Les doigts croisés

Budget Québec 2008



«Lorsque la mer est agitée, nous devons tenir le gouvernail bien en main», a dit hier la ministre québécoise des Finances, Monique Jérôme-Forget, en déposant son budget 2008-2009.

La mer est bel et bien agitée, en particulier aux États-Unis, et il est inévitable que les vagues se rendent jusqu'à chez nous. Jusqu'à quel point l'économie québécoise sera-t-elle perturbée? Le ministère des Finances prévoit une croissance faible de 1,5% pour 2008 et le gouvernement estime que ses décisions «devraient permettre au Québec d'éviter une récession». Croisons-nous les doigts!
Malgré la mise de côté d'un en-cas de 200 millions, les finances publiques du Québec ont encore des allures de château de cartes. Pour les deux prochaines années, l'équilibre budgétaire est assuré grâce au recours à une réserve budgétaire accumulée depuis 2006-2007. Le critique de l'ADQ en matière de finances, Gilles Taillon, a raison de souligner le caractère «jovialiste» des prévisions de dépenses pour la prochaine année financière, 2009-2010. À 3%, la croissance des dépenses de programmes serait la plus faible depuis 10 ans. La «prudence» dont s'enorgueillit Mme Jérôme-Forget semble s'arrêter cette année-là.
Cela dit, compte tenu de la marge de manoeuvre limitée dont dispose le gouvernement, la ministre des Finances a annoncé des mesures fiscales importantes, mesures qui devraient stimuler l'investissement à court et à long terme. Soulignons l'abolition immédiate de la taxe sur le capital pour les entreprises manufacturières. Comme le rappelle le rapport du groupe de travail présidé par l'économiste Pierre Fortin, publié en même temps que le budget, il s'agit d'une «taxe débilitante qui tue l'investissement». Son abolition pour le secteur manufacturier, qui comme chacun sait vit de graves difficultés, est particulièrement opportune.
Par ailleurs, le gouvernement instaure un crédit d'impôt pour les investissements en matériel de fabrication et de transformation. Sur ce point, curieusement, la ministre des Finances ne suit pas la voie privilégiée par le groupe Fortin, qui aurait préféré une baisse de l'impôt sur le revenu des sociétés (au contraire, celui-ci augmente). Selon ces experts, les crédits d'impôt généralisés sont de véritables «paniers de crabes».
Pour s'assurer l'appui de l'opposition officielle, le gouvernement a annoncé une bonification du crédit pour les frais de garde d'enfants. Cette mesure donnera un coup de pouce substantiel aux familles qui ont recours à des garderies non-subventionnées. Le porte-parole de l'ADQ, M. Taillon, s'est réjoui de cette avancée et a annoncé que son parti votera en faveur du budget. La menace d'élections ce printemps est donc écartée, nul doute au grand soulagement de la plupart des Québécois.
Le budget annonce enfin des crédits supplémentaires pour l'intégration des immigrants et la promotion du français. Une bonne nouvelle, évidemment, compte tenu de l'augmentation des seuils d'immigration.
En somme, ce budget est à l'image de tout ce que fait le gouvernement Charest depuis quelques mois: conciliant, circonspect, évitant la controverse comme la peste.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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