires. Dans les groupes un peu plus âgés, la proportion de personnes bilingues diminue. Pourquoi? Parce que les Canadiens anglais ne se servent pas du français appris à l’école. Ils l’oublient progressivement. Souffriraient-ils alors d’une diminution de leurs capacités intellectuelles, faute d’avoir pu entretenir leur bilinguisme? À l’inverse, s’agirait-il simplement d’apprendre une langue seconde pour faire un bond cérébral quantique irréversible, quitte à oublier cette langue par la suite?
En fait, M. Calvé et les autres apôtres des fausses vertus intrinsèques du bilinguisme ne font que conjecturer. Rien ne permet de croire actuellement que le bilinguisme ou l’apprentissage d’autres langues que sa langue maternelle ait des vertus particulières par rapport à l’acquisition d’autres connaissances. Certaines personnes sont douées pour l’apprentissage des langues. D’autres sont douées pour autre chose. Le développement de la personne et la structuration de la pensée peut se faire par de nombreuses voies et il est dommage qu’on cherche à donner aux unilingues l’impression qu’il leur manque une partie de cerveau et qu’ils sont nettement désavantagés parce qu’ils ne parlent que leur langue, fût-elle un monument imposant comme la langue française.
Une chose est certaine en tout cas : si le bilinguisme avait vraiment les vertus intrinsèques qu’on lui prête, les Canadiens anglais, avec leur taux de bilinguisme cinq fois inférieur à celui des Québécois, souffriraient collectivement d’un grave retard intellectuel et affectif. Mais, loin de craindre un tel retard, les Canadiens anglais ont un sentiment de supériorité que ne diminue en rien leur unilinguisme. Pourquoi? Parce qu’ils ne sont pas colonisés. Le bilinguisme individuel forcé et généralisé n’est bon que pour les peuples colonisés, pas pour les peuples normaux et libres.
Fin de la troisième partie. Dans la prochaine chronique : l’envahissement de la pensée par l’anglais, une conséquence du bilinguisme du colonisé.
***
P.-S. Les gens qui colportent l’idée que les langues étrangères sont mieux apprises dans la jeune enfance et qui semblent heureux d’entendre des jeunes « bilingues » baragouiner en franglais devraient faire connaitre les données scientifiques sur lesquelles ils s’appuient. Les données fiables dont je dispose montrent en fait le contraire : les langues étrangères sont mieux apprises par les adolescents et les adultes. J’ai déjà étayé ce constat dans la section intitulée « Quand faut-il commencer à apprendre une langue étrangère » de la [deuxième partie de la série « Le bilinguisme comme une religion »->Le-bilinguisme-comme-une-religion,11847] ainsi que dans la section intitulée « L’absence de fondement pédagogique » de l’article [« L’enseignement de l’anglais en première année : une décision idéologique »->L-enseignement-de-l-anglais-en,1681].


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9 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2008

    L'opinion répandue que l'enfant acquiert plus facilement une langue étrangère en bas âge que l'ado ou l'adulte vient de l'expérience du neurologue Penfeild avec un groupe de15 enfants surdoués et des pédagogues. Les enfants ont effectivement acquis des connaissances du français remarquablement bien mesurées en trois semaines. Que fallait-il en conclure? Que tous les enfants pouvaient facilement assimiler une langue? Que non. La conclusion aurait dû être réaliste et conforme à l'expérience menée et non la surpasser. AVEC 15 ENFANTS SURDOUÉS, ENTOURÉS DE PLUSIEURS PÉDAGOGUES on peut enseigner une langue seconde avec succès. Donc multiplions les classes. les locaux, les profs et les budgets par deux ou plus encore et ces enfants surdoués réussiront tous.
    Les élèves surdoués, 5% des enfants, peuvent tous réussir s'ils ont un talent pour les langues et c'est la plupart du temps le cas, c'est connu depuis toujours et une telle expérience était inutile. À moins, qu'avec des subventions du fédéral comme ce fut le cas, on ait voulu convaincre le Roc qu'une langue seconde n'était pas dangereuse pour la santé des enfants. Puis l'immersion française subventionnée par le fédéral commença au Roc.
    çais

  • Michel Guay Répondre

    5 août 2008

    La nation québecoise est déjà trop bilingue donc anglicisé à 40% et aussi trop trilingue à 20%
    La normale d'une nation normale est 10% de bilingues en une même deuxième langue .
    Ce qui fait défaut au Québec c'est l'apprentissage d'une langue commune pour tous et la francisation de tous les emplois .
    Les Québecois pour usage extérieur sont libres et seront toujours libres d'aprendre autant de langues qu'ils veulent mais le gouvernement à le devoir d'imposer notre langue commune dans 100% de nos institutions et dans 100% des emplois .

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2008

    Si on a de cesse de nous dire que l'anglais est nécesaire pour gravir dans l'échelle sociale. Même les péquistes nous le disent aujourd'hui.
    Alors il faut réaliser que le français non seulement n'est pas la langue du succès mais elle n'est pas non plus la langue de travail au Québec en 2008.
    C'est donc un constat d'échec après 31 ans de loi 101!
    Je regrette, mais cela est la triste réalité!

  • Lionel Lemay Répondre

    4 août 2008

    Si le français n'était pas menacé de disparaître comme langue officielle du Québec, on pourrait être d'accord avec un programme d'anglais intensif à partir du secondaire. Les étudiants auraient cinq années pour maitriser cette langue avant d'entrer dans le marché du travail.
    Avant d'entreprendre tout programme d'anglicisation, il faudrait que le gouvernement du Québec fasse respecter rigoureusement les lois protégeant le français dans les affichages publics, dans les domaines de l'éducation, des entreprises et du commerce, de même que dans les services du gouvernement provincial et des municipalités. Il faut aussi que l'obligation de fréquenter l'école française s'applique également aux CEGEPS.
    Si le Québec ne devient pas un pays souverain, la lente assimilation du peuple québécois par le peuple anglais du reste du Canada se poursuivra tel que décrit dans le rapport de Lord Durham à la reine d'Angleterre le 31 janvier 1839.
    Faisons donc notre propre pays avant tout autre chose! Il sera toujours temps de s'occuper de la mondialisation lorsqu'on aura le plein contrôle de notre économie.
    Lionel Lemay

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2008

    Une langue se construit pour créer et non pour traduire !
    C'est le langage d'un point de vue et non la traduction d'un autre !
    NON à la pensé unique !
    C'est notre plus grande richesse.

  • Jacques Bergeron Répondre

    4 août 2008

    Si tout ce que dit ce monsieur Calvé était vrai, William Johnson devrait être considéré comme un«francophile» alors qu'il est ce que nous pouvons appeler un «Francophobe» de première classe. Quant à cet autre interlocuteur qui prétend qu'on doit être plus intelligent pour apprendre une langue étrangère, on doit comprendre que ce monsieur n'a jamais eu d'enfants,puisqu'un enfant apprend une langue simplement par l'écoute et son sens de l'observation, n'étant jamais allé à l'école. C'est donc l'écoute qui est le «premier instrument » d'apprentissage d'une langue étrangère à celle apprise à la maison que l'on nomme familièrement la langue «maternelle».Ce qui par ailleurs peut-être vrai, c'est l'apprentissage d'une 2ème langue qui ne doit se faire que lorsque l'enfant possède les rudiments de la sienne, ce qui a été démontré à plusieurs occasions et principalement par la recherche faite sur «18,000» élèves,du primaire et du secondaire, pendant une période de 10 ans,dans des écoles d'Angleterre, dont le «premier rapport» fut publié au début des années 70,et dont les observations furent confirmées dans le rapport final. D'ailleurs,d'autres chercheurs, M. Bibeau de l'université de Montréal et Mme Vouilloz de Suisse, entre autres, ne disent, ni n'écrivent, rien d'autre dans leurs rapports sur l'apprentissage «précoce» d'une langue étrangère, en indiquant que les élèves faisant l'apprentissage d'une langue étrangère en secondaire trois avaient de meilleurs résultats académiques dans leur formation globale que ceux et celles que avaient fait cet apprentissage plus tôt, ce qu'avait démontré , d'ailleurs, l'étude faite en Angleterre.Mais ici le problème que nous vivons, risque d'assimiltation et de perte de notre langue, doit nous inviter à être plus prudents que d'autres nations dans notre démarche d'apprentissage d'une langue étrangère, et encore plus si c'est l'anglais, à cause du grand nombre de locuteurs de cette langue qui nous entourent. Pour ma part,dans le «Mémoire» que je soumettais à la «Commission siégeant sur l'avenir du Québec», en février 1995,je suggérais que les «petits Québécois» puissent faire l'apprentissage de «2» langues étrangères, en temps opportun cependant, sans qu'aucune(l'anglais entre autres langues)ne soit obligatoire. J'ajoutais qu'il serait intéressant, dans le monde «très ouvert» dans lequel nous vivons, d'inviter les étudiants et les étudiantes d'apprendre une «3ème » langue étrangère pendant leurs études unversitaires.Ce que nous vivons au pays du Québec n'est, cependant aucunement lié à l'apprentissage d'une langue étrangère,le comportement de nos frères étant surtout lié à leur état de «colonisé» qui leur fait croire que parler l'anglais leur rapportera davantage que les formations, globale,spécialisé ou scientifique, d'où leur volonté de faire débuter l'apprentissage de l'anglais dès la «1ère année du primaire» à leurs enfants, comme les programmes actuels l'exigent de notre petit Québécois qui ne possède pas encore, et loin de là,les rudiments de sa langue. On peut vérifier ce fait,lorsque les commentateurs de la chose sportive rencontrent nos joueurs de hockey, de quelque niveau que ce soit, en entrevue.Ceci dit, quelle importance devons-nous accorder aux jeunes du parti libéral, ou à ceux du Parti Québécois et de l'ADQ, qui sont loin d'être aptes à pouvoir évaluer «correctement»,sinon à partir du prisme de l'expérience et de «savoirs» qu'ils ne possèdent peut-être pas encore,même s'il est bon qu'ils tentent d'évaluer certaines données qu'ils n'ont pas encore assimilées, ce que l'expérience de la vie leur apprendra, si les adultes ne les écoutent pas trop d'ici à ce qu'ils la possèdent.Cet exercice n'est peut-être pas vain, s'ils ne font pas trop d'erreurs comme celle qui consisterait à augmenter de 200% les frais de la scolarité universitaire de leurs confrères et de leurs consoeurs? Votre article, monsieur Desgagné nous a permis de nous exprimer sur un sujet très délicat.Pour cela, et pour les autres données qu'il contient, je vous dis un grand merci.

  • Michel Guay Répondre

    4 août 2008

    Le bilinguisme pour tous en une seule autre et même langue est en fait un vulgaire système d'.assimilation et rien d'autre .
    En plus d'être une fermeture sur le monde qui est à 90% non anglosaxon .
    Ici au Québec ce bilinguisme colonial à été transformé en destruction systématique de notre langue française par l'exigence de parler anglais pour obtenir un emploi au Québec .
    Et depuis 1970 ce système fédéraliste d'anglicisation du Québec à fait passé la nation Québecoise de 10% d'anglicisés et de crétinisés ne sachant plus quelle langue qu'ils parlent à près de 40%

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2008

    C'est bien certain qu'il n'y a aucune relation entre bilinguisme et intelligence sauf qu'il faut être intelligent pour devenir bilingue ou trilingue etc...
    L'idée du bilinguisme ne devrait pas être celle d'un Québec full-bilingue mais de Québécois qui peuvent mieux se débrouiller dans la vie en ayant une bonne connaissance pratique de l'anglais qu'ils utilisent seulement quand le français ne peut être utilisé comme en voyage en Ontario et aux États-Unis, à la télé anglaise et à son travail quand son employeur a des clients ou fournisseurs anglophones etc...
    Nous sommes 3 % dans une mer anglophone, pas arabe ou chinoise.
    Disons qu'il serait important que nos étudiants quittent le secondaire en ayant une bonne connaissance pratique de l'anglais avec le français amélioré aussi. Disons, si oime mieux, qu''à la place d'être bilingues, qu'ils seraient unilingues français avec une bonne connaissance de l'anglais qui pourrait varier selon les individus.
    Nos institutions et corporations devraient, sauf rares exceptions, utiliser le français comme langue de travail, ce qui est une meilleure idée que de priver les Québécois d'une bonne connaissance de l'anglais qu'ils devraient principalement acquérir à l'école assez tôt parce que, plus l'humain est jeune, mieux il apprend.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 août 2008

    Bonjour M. Desgagné,
    Dans votre tribune, vous écrivez que certaines personnes mentalement "colonisées" soutiennent que "(...)[l'anglais] est la seule [langue] qui donne vraiment accès à la connaissance et à toutes les cultures du monde. Le français est implicitement considéré comme une langue folklorique, aux horizons étroits."
    Si c'est vrai, alors la situation est meilleure au Québec qu'en France, d'où j'écris. Chez nous, c'est de manière tout à fait explicite que le français est considéré "comme une langue folklorique aux horizons étroits". Il ne se passe pas un seul jour sans que nos médias et nos politiciens ne nous rappellent à quel point notre langue n'est, au mieux, qu'un aimable gazouillis bien sympathique, mais qui ne sert pas à grand-chose à l'ère de la mondialisation, au pire, comme un artefact fasciste et raciste d'asservissement des peuples non-européens qui ont fait partie à un moment ou à un autre de l'empire colonial français. Les élites médiatico-politiques françaises sont, mentalement, intégralement asservies aux Etats-Unis et à leurs valeurs frelatées (à l'instar de la ministre des finances Christine Lagarde, qui a vécu trente ans à Chicago et ne traite avec les fonctionnaires de son ministère qu'en anglais). Qui plus est, elles prétendent entraîner de force le reste de la population dans leur asservissement, en le culpabilisant et en lui reprochant son "racisme" quand celle-ci renâcle.
    Le français n'est plus considéré par les élites françaises que comme une gêne, quelque chose de vaguement ridicule dont on a un peu honte, un peu comme on cache un cousin mentalement attardé dans certaines familles. Devant une telle abdication, il semble de plus en plus que le Québec soit le dernier bastion où l'on continue à prendre la langue française un tant soit peu au sérieux.