Les bons coups du Québec

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Tiens, tiens, La Presse a retrouvé le bon bout de la lorgnette!

Et si l'on voyait les choses autrement? Si l'on s'attardait un instant aux bons coups du Québec, plutôt qu'aux cauchemars économiques publiés au cours des dernières semaines? Car des bons coups, il y en a eu.
Entendons-nous, les études de l'économiste Robert Gagné, de HEC Montréal, et de l'équipe Godbout-Fortin-Arseneau, de l'Université de Sherbrooke, gardent leur pertinence. Ces études occultent toutefois les succès du Québec ces dernières années.
Essentiellement, la première étude soutient que le Québec vit au-dessus de ses moyens, tandis que la seconde estime que si rien n'est fait, le Québec verra son déficit croître sans cesse d'ici 15 ans à cause du vieillissement de la population.
Voyons voir certains de nos bons coups économiques.
D'abord, le Québec a fait un rattrapage spectaculaire sur le plan de l'emploi depuis 20 ans. À cet égard, la meilleure statistique pour mesurer la vigueur du marché du travail est le taux d'emploi, soit la proportion de la population qui occupe un emploi. Au Canada, le taux d'emploi en 2013 était de 61,8%.
Or, depuis la dernière grande récession, il y a 20 ans, le taux d'emploi au Québec a progressé de 6,3 points de pourcentage, plus que partout ailleurs au Canada. En comparaison, l'Ontario a progressé de 2,0 points de pourcentage, l'Alberta, de 4,8 points, et le Nouveau-Brunswick, de 5,1 points. Pendant ce temps, la Colombie-Britannique a fait du surplace.
Aujourd'hui, le taux d'emploi au Québec, à 60,3%, demeure sous l'Ontario (61,3%) et l'Alberta (69,7%), mais il est au-dessus de la Colombie-Britannique (59,9%) et du Nouveau-Brunswick (56,6%). Surtout, le bond du Québec depuis 20 ans est exceptionnel, notamment chez les jeunes, dont le taux de chômage est plus faible que dans le reste du Canada ou en Europe.
Deuxième bonne nouvelle: le niveau de vie a davantage progressé au Québec qu'en Ontario, selon l'étude de HEC Montréal. Ce niveau de vie, exprimé par le produit intérieur brut (PIB) par habitant, a crû au rythme annuel de 1,29% au Québec depuis 1981, comparativement à 1,17% en Ontario. Dans l'ensemble du Canada, en dépit du boom des provinces pétrolières, le niveau de vie a bondi de seulement 1,3% par année, guère plus qu'au Québec.
Cela dit, le niveau de vie demeure inférieur au Québec, toutes proportions gardées, mais notre économie n'a pas été stagnante.
Autre signe de réjouissance: les dépenses publiques annuelles par habitant ont crû moins vite au Québec qu'ailleurs au Canada depuis 30 ans, selon HEC Montréal. Le bond est de 40% au Québec, après inflation, comparativement à 56% en Ontario et 48% dans l'ensemble du Canada.
On s'entend, les administrations publiques du Québec continuent de dépenser nettement plus qu'ailleurs au Canada, à 16 139$ par habitant (14 690$ par habitant au Canada). Le Québec offre toutefois plus de services aux citoyens et, surtout, il y a une volonté de contrôler la croissance des dépenses, comme en témoignent les derniers budgets du gouvernement.
Autre bonne nouvelle depuis cinq ans: les investissements. Depuis la crise de 2009, le volume annuel des investissements en immobilisations a crû à un rythme légèrement supérieur au Québec que dans celui des provinces non pétrolières.
En 2013, le volume des investissements en immobilisations au Québec était de 21,3% supérieur à celui de 2009, comparativement à 20,5% en Ontario et à 20,3% en Colombie-Britannique. En Alberta, le boom se poursuit, avec une croissance de 53% par rapport à 2009. Et au Nouveau-Brunswick, les investissements sont en baisse de 6%.
Aujourd'hui, la part des investissements globaux au Québec est même supérieure à celle de l'Ontario, toutes proportions gardées, soit 9,4% du PIB comparativement à 8,4% du PIB chez notre voisin. Ces données ne sauraient masquer le retard relatif du Québec en matière d'investissement dans les machineries et équipements, mais encore une fois, elles donnent une perspective différente de la question.
Bien franchement, je crois que le Québec a des défis économiques très importants à relever et qu'il faut éviter de porter des lunettes roses. La dette publique est la plus importante des provinces canadiennes - et de loin - et elle ne cesse de croître. Les dépenses publiques annuelles sont les troisièmes au monde, à 47% du PIB, et les impôts sont aussi à un sommet. Notre productivité est plus faible qu'ailleurs au Canada et beaucoup plus faible que celle des principaux pays industrialisés. Et notre population vieillit.
Néanmoins, il est faux de dire que les Québécois n'ont rien fait de bon depuis un quart de siècle et qu'ils sont des incapables, comme le répètent certains détracteurs. Plusieurs données comme l'emploi le démontrent, tout comme le succès mondial de nombreux entrepreneurs, artistes, sportifs et scientifiques.


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