Les drôles de gestes de Mme Marois

Toute la meute de GESCA au front - bon signe...



Bien des gens ont sans doute sursauté en lisant la manchette d'hier de La Presse: «Des gestes de souveraineté avant le référendum - Marois choisit son camp dans un débat qui divise les militants».


La chef du PQ est ouverte à la stratégie préconisée par l'ancien syndicaliste Gérald Larose, qui consiste à faire «des choix stratégiques porteurs de changements structuraux conduisant à la souveraineté», par exemple une constitution québécoise ou une citoyenneté québécoise. Bref, peut-on croire, c'est reparti mon kiki!
Mais en fait, les choses sont beaucoup moins claires que cela. Évidemment, il n'est jamais simple de comprendre ce qui se passe au PQ, un parti de guerres intestines où règne la langue de bois, où jamais les choses ne sont dites clairement et simplement, et où il faut décoder pour trouver le sens caché des mots.
L'idée de faire des «gestes de souveraineté», en apparence radicale, est plus probablement un symptôme du désarroi du PQ face à l'impossibilité de remporter un référendum sur la souveraineté. Le PQ ne se durcit pas, il tourne en rond dans ce qui est en fait une forme de néo-étapisme.
Les gestes évoqués par M. Larose, et déjà enchâssés dans le contesté projet de citoyenneté de Mme Marois, ne sont pas du tout de même nature que la stratégie électorale de son prédécesseur, André Boisclair, qui a mené son parti à l'abattoir lors des élections du printemps dernier.
L'ex-chef péquiste, poussé par les radicaux du parti, avait non seulement respecté l'engagement du programme de déclencher un référendum le plus tôt possible, même s'il était minoritaire. Il avait aussi promis dans sa plate-forme électorale une foule de mesures très rapides pour provoquer une escalade. Avec les résultats que l'on sait.
Ce n'est pas du tout ce dont il s'agit, bien au contraire. Le PQ, Mme Marois l'a répété hier, veut «se débarrasser du débat sur la mécanique référendaire», ce qui veut dire, dans le français que parlent les gens normaux, qu'il n'y aura pas de référendum dans un avenir prévisible. Le virage est tel que la chef du PQ se sent obligée de préciser que «ça ne veut pas dire qu'on remet en question la souveraineté».
La manchette de La Presse, dans le fond, aurait pu être: «Des gestes de souveraineté à la place du référendum». Le PQ se replie sur ce qui est une sorte de plan B, gruger des morceaux de pouvoir et prendre des initiatives légales dans le cadre canadien. En espérant bien sûr que ces gestes «éduquent» les Québécois et rapprochent le Québec de l'objectif recherché.
Cette stratégie cherche manifestement à combler le vide, pour pacifier la base militante et assurer la cohésion du parti. Surtout quand on sait qu'on s'approche d'un conseil national spécial du parti, en mars, où Mme Marois devra affronter les purs et durs qui fourbissent déjà leurs armes.
Le fait que le virage du PQ ne soit pas vraiment radical n'est pas pour autant réjouissant pour tous ceux - et c'est une très solide majorité au Québec - qui ne veulent pas de débat sur la souveraineté. Car la stratégie que privilégie Mme Marois amènerait un gouvernement péquiste à consacrer des énergies considérables à des enjeux, comme une constitution, qui ne sont pas prioritaires, avec les chicanes et les crises qui viennent avec.
Ce que Mme Marois annonce, c'est en fait une colossale entreprise d'enculage de mouches. À cela s'ajoute une autre forme de la même pratique, dans son sens allégorique on l'aura compris, qui consiste à essayer de faire par derrière ce que les Québécois refusent clairement que l'on fasse par devant.
Mais le plus préoccupant, c'est que ces fameux «gestes de souveraineté» tournent tous autour de la même chose, les eaux troubles des doutes identitaires et des inquiétudes linguistiques.
La chef du PQ, avec son «nous», avec sa citoyenneté qui exclut, avec ses réactions excessives dans le dossier linguistique, le prétendu recul du français à Montréal ou le dossier du Journal de Montréal sur l'embauche d'employés unilingues dans des commerces du centre-ville, multiplie les gestes pour aller chercher la clientèle qui l'a quitté pour l'ADQ. Mais la «tolérance zéro» qu'elle prône est, par définition, une forme d'intolérance.
Mme Marois présente ses initiatives comme «des gestes qui permettent de durer, de faire avancer le Québec». On peut plutôt y voir un énorme recul, celui d'un débat qui, en jouant sur les vieilles peurs et les vieux réflexes, risque de nous ramener 30 ans en arrière.
- source


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé