Paru dans Lettre(s), magazine de l’ASSELAF à Paris
Les aventures de Janken Carren à Bruxelles
FRANCINE ALLARD, écrivaine québécoise
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Janken Carren, ou en français Jean Charest – que je pourrais nommer Janken Spieters (fils de Pierre ) en flamand à cause de sa similitude avec Pierre Elliot Trudeau - est premier ministre du Québec. Il dirige la seule province francophone du vaste Canada et a été invité à prononcer une allocution lors de la conférence internationale sur l’environnement. Il ne se souvenait pas que quelques années auparavant, lors d’une conférence de l’Union Européenne, Jacques Chirac avait fougueusement claqué la porte lorsque Ernest-Antoine Seillière s’était exprimé en anglais. Ah, comme on l’aimait Jacques Chirac au pays de la poutine !
Voilà que notre premier ministre à nous qui nous sommes battus comme des coqs afin de faire partie de la seule province francophone du Canada, petit Jean Charest, a senti à son tour une certaine fierté de parler en anglais dans un pays qui ressemble au sien par la dualité de la langue,. Une fierté toute sarkozyenne de parler en anglais parce que cela fait chic et nous ouvre les portes des United States of America.
Moi, au retour, j’aurais eu honte de descendre de l’avion, j’aurais eu honte de rencontrer les journalistes, j’aurais eu honte de porter un nom québécois et de m’exprimer en «bilingue», une langue parlée qu’à quelques lieues du Parlement Canadien seulement. Je l’ai déjà écrit dans les pages de ce magazine : le Canada est consacré bilingue par ses lois officielles. Mais dans les faits, et étrangement, seul le Québec accueille les anglophones dans leur langue presque partout.
Le premier ministre Charest sait très bien que ses concitoyens se sont battus, se battent encore, pour conserver au Québec son image francophone officielle. Qu’avait-il besoin d’aller se pavaner en Belgique et de prononcer un discours bilingue alors que vissés à leurs écouteurs, tous les participants avaient la traduction simultanée et que, pire, le ministre catalan de l’environnement, Francesc Baltasar i Albesa, lui, aurait bien pu prononcer son allocution en catalan ou même en espagnol, mais il a choisi le français !
C’est comme si, dans une conférence en anglais, Stephen Harper, le premier ministre du Canada, allait s’exprimer en chinois à Vancouver !
On a l’impression souvent qu’une grande partie des Québécois n’aiment pas leur langue et, non seulement ils écoutent les émissions exclusivement en anglais, mais leur système de références est anglophone et leurs enfants vont dans les institutions anglophones.
Quel plaisir, alors, ont-ils, parmi un regroupement de francophones et d’un seul anglophone, de passer devant et de s’adresser au minoritaire, en anglais ! Ils sont de plus en plus légion les Québécois qui, comme Jean Charest, oublient le travail ardu de leurs ancêtres, l’hégémonie des patrons anglophones, la bataille de leurs pères. Si Janken Carren – Jean Charest – ne respecte pas la langue de ses concitoyens, qu’il ne la parle pas lors de ses fonctions officielles, qu’il tente de déstabiliser la loi 101, durement méritée, et bien qu’il s’efface, qu’il déménage ou qu’il se présente dans une province anglophone. Nous en avons assez de lui et de ses mensonges, de sa traîtrise, de son laxisme de maudit flanc mou !
Il y aura toujours des Québécois, sur Facebook ou ailleurs, pour déclarer que parler anglais est un atout de plus, que l’on devrait tous parler trois, quatre ou même six langues ; que les francophones québécois sont des perdants et des porteurs de boîte à lunch.
Mais ne vous fiez pas à eux : ils ne connaissent rien de notre Histoire. Pour certains pays, la guerre est territoire, pour d’autres, elle est l’or noir ; pour le Québec, elle est la fierté de parler français dans un océan anglophone, petit voilier qui tangue sur des vagues fracassantes.
Les aventures de Janken Carren à Bruxelles
Nous en avons assez de lui et de ses mensonges, de sa traîtrise, de son laxisme de maudit flanc mou !
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6 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
29 décembre 2009@ Marcel Haché:
Peut-être ai-je été ambigu... Quand je parle de cette notion du Québec que nous méritons, je ne dis pas que notre nation est née pour un petit pain; qu'elle n'a qu'à encaisser sans faire de vague les affronts qu'on lui fait; qu'elle n'a qu'à placidement accepter les assauts sur ses droits. Surtout pas.
Sauf qu'il faut admettre, je crois, que notre nation n'aurait jamais dû donner le pouvoir à Johnny Charrue et à sa clique, et qu'elle n'a pas fait ce qu'elle aurait dû faire pour s'en débarrasser au plus vite. Alors, Johnny-le-frisé continue son oeuvre.
Quand on porte, reporte, et re-reporte au pouvoir un chef et une équipe qui semblent avoir comme mission, non seulement d'en finir avec le mouvement souverainiste, mais d'affaiblir notre nation, c'est évident qu'il y a des conséquences (désastreuses) à assumer...
Quant à Guy A. Lepage, qui nous a dit «on a le pays qu'on mérite», entre autres choses, il y a longtemps que je n'écoute plus vraiment ce que dit cette espèce de petit roi de Radio-Canada. Et je doute qu'il soit un souverainiste bien convaincu, quoiqu'il en dise.
Marcel Haché Répondre
29 décembre 2009@ Jean-François-le-Québécois
Il est seulement gênant que celui qui Nous a entretenu du « Québec que nous méritons », à notre fête nationale, soit le même qui a dénoncé les « cous bleus », le même qui prône une plus grande « diversité » à Montréal, le même qui souhaite plus d’immigration.
Le même, sur l’essentiel, qui est d’accord avec Jean Charest.
Au moins, Jean-Charest-la-carpette ne prétend pas être souverainiste !
Nous ne « méritons » rien.
Si cela était, il faudrait faire reconnaître notre mérite. Il faudrait se le faire reconnaître. À quoi pourrait bien servir aux acadiens, par exemple, qu’on leur reconnaisse du mérite d’avoir survécus à la déportation ? Ils ont été fidèles, cela a suffi. Et ils ne se sont pas perdus à espérer la reconnaissance de leur mérite par tous ceux-là qui avaient espéré, et qui espèrent encore, parfois, l’éradication du français en Amérique du Nord. La fidélité est une vertu supérieure qui n’a que faire du mérite. Mais elle a tout à faire avec une certaine détermination.
La langue française est au cœur de notre identité. Nous n’avons pas à espérer, ni à « inciter » l’autre, ni à penser que nous avons du mérite. Il n’y a pas un Québec que nous méritons, il y a un Québec à faire, un Québec à s’imposer. Un Québec à imposer…
Il y a une indépendance à faire. Par Nous. En français. Personne d’autre que Nous n’y peut rien.
Archives de Vigile Répondre
29 décembre 2009PRIX 2009 DE LA CARPETTE ANGLAISE
COMMUNIQUÉ DE l’ACADÉMIE DE LA CARPETTE ANGLAISE
« L’académie de la Carpette anglaise s’est réunie le 16 décembre 2009. Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants du monde associatif et littéraire.
Au premier tour de scrutin, par huit voix contre deux, le prix de la Carpette anglaise 2009 a été décerné, à M. Richard DESCOINGS, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, pour imposer des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières proposées et pour correspondre en anglais avec le lycée français de Madrid. »
Enfin une reconnaissance possible et méritée pour J'en berne Charest :
« 3) Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise. »
Contact : Marc Favre d’Échallens, secrétaire de l’académie de la Carpette anglaise.
Académie de la Carpette anglaise, chez Le Droit de Comprendre, 34 bis, rue de Picpus, 75012 Paris.
Courriel : parlerfranc@aol.com
Jean-François-le-Québécois Répondre
28 décembre 2009Cet excellent texte a été rédigé, il y a de cela déjà quelques mois, mais il demeure brûlant d'actualité. Car il est fondé sur une chose qui ne change pas: nous en sommes tannés, en effet, de Johnny Charrue.
Le nom même du bonhomme en question, me donne presque la nausée, en passant...
Sauf que nous avons choisi, en tant que nation, de plus ou moins boycotter les dernières élections provinciales (très provinciales, en effet), au lieu de saisir cette merveilleuse chance de sortir Charest de son siège de premier ministre. Et possiblement, de l'Assemblée nationale.
C'est là qu'intervient la notion d'avoir présentement, le Québec que nous méritons...
Gaston Boivin Répondre
28 décembre 2009Tout cela ressemble à la perspicacité de cet habitant, qui, constatant que sa terre est envahie par les mauvais herbes, décide de régler le problème en l'ensemençant complètement avec des semences de cet acabit. C'est aussi, pour tout dire, un peu celle de ceux qui veulent faire un pays français en souhaitant y enseigner son histoire en anglais.
Marcel Haché Répondre
28 décembre 2009Les chefs souverainistes devraient cesser les premiers de parler anglais. Dans leurs fonctions, s’entend. Ils devraient laisser cela aux libéraux et aux conservateurs. Aux solidaires aussi. Plus généralement, laisser cela aux fédéralistes qui croient si fort au bilinguisme.
Combien de votes cela a-t-il valu à la cause indépendantiste, le fait que ses chefs s’adressent à l’électorat dans les deux langues officielles ? Au fond, rien n’a jamais été plus contre-productif. Rien n’est jamais venu de l’électorat anglophone, et si peu de l’électorat allophone. Mais quel message absolument destructeur envoyé à son électorat naturel. Et quel message, plus destructeur encore, envoyé à l’électorat « allophone », celui issue de l’immigration, que les beaux esprits, démissionnaires et têtes molles, aimeraient « inciter » à apprendre le français.
« Le Québec que nous méritons ! », celui où il est de bon ton de dénoncer les « cous bleus » ? Mon œil !
La langue française est la langue d’une grande Révolution, peut-être la seule révolution de tous les temps, la seule véritable et la plus durable. Qu’avons-Nous à la parler de façon si prudente ? Surtout, qu’avons-Nous à être si timorés, particulièrement les indépendantistes ?
C’est pourtant Nous qui avons raison. Et non pas le flanc mou Jean Charest !